Pèlerinage. Le Hajj, un pilier charnière entre Abraham et l’islam
Plus de 4 millions de musulmans cheminent vers La Mecque tous les ans. Les fidèles, s’ils en ont les moyens physiques et financiers, accomplissent le cinquième pilier de l’islam : le pèlerinage (al-hajj). Jusqu’au 10 août, l’Institut du monde arabe lui consacre une exposition, « Hajj, le pèlerinage à La Mecque » en partenariat avec l’Arabie Saoudite. L’occasion de comprendre un rite millénaire musulman mais aussi préislamique.
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L’Arabie Saoudite a longtemps fait détruire le patrimoine mecquois à des fins religieuses. Les oulémas craignaient que les tombes et les demeures des grands noms de l’islam soient pris d’assaut, comme lieux de culte et de pèlerinage. Pour la doctrine wahhabite, ce genre de comportement est considéré comme une innovation blâmable (bid’ah). Les travaux nécessaires d’agrandissement des lieux d’accueil des pèlerins et du sanctuaire ont également provoqué la destruction de beaucoup de vestiges. Des centaines de sites du Hedjaz, la région de La Mecque, sont donc perdus.
« À La Mecque, l’équation fondamentale est d’accueillir de plus en plus de fidèles tout en préservant le sanctuaire. L’extension est passée par une série de destructions. Depuis quelques années, il commence à y avoir un souci de sauvegarde du patrimoine. C’est pour cela qu’a été créé le musée de La Mecque. Pour la première fois, des pièces de leur collection sont sorties de la ville sainte », souligneOmar Saghi, le commissaire de l’exposition « Hajj, le pèlerinage à La Mecque ». Par exemple, la dernière extension, qui sera terminée en 2016, « commence à associer extension et conservation. Des colonnes abbassides et ottomanes vont être sauvegardées et intégrées dans les constructions modernes. C’est un énorme défi logistique qui nécessite des prises de décisions aussi rapides que difficiles ».
L’orientation abrahamique d’un rite préislamique
« Le sanctuaire de La Mecque était déjà visité avant l’islam. Il était un lieu saint fréquenté par l’ensemble des tribus arabes.» En effet, les deux pèlerinages préislamiques, la oumra et le hajj, sont unifiés dans la troisième religion monothéiste :
> La oumra, spécificité mecquoise, consiste principalement en des invocations pour demander la pluie autour de la Kaaba.
> Le hajj est pratiqué surtout par les bédouins. Ils se rendaient à Minâ et pratiquaient des sacrifices.
En islam, le pèlerinage principal est le hajj et le mineur, la oumra. Si l’on peut pratiquer la oumra toute l’année, il est conseillé de la faire en même temps que le « grand pèlerinage ». Celui-ci s’effectue au douzième mois du calendrier lunaire, dhu al-hijja. Les dates prévisionnelles pour 2014 sont entre le 4 et le 9 octobre.
L’islam apporte une dimension abrahamique à ces deux pèlerinages. Ils sont orientés vers une adoration monothéiste, voire un retour à leur pratique originelle. En effet, pour les musulmans, la Kaaba, l’imposant bétyle cubique au centre de la mosquée sacrée, est une construction d’Abraham et de son fils Ismaël. D’autres traditions font même remonter l’origine du lieu saint à Adam. Il y a eu une dislocation du monothéisme au profit du culte des idoles. Un certain Amar ibn Luhay aurait importé dans le Hejaz le paganisme que l’on pouvait pratiquer au nord de la péninsule arabique et en Syrie.
Si le Coran ne dispose que de quelques indications sur les subtilités des rites, les hadiths permettent d’approfondir la pratique du pèlerinage de La Mecque :
> Le premier jour :
Une fois après avoir annoncé son intention de faire le hajj, le pèlerin entre en état de purification (vêtu d’un habit blanc spécifique, par exemple). Il peut alors entrer dans le sanctuaire sacré. Il entreprend les sept circumambulations (rotations) autour de la Kaaba. S’il en a la possibilité, il embrasse la Pierre noire. S’il ne peut pas, il fait mine de le faire à distance. En souvenir d’Agar, la mère d’Ismaël, qui errait dans le désert à la recherche d’eau, le fidèle court sept fois entre Safâ et Marwah (environ 400 mètres). Il peut ensuite se délecter de l’eau de sa source Zamzam.
Il se rend ensuite à Mina, dans le désert, à quelques kilomètres de La Mecque. Depuis 2010, un métro dessert le lieu où des centaines de milliers de tentes logent les pèlerins.
> Le deuxième jour :
Lorsque le soleil se lève, il faut avancer vers la montagne Arafat. Le pèlerin y reste jusqu’à la tombée de la nuit. Il se rend alors à Muzdalifah. À son arrivée, il a ramassé les cailloux qui vont servir aux rites suivants.
> Le troisième jour :
Le fidèle retourne à Mina. Sur le parcours qui le mène à la station où Abraham a sacrifié son fils, il croise trois piliers. Ils symbolisent les endroits où le diable tente de le détourner de l’ordre divin. Le pèlerin les lapide avec les cailloux qu’il amasse la veille. Il sacrifie également un animal qui symbolise le bélier qui remplaça Ismaël. Ensuite, il faut refaire les circumambulations et la course entre Safa et Marwah.
> Les deux derniers jours :
Le pèlerin est invité à lapider de nouveau les stèles de Mina avant une dernière série de circumambulations. Il sort ensuite de l’état de pureté, notamment en se coupant les cheveux. Les femmes sont invitées à les raccourcir légèrement.
Le pèlerinage accompli, le croyant peut accoler le terme hajji à son nom, « celui qui a fait le hajj ». Un titre honorifique témoignant de l’importance du cinquième pilier de l’islam dans la pratique musulmane.
Plus de 4 millions de musulmans cheminent vers La Mecque tous les ans. Les fidèles, s’ils en ont les moyens physiques et financiers, accomplissent le cinquième pilier de l’islam : le pèlerinage (al-hajj). Jusqu’au 10 août, l’Institut du monde arabe lui consacre une exposition, « Hajj, le pèlerinage à La Mecque » en partenariat avec l’Arabie Saoudite. L’occasion de comprendre un rite millénaire musulman mais aussi préislamique.
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L’Arabie Saoudite a longtemps fait détruire le patrimoine mecquois à des fins religieuses. Les oulémas craignaient que les tombes et les demeures des grands noms de l’islam soient pris d’assaut, comme lieux de culte et de pèlerinage. Pour la doctrine wahhabite, ce genre de comportement est considéré comme une innovation blâmable (bid’ah). Les travaux nécessaires d’agrandissement des lieux d’accueil des pèlerins et du sanctuaire ont également provoqué la destruction de beaucoup de vestiges. Des centaines de sites du Hedjaz, la région de La Mecque, sont donc perdus.
« À La Mecque, l’équation fondamentale est d’accueillir de plus en plus de fidèles tout en préservant le sanctuaire. L’extension est passée par une série de destructions. Depuis quelques années, il commence à y avoir un souci de sauvegarde du patrimoine. C’est pour cela qu’a été créé le musée de La Mecque. Pour la première fois, des pièces de leur collection sont sorties de la ville sainte », souligneOmar Saghi, le commissaire de l’exposition « Hajj, le pèlerinage à La Mecque ». Par exemple, la dernière extension, qui sera terminée en 2016, « commence à associer extension et conservation. Des colonnes abbassides et ottomanes vont être sauvegardées et intégrées dans les constructions modernes. C’est un énorme défi logistique qui nécessite des prises de décisions aussi rapides que difficiles ».
L’orientation abrahamique d’un rite préislamique
« Le sanctuaire de La Mecque était déjà visité avant l’islam. Il était un lieu saint fréquenté par l’ensemble des tribus arabes.» En effet, les deux pèlerinages préislamiques, la oumra et le hajj, sont unifiés dans la troisième religion monothéiste :
> La oumra, spécificité mecquoise, consiste principalement en des invocations pour demander la pluie autour de la Kaaba.
> Le hajj est pratiqué surtout par les bédouins. Ils se rendaient à Minâ et pratiquaient des sacrifices.
En islam, le pèlerinage principal est le hajj et le mineur, la oumra. Si l’on peut pratiquer la oumra toute l’année, il est conseillé de la faire en même temps que le « grand pèlerinage ». Celui-ci s’effectue au douzième mois du calendrier lunaire, dhu al-hijja. Les dates prévisionnelles pour 2014 sont entre le 4 et le 9 octobre.
L’islam apporte une dimension abrahamique à ces deux pèlerinages. Ils sont orientés vers une adoration monothéiste, voire un retour à leur pratique originelle. En effet, pour les musulmans, la Kaaba, l’imposant bétyle cubique au centre de la mosquée sacrée, est une construction d’Abraham et de son fils Ismaël. D’autres traditions font même remonter l’origine du lieu saint à Adam. Il y a eu une dislocation du monothéisme au profit du culte des idoles. Un certain Amar ibn Luhay aurait importé dans le Hejaz le paganisme que l’on pouvait pratiquer au nord de la péninsule arabique et en Syrie.
Si le Coran ne dispose que de quelques indications sur les subtilités des rites, les hadiths permettent d’approfondir la pratique du pèlerinage de La Mecque :
> Le premier jour :
Une fois après avoir annoncé son intention de faire le hajj, le pèlerin entre en état de purification (vêtu d’un habit blanc spécifique, par exemple). Il peut alors entrer dans le sanctuaire sacré. Il entreprend les sept circumambulations (rotations) autour de la Kaaba. S’il en a la possibilité, il embrasse la Pierre noire. S’il ne peut pas, il fait mine de le faire à distance. En souvenir d’Agar, la mère d’Ismaël, qui errait dans le désert à la recherche d’eau, le fidèle court sept fois entre Safâ et Marwah (environ 400 mètres). Il peut ensuite se délecter de l’eau de sa source Zamzam.
Il se rend ensuite à Mina, dans le désert, à quelques kilomètres de La Mecque. Depuis 2010, un métro dessert le lieu où des centaines de milliers de tentes logent les pèlerins.
> Le deuxième jour :
Lorsque le soleil se lève, il faut avancer vers la montagne Arafat. Le pèlerin y reste jusqu’à la tombée de la nuit. Il se rend alors à Muzdalifah. À son arrivée, il a ramassé les cailloux qui vont servir aux rites suivants.
> Le troisième jour :
Le fidèle retourne à Mina. Sur le parcours qui le mène à la station où Abraham a sacrifié son fils, il croise trois piliers. Ils symbolisent les endroits où le diable tente de le détourner de l’ordre divin. Le pèlerin les lapide avec les cailloux qu’il amasse la veille. Il sacrifie également un animal qui symbolise le bélier qui remplaça Ismaël. Ensuite, il faut refaire les circumambulations et la course entre Safa et Marwah.
> Les deux derniers jours :
Le pèlerin est invité à lapider de nouveau les stèles de Mina avant une dernière série de circumambulations. Il sort ensuite de l’état de pureté, notamment en se coupant les cheveux. Les femmes sont invitées à les raccourcir légèrement.
Le pèlerinage accompli, le croyant peut accoler le terme hajji à son nom, « celui qui a fait le hajj ». Un titre honorifique témoignant de l’importance du cinquième pilier de l’islam dans la pratique musulmane.