Forum des Religions - Les Origines

La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Évangile de Philippe

    Arlitto
    Arlitto
    Admin
    Admin


    Sexe : Masculin Messages : 11539
    Date d'inscription : 03/10/2020

    Évangile de Philippe Empty Évangile de Philippe

    Message  Arlitto Jeu 8 Avr 2021 - 8:59

    Les écrits apocryphes du Nouveau Testament sont nombreux . Ils s'échelonnent du 2° au 6° siècle. 

    Évangile de Philippe (grec)

    É v a n g i l e d e P h i l i p p e


    (1) Un Hébreux peut faire un Hébreux et on appelle ce dernier un prosélyte, mais un prosélyte ne peut pas faire un prosélyte. (Certains) sont tels qu’ils sont et font d’autres pareils à eux parce que ceux-ci le deviennent.

    (2) L’esclave n’aspire qu’à être libre. Il ne recherche pas les biens (ousia) de son maître. Mais le fils, non seulement il est fils mais il peut prétendre à l’héritage de son père. Ceux qui héritent de ce qui est mort sont eux-mêmes morts et héritent de ce qui est mort. Ceux qui héritent de ce qui est vivant sont eux-mêmes vivants et héritent de ce qui est vivant et de ce qui est mort. Les morts n’héritent de rien. Car comment un mort pourrait-il hériter ? Si celui qui est mort hérite de ce qui est vivant, il ne mourra pas, mais alors, lui qui était mort, vivra.

    (3a) Un païen ne meurt pas car il n’a jamais vécu pour pouvoir mourir. Celui qui croit à la vérité vit, et il court le danger de mourir car il vit.

    (3b) Depuis le jour où le Christ est venu, le monde a été créé, les villes, ordonnées (kosmei), ce qui est mort, rejeté.

    (3c) Quand nous étions des Hébreux, nous étions orphelins et nous n’avions qu’une mère, mais quand nous sommes devenus chrétiens, nous avons eu un père et une mère.

    (4 et 5) Ceux qui sèment en hiver récoltent en été ; l’hiver, c’est le monde, l’été, c’est l’Eon. Semons dans le monde afin de pouvoir récolter en été. C’est pourquoi il ne convient pas que nous priions pendant l’hiver ; en dehors de l’hiver, c’est l’été. Celui qui récoltera en hiver ne récoltera pas, il arrachera, car ce qui est inexistant ne porte pas de fruit, non seulement il ne produit pas, mais même le sabbat ne produit pas de fruit.

    (6) Le Christ est venu en racheter quelques-uns, délivrer les uns, sauver les autres. Ceux qui étaient étrangers, il les a rachetés et il les a faits siens. Et il a séparé les siens, ceux qu’il donna comme garantie de ses intentions. Ce n’est pas seulement lorsqu’il se manifesta qu’il livra son âme (psyché) volontairement, mais depuis que le monde existe, il l’a livrée. Lorsqu’il le voulut, il vint alors pour la délivrer puisqu’elle était gardée en otage. Elle se trouvait au milieu des brigands et elle avait été emmenée prisonnière et il la sauva. Et Il racheta les bons et les méchants qui sont dans le monde.

    (7) La lumière et les ténèbres, la vie et la mort, la droite et la gauche sont sœurs les unes des autres ; elles sont inséparables. C’est pourquoi ni les bons sont bons ni les méchants méchants, ni la vie est vie, ni la mort est mort. En conséquence chacun sera dissous dans sa nature originelle. Mais ceux qui sont supérieurs au monde sont indissolubles, éternels.

    (8a) Les noms qui sont données aux choses du monde renferment une grande illusion, car ils détournent la pensée de ce qui est réel vers ce qui n’est pas réel, et celui qui entend le nom « Dieu » ne saisit pas ce qui est réel mais ce qui n’est pas réel. De même dans le « Père » et le « Fils » et « l’Esprit Saint » et la « Vie » et la « Lumière » et la « Résurrection » et « l’Eglise », et tous les autres on ne perçoit pas ce qui est réel, on perçoit ce qui n’est pas réel, à moins d’avoir appris ce qui est réel.

    (8b) Tous les mots entendus dans le monde sont trompeurs. S’ils étaient dans l’Eon, ils ne seraient pas prononcés dans le monde à aucun moment, et ils ne seraient pas rangés parmi les choses du monde. Dans l’Eon ils ont une fin.

    (9a) Un seul nom n’est pas prononcé dans le monde, le nom que le Père a donné au Fils. Il est supérieur à tout. C’est le nom du Père. Car le Fils ne deviendrait pas le Père s’il ne revêtait pas le nom du Père. Ce nom, ceux qui le possèdent le connaissent, mais ils ne le prononcent pas. Ceux qui ne le possèdent pas ne le connaissent pas.

    (9b) La Vérité engendra les noms dans le monde parce qu’il est impossible de l’apprendre sans noms.

    (9c) La Vérité est unique mais en même temps elle est multiple pour que nous puissions, par amour, enseigner cet Unique grâce à sa multiplicité.

    (10a) Les archontes voulurent tromper l’homme quand ils virent qu’il était apparenté (suggeneia) à ce qui est vraiment bon. Ils prirent les noms de ce qui est bon et les donnèrent à ce qui n’est pas bon pour le tromper par les noms et le lier à ce qui n’est pas bon. Et après cela, s’il leur manifeste de la faveur, ils les enlèvent de ce qui n’est pas bon et les mettent à ce qui est bon. Ils connaissaient cela car ils voulaient s’emparer de l’homme libre et faire de lui leur esclave pour toujours.

    (10b) Ce sont ces forces qui luttent contre l’homme ne voulant pas qu’il se délivre afin de dominer pour toujours sur lui comme sur un esclave. Car si l’homme était délivré, les sacrifices d’animaux ne se produiraient plus, ils ne seraient plus offerts à ces forces. En vérité, celles-ci sont des animaux, mais après qu’ils étaient offerts, ils mouraient. Quant à l’homme il fut offert à Dieu, mort, et il vécut.

    (11) Avant la venue du Christ, il n’y avait pas de pain dans le monde. Ainsi dans le paradis où était Adam, il y avait beaucoup d’arbres pour la nourriture des animaux ; il n’y avait pas de blé comme nourriture pour l’homme. L’homme se nourrissait comme les animaux, mais lorsque le Christ, l’Homme parfait (téléios) vint, il apporta du pain du ciel afin que l’homme se nourrît d’une nourriture d’homme.

    (12a) Les archontes croyaient que c’était par leur puissance et leur volonté qu’ils opéraient, mais c’est l’Esprit Saint qui opérait en secret par leur entremise comme lui-même le désirait.

    (12b) La Vérité est semée partout, elle qui existe depuis l’origine. Beaucoup la voient lorsqu’elle est semée, mais peu la voient quand elle est récoltée.

    (13) Plusieurs disent que Marie a conçu de l’Esprit (pneuma). Ils se trompent, ils ne savent pas ce qu’ils disent. Quand une femme a-t-elle jamais conçu d’une femme ? Marie est la vierge qu’aucune force naturelle (dynamis) n’a souillée. Elle est un grand anathème pour les Hébreux, qui sont les apôtres et les apostoliques. Cette vierge qu’aucune force n’a souillée est immaculée… et les forces naturelles se souillent. Et le Seigneur n’aurait pas dit : Mon Père qui est dans les cieux, s’il n’avait pas eu un autre père, il aurait dit simplement : Mon père.

    (14) Le Seigneur dit aux disciples : Éloignez-vous de toute maison. Entrez dans la maison du Père, ne prenez ni n’emporter rien de la maison du Père.

    (15) Jésus est un nom caché, Christ un nom manifesté. C’est pourquoi Jésus est semblable dans toutes les langues, on l’appelle toujours par le nom de Jésus. D’autre part, Christ est « messie » en syriaque et « christos » en grec. Il est certain que tous les autres l’ont conformément à leur propre langue. Le « nazaréen » est celui qui révèle ce qui est caché. Christ possède tout en lui-même, soit homme, soit ange, soit mystère, et le Père.

    (16) Ceux qui disent que le Seigneur est mort d’abord puis ressuscité se trompent, car il est ressuscité avant de mourir. Si quelqu’un ne ressuscite pas d’abord, aussi vrai que Dieu est vivant, il ne mourra pas, il est déjà mort.

    (17) On ne cache pas un objet de valeur dans un grand vase, mais souvent des sommes incalculables sont placées dans un vase d’un sou. Il en est de même de l’âme. C’est un objet précieux qui se trouve dans un corps méprisable.

    (18a) Il y en a qui craignent de ressusciter nus. C’est pourquoi ils veulent ressusciter dans la chair, mais ils ne savent pas que c’est ceux qui sont revêtus de chair qui sont nus. Ceux qui se dépouilleront au point de se mettre nus, ceux-là ne seront pas nus.

    (18b) La chair et le sang ne peuvent hériter le Royaume de Dieu. Qu’est-ce qui n’héritera pas ? Ce dont nous sommes revêtus. Mais de quoi sera-t-il hérité ? Du Christ et de son sang. C’est pourquoi il a dit : Celui qui ne mangera pas ma chair et ne boira pas mon sang n’aura pas la vie en lui. Qu’est-ce que sa chair ? C’est la Parole et son sang, c’est l’Esprit Saint. Celui qui a reçu cela a une nourriture, une boisson et un vêtement.

    (19a) Moi je blâme aussi ceux qui disent que la chair ne ressuscitera pas. Tous sont dans l’erreur. Tu dis que la chair ne ressuscitera pas, mais dis-moi ce qui ressuscitera pour que nous puissions te vénérer ? On dit que l’Esprit est dans la chair, et il y a aussi cette Lumière dans la chair et aussi la Parole. Quoi que tu dises, tu ne dis rien en dehors de la chair. Il est nécessaire de ressusciter dans cette chair là parce que tout est en elle.

    (19b) En ce monde, ceux qui portent des vêtements sont supérieurs aux vêtements. Dans le Royaume des cieux, les vêtements sont supérieurs à ceux qui les portent.

    (20) C’est par l’eau et par le feu que tout le lieu est purifié, le visible par le visible, le caché par le caché. Il y a des choses cachées à travers celles qui sont visibles. Il y a une eau dans l’eau, et un feu dans l’onction.

    (21) Jésus leur a tout dérobé car il ne s’est pas révélé tel qu’il était, mais comme ils étaient capables de le voir. Il leur est apparu à tous : grand aux grands, petit aux petits, ange aux anges (aggélos) et homme aux hommes. C’est pourquoi sa parole est a été cachée à tous. Quelques-uns le voyaient croyant se voir eux-mêmes. Mais quand il apparut à ses disciples dans la gloire sur la montagne, il n’était pas petit, il était devenu grand, et il grandit ses disciples (mathètès) pour qu’ils fussent capables de le voir dans sa grandeur. Et il dit ce jour-là dans sa reconnaissance (eucharistia) : Toi qui unis la lumière parfaite à l’Esprit Saint, unis aussi les anges aux images que nous sommes.

    (22a) Ne méprisez pas l’agneau, car sans lui il est impossible de voir la porte.

    (22b) Personne ne pourra s’avancer vers le Roi s’il est nu.

    (23) Les fils de l’homme céleste sont plus nombreux que ceux de l’homme terrestre. Si les fils d’Adam sont nombreux bien qu’ils meurent, combien plus nombreux sont les fils de l’homme parfait, eux qui ne meurent pas mais sont perpétuellement régénérés.

    (24) Le Père fait un fils mais le fils ne peut faire de fils car, là, celui qui a été engendré ne peut engendrer, mais le fils acquiert non des fils mais des frères.

    (25a) Tous ceux qui sont engendrés dans le monde sont engendrés par la nature (physis), mais les autres par l’Esprit (pneuma). Et ceux-ci crient d’ici-bas vers l’homme, car ils se nourrissent de la promesse du lieu d’en haut.

    (25b) Si la parole (logos) sortait de la bouche, elle nourrirait par la bouche et ferait devenir parfait. En effet c’est par un baiser que les parfaits fécondent et enfantent. Pour cette raison nous nous embrassons aussi les uns les autres, et nous sommes fécondés par la grâce (charis) des uns et des autres.

    (26) Il y en avait trois qui marchaient toujours avec le Seigneur : Marie sa mère et sa sœur et Madeleine appelée sa compagne. Sa sœur, sa mère et sa compagne étaient chacune Marie.

    (27) Père et fils sont des noms simples, l’Esprit Saint est un nom double ; or ils sont partout : en haut, en bas, dans l’invisible, dans le révélé. L’Esprit-Saint est-il dans le révélé, il est en bas ; est-il dans l’invisible, il est en haut.

    (28) Les saints sont servis par les puissances mauvaises. En effet celles-ci sont aveuglées par l’Esprit Saint, en sorte qu’elles croient servir les leurs, alors qu’elles travaillent pour les saints. C’est pourquoi un disciple posa un jour au Seigneur une question sur quelque chose du monde. Il lui répondit : Demande à ta mère, elle te donnera une réponse qui n’est pas d’elle.

    (29) Les apôtres disaient aux disciples : Puisse ce que nous apportons (prosphora) recevoir le sel. Ils appelaient Sophia le sel. Sans elle aucune offrande n’est acceptable. Mais la Sophia est stérile, sans enfant. C’est pourquoi on l’appelle « un peu de sel ». Lorsqu’ils seront dans leur véritable voie, l’Esprit Saint… nombreux sont ses enfants.

    (30) Ce que le père possède revient au fils et le fils lui-même tant qu’il est enfant ne se voit pas confier ce qui lui revient. Mais lorsqu’il devient un homme, son père lui remet tout ce qu’il possède.

    (31a) Ceux qui ont été conçus par l’Esprit et qui sont égarés, c’est aussi par l’Esprit qu’ils sont égarés. En effet, c’est par le même souffle (pneuma) que s’allume et s’éteint le feu.

    (31b) Une chose est Achamoth et autre chose Echmoth. Achamoth est la Sagesse (sophia) absolue (aplôs). Mais Echmoth est la sagesse de la mort, celle qui connaît la mort. C’est la petite sagesse

    (32) Il y a des bêtes soumises à l’homme comme le bœuf, l’âne et autres. D’autres ne sont pas soumises et vivent seules au désert. L’homme laboure le champ avec les animaux soumis et grâce à cela, il se nourrit ainsi que les bêtes soumises ou non soumises. De même l’homme parfait : il laboure avec les forces (dynamis) qui lui sont soumises, préparant chacun à venir à l’être. C’est ainsi que tout est redressé, soit les bons, soit les méchants, et ceux de droite et ceux de gauche. L’Esprit les mène tous paître et gouverne toutes les forces, les soumises et les non soumises ainsi que les uniques. Il les rassemble et les enclôt afin que ceux qui le voudraient ne puissent s’enfuir.

    (33) Celui qui a été modelé (plassein) était de race noble, et tu devrait trouver que ses fils sont d’un noble (eugenès) modelage (plasma). S’il n’avait pas été modelé mais engendré, on trouverait que sa semence (sperma) est noble (eugenès). Or voici qu’il a été modelé et qu’il a engendré. Quelle noblesse (eugeneia) y a-t-il eu en cela ? Il y eut adultère et ensuite meurtre. Il fut conçu dans l’adultère, car il était fils du serpent ; c’est pourquoi il devint meurtrier, comme son père, et tua son frère. Or toute union (koinônia) entre personnes dissemblables est un adultère.

    (34a) Dieu est un teinturier. De même que les bonnes teintures, qualifiées de vraies, se dissolvent dans les choses teintes en elles, ainsi en est-il des choses que Dieu teinte. Et comme ses teintures sont immortelles, ces choses deviennent immortelles grâce à ses couleurs.

    (34b) Dieu baptise dans l’eau ce qu’il baptise.

    (35) Il est impossible de voir les choses qui existent véritablement sans être comme elles. Il n’en est pas ainsi de l’homme dans ce monde qui ici voit le soleil bien qu’il ne soit pas le soleil, qui voit le ciel et la terre et toutes choses en n’étant rien de celles-ci. Mais si tu vois quelque chose de ce lieulà c’est que tu es devenu cela. Tu as vu l’Esprit, tu es devenu Esprit. Tu as vu le Christ, tu es devenu Christ, tu as vu le Père, tu es devenu le Père. C’est pourquoi ici tu vois toute chose sans te voir toi-même, mais en ce lieu-là tu te vois car ce que tu vois, tu l’es devenu.

    (36) La foi reçoit, l’amour donne. Personne ne peut recevoir sans la foi. Personne ne peut donner sans l’amour. C’est pourquoi nous avons la foi afin de recevoir, et nous devons aimer afin de donner vraiment, car celui qui donne sans amour n’en a aucun profit. Celui qui n’a pas reçu le Seigneur est encore un Hébreu.

    (37) Les Apôtres qui nous ont précédés, l’appelaient ainsi Jésus, le Nazoréen, le Messie, c’est-à-dire Jésus le Nazoréen, le Christ. Le dernier nom est Christ. Le premier est Jésus. Celui du milieu Nazaréen. Messie a deux significations : le Christ et le mesurable. Jésus en hébreu est la rédemption, Nazara est la vérité. Donc le Nazaréen est (l’homme) de la vérité. Christ a été rendu mesurable, et c’est le Nazaréen et Jésus qui l’ont mesuré.

    (38) La perle, si elle est jetée dans la boue, n’a pas moins de valeur, et si on l’oint d’une substance odoriférante, elle n’en acquerra pas davantage, mais elle a toujours la même valeur pour son propriétaire. Ainsi en est-il des fils de Dieu ; où qu’ils soient, ils gardent toujours leur valeur auprès de leur Père.

    (39) Si tu dis : Je suis juif, personne ne bronchera. Si tu dis : Je suis un Romain, personne ne s’en affectera. Si tu dis : Je suis un Grec, un barbare, un esclave, un homme libre, personne ne se troublera. Si tu dis : Je suis un chrétien, tous trembleront. Puisse-t-il m’arriver de recevoir ce nomlà, que les archontes ne supportent pas lorsqu’ils l’entendent.

    (40) Dieu est un mangeur d’hommes. C’est pourquoi l’homme lui est sacrifié. Avant que l’homme ne lui soit sacrifié, on lui sacrifiait des animaux, mais ce n’étaient pas des dieux ceux à qui ils étaient sacrifiés.

    (41) Les vases de verre et les vases de terre sont fabriqués au moyen du feu. Mais les vases de verre, s’ils se brisent, sont modelés à nouveau, car ils proviennent d’un souffle. Les vases de terre, eux, s’ils se brisent, sont détruits, car ils ont été produits sans le souffle.

    (42) L’âne qui fait tourner la meule du moulin fait cent mille en marchant, mais lorsqu’on le détache, il se trouve toujours au même endroit. Il y a de ces hommes qui voyagent beaucoup mais n’avancent nulle part. Lorsque le soir arrive ils n’ont vu ni villes ni villages, ni choses créées, ni choses naturelles, ni forces, ni anges. En vain les malheureux ont-ils souffert.

    (43a) L’eucharistie est Jésus. Jésus est appelé en syriaque pharizata, celui qui est étendu. En effet, Jésus est venu pour crucifier le monde.

    (43b) Le Seigneur entra dans la teinturerie de Lévi. Il prit soixante-douze couleurs et les jeta dans la cuve. Il les retira toutes blanches et dit : C’est ainsi que le Fils de l’Homme est venu comme teinturier.

    (44a) La Sophia qui est appelée stérile est la mère des anges.

    (44b, 45) Et la compagne du fils est Marie Madeleine. Le Seigneur l’aimait plus que tous les disciples et il l’embrassait souvent sur la bouche. Les disciples le voyaient et ils lui dirent : Pourquoi l’aimes-tu plus que nous tous ? Le sauveur répondit et leur dit : Comment se fait-il que je ne vous aime pas autant qu’elle ? Un aveugle et quelqu’un qui voit, quand ils sont tous deux dans l’obscurité ne se distinguent pas l’un de l’autre. Si la lumière vient, alors celui qui voit verra la lumière alors que celui qui est aveugle demeurera dans l’obscurité.

    (46) La supériorité de l’homme n’est pas apparente mais cachée. C’est pourquoi il est le maître des animaux, de ceux qui sont plus forts que lui, qui sont grands selon ce qui est apparent et ce qui est caché, mais c’est lui qui leur donne leur subsistance. Si l’homme se sépare d’eux, ils se mordent les uns les autres et s’entre-tuent. Ils s’entre-dévorent parce qu’ils ne trouvent pas d’autre nourriture. Mais maintenant ils ont de la nourriture parce que l’homme travaille la terre.

    (47) Si quelqu’un descend dans l’eau, en ressort sans avoir rien reçu et dit : Je suis chrétien, il emprunte ce nom à intérêt. Mais s’il reçoit l’Esprit Saint, il possède ce nom comme un don. Or à celui qui a reçu un don, on ne le lui reprend pas, mais à celui qui l’a emprunté, on lui en demande le paiement avec les intérêts. C’est ainsi que cela se passe lorsqu’on pénètre un mystère.

    (48) Grand est le mystère du mariage ! Sans lui le monde ne serait pas. En effet, la persistance (sustasis) du monde, c’est l’homme, et la persistance de l’homme est le mariage. Mais apprenez que la relation (koinônia) immaculée possède une grande force (dynamis). Son image en est la forme extérieure (schèma) impure.

    (49) Parmi les esprits impurs, il y en a de masculins et de féminins. Les masculins s’unissent aux âmes qui habitent une forme extérieure féminine, et les féminins sont ceux qui s’unissent aux âmes qui ont une forme extérieure masculine, parce qu’elles ont été séparées. Et nul être humain ne peut y échapper lorsqu’ils le tiennent, à moins qu’il ne reçoive une force à la fois masculine et féminine, c’est-à-dire la force du fiancé et de la fiancée. Or on reçoit celle-ci dans la chambre nuptiale, qui est une image.

    (50a) Quand les femmes libertines voient un homme seul, elles se jettent sur lui, jouent avec lui et le souillent. De même les hommes libertins s’ils voient une jolie femme seule, ils la séduisent ou lui font violence pour la souiller. Mais s’ils voient un homme et sa femme ensemble, les femmes ne peuvent venir vers l’homme, ni les hommes vers la femme. Il en est de même si l’image et l’ange (aggelos)) sont unis, personne n’osera ni ne pourra aller vers l’homme ou la femme.

    (50b) Celui qui sort du monde n’est plus prisonnier comme il l’était dans le monde. Il est au-dessus du désir, de la mort et de la crainte. Il est maître de la nature, il est supérieur à l’envie. Ces forces tiennent et étouffent chacun mais comment les fuir ? Comment se cacher d’elles ? Souvent certains disent : Nous sommes croyants. Ceci pour échapper à ces esprits impurs et à ces démons. Car s’ils possédaient l’Esprit Saint, aucun esprit impur ne s’attacherait à eux.

    (51a) Ne crains pas la chair mais ne l’aime pas non plus. Si tu la crains, elle te dominera. Si tu l’aimes, elle te dévorera et t’étranglera. Ou bien on est dans ce monde, ou bien dans la résurrection, ou bien dans les lieux du milieu. Que je ne sois pas trouvé dans ce dernier.

    (51b) Dans ce monde il y a du bien et du mal. Ce qui est bien n’est pas bien et ce qui est mal n’est pas mal. Mais il y a, après ce monde, un mal qui est vraiment un mal et qu’on appelle le milieu, c’est la mort. Tant que nous sommes en ce monde, il faut parvenir à la résurrection afin que, une fois dépouillé de la chair, nous trouvions le repos et n’errions pas dans le milieu. Car beaucoup s’égarent en chemin, aussi est-il bon de s’en aller du monde avant d’avoir péché.

    (52) Il y en a qui ne veulent ou ne peuvent (pécher). D’autres, même s’ils le désirent ne sont pas plus avancés de ne l’avoir pas fait, car ce désir en fait des pécheurs de même que de ne pas agir. La justice s’écartera d’eux, tant de celui qui ne désire pas que de celui qui n’agit pas.

    (53) Le disciple d’un apôtre aperçut dans une vision plusieurs personnes enfermées dans une maison en feu, enchaînées et gisant dans le feu. Il leur dit : Jetez de l’eau dans le feu et ils dirent qu’ils étaient incapables de se sauver… qu’ils ne le désiraient pas. Ils reçurent… le châtiment dénommé « ténèbres extérieures » parce qu’elles… d’eau et de feu.

    (54) L’âme et l’esprit sont nés de l’eau et du feu. C’est de l’eau, du feu et de la lumière que le fils de la chambre nuptial est né. Le feu est l’onction (chrisma), la lumière est le feu. Je ne parle pas de ce feu qui n’a aucune forme, mais de cet autre feu dont la forme est blanche, qui est lumière et beauté, et qui confère la beauté.

    (55a) La Vérité ne vient pas dans le monde nue, mais en signes (tupos) et en images (eikôn). On ne la recevra pas autrement.

    (55b) Il y a une renaissance et une image de la renaissance. Il est assurément nécessaire de naître à nouveau selon cette image. Laquelle ? la résurrection. L’image doit ressusciter par l’image. La chambre nuptiale (nymphôn) et l’image doivent pénétrer dans la Vérité par l’image, telle est la régénération (apokatastasis).

    (55c) On prononce le nom du Père, du Fils et de l’Esprit, et on le prononce même sur autrui, mais si on n’acquiert pas vraiment ce nom pour soi-même, le nom nous sera aussi repris. Or on le reçoit par l’onction de la plénitude du pouvoir de la croix, pouvoir que les apôtres ont appelé la droite et la gauche. Car cet homme n’est plus alors un chrétien mais un Christ. Le Seigneur a fait du tout un mystère : baptême et onction et eucharistie et rédemption et chambre nuptiale.

    (56) Le Seigneur dit : Je suis venu pour faire que les choses d’en bas soient comme les choses d’en haut, et que les choses du dehors soient comme celles du dedans. Je suis venu pour les unifier là (en haut). Il s’est manifesté ici (en bas) en symboles et en images. Ceux qui disent : il y a un homme céleste et il y a quelqu’un au-dessus de lui, se trompent. Car c’est le premier de ces deux hommes célestes, celui qui s’est manifesté, qu’ils appellent celui qui est en bas ; et ils pensent que c’est celui à qui appartient ce qui est caché qui est au-dessus de lui. Mais il vaudrait mieux dire : l’intérieur et l’extérieur, et l’extérieur de l’extérieur. C’est pourquoi le Seigneur a appelé la destruction « ténèbres extérieures » car il n’y a rien d’extérieur à elles.

    (57) Il a dit : mon Père qui est dans le secret. Il a dit : Entre dans ta chambre et ferme la porte sur toi et prie ton Père qui est dans le secret, c’est-à-dire à l’intérieur d’eux tous. Or ce qui est à l’intérieur d’eux tous est la plénitude. Au-delà de cela il n’y a rien d’autre à l’intérieur. C’est de cela qu’ils disent : Ce qui est au-dessus d’eux.

    (58) Avant le Christ, certains vinrent d’un endroit où ils ne purent plus entrer et allèrent là d’où ils ne purent plus sortir. Alors vint le Christ. Ceux qui étaient entrés il les fit sortir, et ceux qui étaient sortis il les fit entrer.

    (59) Quand Eve était en Adam, la mort n’existait pas. Après qu’elle fut séparée de lui, la mort survint. S’il la reprend en lui et retrouve son être premier, il n’y aura plus de mort.

    (6O) Mon dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? C’est sur la croix qu’il dit ces paroles ; car il a abandonné là tout ce qui fut engendré par ce qui est extérieur à Dieu. Le Seigneur ressuscita des morts, et redevint ce qu’il était, mais son corps était parfait. Or il avait une chair, mais cette chair était la vraie (alèthinos) chair. Notre chair au contraire n’est pas la vraie mais seulement une image de la vraie chair.

    (61a) La chambre nuptiale n’est pas pour les animaux, ni pour les esclaves ni pour les femmes impures, mais pour les hommes libres (éleuthéros) et les vierges (parthénos).

    (61b) En vérité nous sommes renés dans l’Esprit Saint, mais nous sommes renés par Christ deux à deux. Nous sommes oints par l’Esprit. Quand nous sommes renés, nous avons été unis.

    (61c) Personne ne peut se voir soi-même sans lumière dans une eau ou dans un miroir, pas plus que tu ne peux te voir à la lumière sans eau ni miroir. C’est pourquoi il faut baptiser à la fois dans la lumière et dans l’eau. Or la lumière est l’onction.

    (62a) Il y avait à Jérusalem trois lieux d’offrande. Le premier, vers l’ouest, était appelé le Saint. Le deuxième, vers le sud, était appelé le Saint du Saint. Le troisième, vers l’est était appelé le Saints des Saints, l’endroit où seul le grand-prêtre pénètre. Le baptême est le Saint, la rédemption est le Saint du Saint, la chambre nuptiale est le Saint des Saints. Le baptême implique la résurrection et la rédemption. La rédemption a lieu dans la chambre nuptiale. Mais la chambre nuptiale est ce qui est supérieur… à Jérusalem, le voile sépare le Saint des Saints… mais la chambre nuptiale est l’image de la chambre nuptiale qui est au-dessus de l’impureté. Son voile s’est déchiré du haut en bas car il convenait à quelques-uns d’en bas de monter en haut.

    (63) Ceux qui sont revêtus de la Lumière parfaite, les forces naturelles (dynamis) ne les voient pas et ne peuvent s’en emparer. On revêtira cette Lumière dans le mystère, dans l’union.

    (64a) Si la femme n’avait pas été séparée de l’homme, elle ne serait pas morte avec l’homme. Sa séparation a été à l’origine de la mort. C’est pourquoi Christ est venu remédier à cette séparation, qui existe depuis le commencement, réunir les deux, redonner la vie à ceux qui étaient morts dans la séparation et les unir. Or la femme s’unit à l’homme dans la chambre nuptiale. En vérité ceux qui se sont unis dans la chambre nuptiale ne seront plus jamais séparés. Ainsi Eve s’est séparée d’Adam parce qu’elle ne s’était pas unie à lui dans la chambre nuptiale.

    (64b) L’âme (psyché) d’Adam naquit d’un souffle. Le compagnon de son âme est l’esprit (pneuma). Ce souffle qui lui fut donné est sa mère. Son âme fut remplacée par un esprit. Lorsqu’il lui fut uni, il prononça des paroles qui dépassaient les forces naturelles (dynamis). Celles-ci le jalousèrent, privées qu’elles étaient de ce compagnon spirituel secret, exempt de tout mal, ce qu iles privait de la possibilité de la chambre nuptiale…

    (65) Jésus manifesta sur le Jourdain le plérôme du Royaume des cieux. Celui qui était engendré avant toute chose était engendré de nouveau. Lui qui avait été oint, était oint à nouveau. Celui qui avait été racheté venait en racheter d’autres.

    (66) En vérité, il faut dire un mystère. Le Père du tout s’est uni à la vierge (parthenos) qui était descendue, et un feu l’éclaira en ce jour. Il apparut dans la chambre nuptiale. C’est pourquoi son corps qui fut produit en ce jour vint de la chambre nuptiale comme produit par le fiancé et la fiancée (nymphios, nymphè). C’est ainsi que Jésus a établi toute chose par eux. Il est nécessaire que chacun des disciples entre dans son repos.

    (67a) Adam est venu à l’existence grâce à deux vierges, l’Esprit et la terre vierge. C’est pourquoi le Christ naquit d’une vierge pour rectifier la chute qui s’est produite à l’origine.

    (67b) Il y a deux arbres au milieu du jardin. L’un engendre des animaux (thèrion), l’autre engendre des hommes. Adam mangea de l’arbre qui engendrait des animaux. Il devint animal et engendra des animaux. C’est pourquoi les enfants d’Adam adorent (sébesthai) des animaux. L’arbre dont Adam a mangé le fruit est l’arbre des animaux c’est pourquoi les péchés furent nombreux ; s’il avait mangé… du fruit de l’arbre qui porte des hommes, alors les dieux adoreraient l’homme. Car Dieu à l’origine avait créé l’homme, mais maintenant les hommes créent des dieux. C’est ainsi qu’il en va dans le monde : les hommes créent des dieux et adorent leurs créatures. Mais ce sont ces dieux qui devraient adorer les hommes ! Telle est la vérité.

    (68) Les oeuvres de l’homme viennent de sa force naturelle (dynamis). Ce sont ses forces. Ses enfants sont ses œuvres ; ils proviennent d’un moment de repos. Sa force est dans ses œuvres tandis que ce moment de repos se manifeste dans ses enfants. Vous verrez que ceci s’applique à une image. Voici l’homme d’après l’image : il fait ses œuvres grâce à sa force, mais c’est dans un moment de repos qu’il engendre ses enfants.

    (69a) En ce monde, les esclaves travaillent (upèretein) pour les hommes libres ; dans le Royaume des cieux les hommes libres servent (diakonein) les esclaves ; les fils de la chambre nuptiale servent les fils du mariage (terrestre, gamos).

    (69b) Les fils de la chambre nuptiale n’ont qu’un seul et même nom. Ensemble ils partagent le repos (anapausis)… Ils n’ont pas besoin d’avoir une forme, ils ont l’avantage de la contemplation intérieure, la vue intérieure…

    (70) Ils sont descendus dans l’eau et le Christ les a purifiés et rendus parfaits par son nom. Car il a dit : Il nous convient d’accomplir toute justice.

    (70b) Ceux qui disent qu’ils vont d’abord mourir et ensuite ressusciter se trompent. S’ils n’obtiennent pas d’abord la résurrection pendant la vie, ils n’obtiendront rien une fois morts. Ils parlent du baptême de la même façon disant : le baptême est une grande chose, ceux qui le reçoivent vivront.

    (71) L’apôtre Philippe racontait que Joseph le charpentier planta un jardin parce qu’il avait besoin de bois pour son métier. C’est lui qui fit la croix avec les arbres qu’il avait plantés, et le fruit de sa semence fut pendu à ce qu’il avait planté. Le fruit de sa semence était Jésus et la plante fut la croix. Mais l’arbre de vie est au milieu du jardin et c’est l’olivier, d’où vient l’huile et de l’huile, la résurrection.

    (72) Le monde est un mangeur de cadavres, tout ce qui y est mangé meurt aussi. La vérité se nourrit de vie, aussi personne de ceux qui se nourrissent de la vérité ne mourra. De là Jésus est venu apporter de la nourriture, et à tous ceux qui le veulent il donne la vie afin qu’ils ne meurent pas.

    (73) Dieu avait planté un jardin. L’homme y avait été placé. Il y avait de nombreux arbres… Dans le lieu où on me dira : mange de ceci, ou ne mange pas de cela, comme tu voudras. Dans le lieu où je mangerai de tout se trouve l’arbre de la connaissance (gnôsis). C’est lui qui tua Adam, mais c’est lui qui vivifie l’homme. La loi était un arbre. Il avait le pouvoir de donner la connaissance du bien et du mal. Il n’écarta pas du mal ni n’établit dans le bien, mais il prépara la mort de ceux qui en mangèrent. Car lorsqu’il fut dit : mange de ceci, ne mange pas de cela, ce fut l’origine de la mort.

    (74) L’onction est supérieure au baptême. Car c’est par le mot « chrisma » (onction) que nous avons été appelés chrétiens et non par le baptême, et le nom de Christ vient de « chrisma ». En effet, le Père a oint le Fils et le Fils a oint les apôtres, et les apôtres nous ont oints. Celui qui a été oint possède le Tout, il possède la résurrection, la Lumière, la Croix, l’Esprit Saint. Le Père lui a donné cela dans la chambre nuptiale et il l’a accepté. Le Père était dans le Fils et le Fils dans le Père. Tel est le Royaume des Cieux.

    (75a) Le Seigneur l’a bien dit : Quelques-uns entrèrent dans le Royaume des cieux en riant, et ils sortirent…. chrétiens…. il descendit dans l’eau et remonta, seigneur du tout….

    (75b) Celui qui méprise le corps comme un haillon le considère comme un jouet et le quitte en riant… il en est de même du pain, du calice et de l’huile alors qu’il y a quelque chose d’autre qui leur est supérieur.

    (76) Le monde est apparu à la suite d’une faute (paraptôma). En effet celui qui le créa voulait le faire incorruptible et immortel. Mais il échoua et ne réalisa pas son désir. Car le monde ne fut jamais impérissable ni, pour la même raison, celui qui fit le monde.

    (77) Les choses ne sont pas incorruptibles mais les fils le sont. Personne ne recevra l’incorruptibilité à moins de devenir d’abord un fils.

    (78) Mais celui qui n’a pas le pouvoir de recevoir, combien davantage sera-t-il incapable de donner.

    (79) La coupe de la bénédiction contient du vin et de l’eau, symboles du sang, à laquelle on rend grâce (eucharistein) et elle est remplie de l’Esprit Saint. Elle est celle de l’Homme parfait tout entier. Si nous en buvons, nous recevrons en nous l’Homme parfait (téléios).

    (80) L’eau vive est un corps. Il est nécessaire que nous revêtions l’homme vivant. C’est pourquoi, si quelqu’un vient et descend dans l’eau, il se dévêt afin de revêtir celui-là.

    (81) "Un cheval engendre un cheval, un homme engendre un homme, un dieu engendre un dieu. De même du fiancé et de la fiancée. Ce sont les enfants de la chambre nuptiale. Aucun juif ne descend de parents grecs depuis que la Loi existe. Et de même nous avons été juifs avant d’être chrétiens. Il y a un autre peuple, et… il a été appelé "le peuple élu de l’Esprit Saint", et l’Homme véritable et le Fils de Dieu et la semence du Fils de l’Homme. Dans le monde cette race est appelée authentique. C’est là où demeurent les enfants de la chambre nuptiale."

    (83,84,85) En ce monde, l’union est entre l’époux et l’épouse, la force complétée par la faiblesse. Dans l’Eon, la forme de l’union est tout autre bien qu’on lui donne les mêmes noms. Cependant il y a d’autres noms, supérieurs à tous les noms donnés, et supérieurs aux plus forts. Car ici (ici-bas), il y a la force (bia) et ceux qui apparaissent excellent par leur force. Mais ceux qui sont là (dans l’Eon) ne sont pas deux choses distinctes, mais une même chose. Ce qui est ici ne pourra pas s’élever au-dessus du cœur de la chair.

    (86) N’est-il pas nécessaire que ceux qui possèdent toute chose se connaissent eux-mêmes ? Quelques-uns, faute de se connaître eux-mêmes, ne jouiront pas de ce qu’ils possèdent, mais ceux qui se connaîtront eux-mêmes jouiront de ce bien.

    (87 et 88) Non seulement ils ne pourront pas saisirent l’Homme parfait (teleios) mais ils ne pourront même pas le voir. Car s’ils le voyaient, ils le saisiraient. Il n’y a pas d’autre moyen d’acquérir pour soi cette grâce (charis) que de revêtir la lumière parfaite et de devenir soi-même lumière parfaite. Quiconque la revêtira entrera dans le royaume. Telle est la lumière parfaite et il convient que nous devenions des hommes spirituels parfaits avant de quitter le monde. Celui qui a tout reçu mais ne s’est pas rendu maître de ces lieux-ci ne sera pas capable d’être maître de cet endroit-là, mais il ira dans le milieu, étant imparfait. Seul Jésus connaît la fin de celui-ci.

    (89) L’homme saint est tout à fait saint, même dans son corps. Car s’il a reçu le pain, il le consacrera, de même la coupe ou quoi que ce soit d’autre, et comment ne consacrerait-il pas aussi le corps ?

    (90) En rendant parfaite l’eau du baptême, Jésus l’a vidée de la mort. Ainsi nous descendons dans l’eau mais non dans la mort afin de n’être pas jeté dans l’esprit du monde.

    (91) Quand l’esprit du monde souffle, il fait venir l’hiver, quand l’Esprit souffle, l’été vient.

    (92a) Celui qui a la connaissance de la vérité est libre. Et l’homme libre ne pèche pas car celui qui commet le péché est l’esclave du péché.

    (92b) La vérité est la mère, la connaissance est le père.

    (92c) Ceux qui ne sont pas concernés par le péché, le monde les appelle libres. Pensant connaître la vérité, ils sont orgueilleux, c’est ce que veut dire ici libre.

    (93) Mais l’amour édifie, et celui qui est devenu vraiment libre par la connaissance devient, par amour, l’esclave de ceux qui n’ont pas pu atteindre la liberté de la connaissance. La connaissance les rendra capables de devenir libres.

    (94) L’amour ne prend rien. Comment prendrait-il quelque chose, tout lui appartient. Il ne dit jamais : ceci est à moi, ni cela est à moi, mais : tout est à vous.

    (95) L’amour spirituel (agapè pneumatikos) est un vin à l’odeur suave. Tous ceux qui en sont oints en ont un grand plaisir. Lorsque ceux qui sont oints sont présents, ceux qui sont près d’eux en profitent. Mais si ceux qui sont oints de cette onction se retirent et s’en vont, alors ceux qui ne sont pas oints et se tenaient simplement près d’eux restent dans leur mauvaise odeur.

    (96) Le samaritain ne donna rien d’autre à l’homme blessé que du vin et de l’huile ; ce n’était rien d’autre que l’onction et il a guéri les blessures car l’amour couvre une multitude de fautes.

    (97) C’est à celui que la femme aime que ressemblera ceux qu’elle engendrera. Quand c’est son mari, ils ressemblent au mari. Quand c’est un adultère, ils ressemblent à l’amant. Souvent quand une femme couche avec son mari par nécessité mais que son cœur est auprès de l’amant, avec lequel elle s’unit habituellement, celui qu’elle engendrera ressemblera à l’amant. Mais vous, qui êtes avec le Fils de Dieu, n’aimez pas le monde mais aimez le Seigneur afin que ceux que vous engendrerez ne ressemblent pas au monde mais ressemblent au Seigneur.

    (98) L’être humain s’unit à l’être humain, le cheval au cheval, l’âne à l’âne, les espèces s’unissent à leurs semblables. Ainsi l’Esprit s’unit à l’Esprit, le Logos au Logos et la Lumière à la Lumière. Si tues né humain, c’est un humain qui t’aimera. Si tu deviens un esprit, c’est l’Esprit qui s’unira à toi. Si tu deviens logos, c’est le Logos qui s’unira à toi. Si tu deviens lumière, c’est la Lumière qui s’unira à toi. Si tu deviens ce qui est d’en haut, c’est ce qui est d’en haut qui demeurera en toi. Si tu deviens cheval, ou âne, taureau, chien, mouton ou tout autre animal, qui se trouve à l’extérieur et qui est inférieur, alors tu ne pourras être aimé ni d’un humain, ni de l’Esprit, ni du Logos, ni de la Lumière, ni de ce qui est d’en haut, ni de ce qui est intérieur. Ils ne pourront demeurer en toi et tu ne fais pas partie d’eux.

    (99) Celui qui est esclave contre sa volonté, pourra devenir libre. Celui qui est devenu libre par la grâce de son Seigneur et se rend lui-même esclave ne pourra plus être libre.

    (100a) Dans ce monde les plantations nécessitent quatre éléments. On moissone ce qui provient à la fois de l’eau, de la terre, du vent et de la lumière. De même les plantations de Dieu résultent de quatre éléments : la foi, l’espérance, l’amour et la gnose. Notre terre est la foi en qui nous prenons racine, l’eau est l’espérance dont nous nous nourrissons ; le vent est l’amour qui nous fait grandir et la lumière est la gnose qui nous fait mûrir.

    (100b) La grâce agit comme un paysan, et les fruits de la semence de ce paysan sont les hommes qui montent vers les hauteurs du ciel.

    (101a) Et bienheureux le serviteur qui n’a pas désespéré une âme. Celui-ci est Jésus le Christ. Il s’est présenté partout et n’a accablé personne. Bienheureux donc celui qui est comme lui parce qu’il est un homme parfait. Il est effectivement la parole (Logos).

    (102) Parlez-nous de lui, car c’est difficile d’y réussir. Comment réussir une si grande chose ? Comment donner le repos à chacun ? Avant tout il convient de n’affliger aucune personne, soit grande, soit petite, soit croyante, soit incroyante ; ensuite de donner le repos à ceux qui font le bien.

    (103) Certains trouveraient bien de donner le repos à celui qui a une belle situation (kalos). Mais celui qui fait le bien ne peut pas le donner à de telles personnes car elles vont à l’encontre de ce qu’il voudrait. Mais comme il lui est impossible d’affliger quelqu’un, il ne les afflige pas. Il est certain que ceux qui ont une belle situation affligent des gens, non délibérément mais par leurs défauts (kakia). Celui qui possède la nature (du bien) donne la joie à ceux qui sont bons, ce qui affligent certains vilainement.

    (104) Un maître de maison avait acquis beaucoup : fils, serviteurs, bétail, chiens, porcs, blé, orge, paille, fourrage, os, viande et glands. Comme il était avisé, il connaissait la nourriture de chacun. Il donnait aux enfants du pain, de l’huile d’olive et de la viande, aux esclaves l’huile de ricin et du blé, au bétail de l’orge, de la paille et du fourrage, aux chiens des os, aux porcs des glands et des croûtes de pain. Il en est ainsi du disciple de Dieu. Si c’est un homme sage, il comprend sa qualité de disciple. Les formes corporelles ne le tromperont pas, il considérera l’état de l’âme (psyché) de chacun et parlera à chacun en conséquence. Il y a beaucoup d’animaux à forme humaine dans le monde. Quand il les identifie à des porcs, il leur jette des glands ; à des bestiaux, il leur jette de l’orge et de la paille et de l’herbe ; à des chiens, il leur jette des os ; à des esclaves, il leur donne ce qui est élémentaire ; à des enfants, ce qui est parfait.

    (l05) Il y a le fils de l’Homme, et il y a le fils du fils de l’Homme. Le Seigneur est le fils de l’Homme, et le fils du Fils de l’Homme est celui qui a été fait par le fils de l’Homme. Le fils de l’Homme a reçu de Dieu le pouvoir de créer, et aussi la possibilité d’engendrer.

    (106) Celui qui a reçu le pouvoir de créer crée une création ; celui qui a reçu le pouvoir d’engendrer engendre un rejeton. Celui qui crée n’engendre pas ; celui qui engendre crée. Celui qui crée engendre, dit-on, mais son produit est une création. Ses produits ne sont pas ses rejetons, mais ses images. Celui qui crée travaille au grand jour et il est lui-même visible ; celui qui engendre oeuvre dans le secret, il reste lui-même caché. L’engendré n’est pas une image. Celui qui crée crée visiblement, mais celui qui engendre engendre ses enfants dans le secret.

    (107) Personne ne peut savoir quand le mari et la femme s’unissent sauf eux-mêmes. Car c’est un mystère que le mariage (gamos) du monde pour ceux qui ont pris femme. Or si le mariage du monde, qui est impur, reste caché, combien plus le mariage immaculé est-il un vrai (aléthinos) mystère ! Il n’est pas charnel, il est pur. Il appartient non au désir mais à la volonté. Il n’appartient pas aux ténèbres ou à la nuit, mais au jour et à la lumière.

    (108) Un mariage accessible au public est de la prostitution (porneia) et la femme, non seulement si elle reçoit la semence d’un autre homme, mais même si, sortant de sa chambre, elle est vue, commet une impudicité. Elle ne doit se faire voir qu’à son père et à sa mère.

    (109) A l’ami de l’époux et aux enfants de la chambre nuptiale il est permis de pénétrer tous les jours dans la chambre nuptiale, mais les autres ne peuvent désirer qu’entendre leur voix, jouir de leur parfum et se nourrir des miettes de pain qui tombent de la table comme les chiens (Matth. 15,

    27). Époux et épouses appartiennent à la chambre nuptiale. Personne ne peut voir l’époux et l’épouse à moins de le devenir soi-même.

    (110) Quand Abraham se fut réjoui d’avoir vu ce qu’il avait à voir, il circoncit la chair de son prépuce nous montrant qu’il faut détruire la chair.

    (111) Bien des choses du monde, tant que leurs racines sont cachées demeurent debout et vivent. Si les racines se voient, elles meurent, à l’exemple de l’homme visible : tant que ses entrailles restent cachées, il vit ; si ses entrailles sortent de lui, il meurt. Il en est de même de l’arbre. Tant que ses racines sont cachées, il croît et fructifie ; si sa racine apparaît, il se dessèche. Il en est ainsi de chaque chose née dans le monde, non seulement manifestée mais aussi cachée. Car tant que la racine du mal est cachée, elle est forte mais quand on la reconnaît elle est dissoute, quand elle se manifeste elle est détruite. C’est pourquoi la Parole dit : Déjà la hache est placée à la racine de l’arbre. Elle ne coupera pas car ce qui est coupé repousse, mais elle pénétrera si profondément qu’elle extirpera la racine. Jésus arrache la racine entièrement alors que d’autres ne le font qu’en partie.

    (112) Quant à nous que chacun creuse jusqu’à la racine du mal qui est en lui et qu’il l’extirpe de son cœur jusqu’à la racine. Il ne sera arraché que lorsque nous le reconnaîtrons. Si nous l’ignorons, il pousse ses racines en nous et porte ses fruits en nos cœurs. Il nous domine, nous sommes ses esclaves, il nous emprisonne au point de faire ce que nous ne voulons pas et de ne pas faire ce que nous vouons. Il est puissant, parce que nous ne le connaissons pas. Tant qu’il existe, il est à l’œuvre.

    (113) L’ignorance est la mère du mal, l’ignorance entraîne la mort ; ce que produit l’ignorance n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera pas. Tandis que ceux qui sont dans la vérité seront parfaits quand toute la vérité se révèlera.

    (114) Car la vérité est comme l’ignorance : quand elle est cachée, elle se repose en elle-même, mais si elle est révélée et reconnue elle est louée pour autant qu’elle est plus forte que l’ignorance et que l’erreur. Elle donne la liberté.

    (115) La parole dit : Si vous connaissez la vérité, la vérité vous rendra libres.

    (116) L’ignorance est esclavage, la connaissance est liberté.

    (117) Si nous reconnaissons la vérité, nous récolterons ses fruits au-dedans de nous. Si nous nous unissons à elle, elle nous fera entrer dans la plénitude.

    (118a) Présentement nous voyons les manifestations de la création et nous disons : les choses fortes sont hautement estimables et les choses faibles sont cachées et méprisables. Comparez avec les manifestations de la vérité : elles sont faibles et méprisées tandis que, cachées, elles sont fortes et estimables.

    (118b) Les mystères de la vérité sont révélés sous forme de signes (tupos) et d’images.

    (119a) Quant à la chambre nuptiale, elle demeure cachée, elle est le Saint des Saints.

    (119b) En effet un voile commence par dissimuler comment Dieu gouverne la création. Mais quand le voile se déchire et que l’intérieur se manifeste, on abandonne la maison vide, et même on la détruit.

    (120) Mais la divinité inférieure ne fuira pas de ce lieu vers le Saint des Saints, car elle ne sera pas capable de s’unir à la lumière sans mélange ni à la plénitude sans faille, mais se tiendra sous les ailes de la croix et sous ses bras. Cette arche (kibotos) sera son salut lorsque le déluge des eaux la submergera.

    (121) Si quelques-uns sont dans l’ordre de la prêtrise, ils pourront pénétrer derrière le voile avec le grand-prêtre.

    (122) C’est pourquoi le voile ne s’est pas déchiré seulement en haut, car il ne se serait ouvert qu’à ceux d’en haut, ni ne s’est déchiré seulement en bas, car il ne se serait manifesté qu’à ceux d’en bas. Mais il s’est déchiré de « haut en bas ». Le haut s’est ouvert pour nous qui sommes en bas afin que nous entrions dans le secret de la vérité. Voilà véritablement ce qui est tenu en haute estime et qui est puissant. Or nous pénétrerons là grâce à de vils symboles et à des choses faibles et basses en vérité comparés à la gloire parfaite.

    (123) Il y a une gloire qui surpasse la gloire, il y a une puissance qui surpasse la puissance. C’est pourquoi la perfection s’est ouverte à nous avec le secret de la vérité, et le Saint des Saints s’est manifesté et nous avons été conviés dans la chambre nutpiale.

    (124) Tant qu’il est caché, le mal est efficace et il n’est pas enlevé de la semence de l’Esprit, et il y a des esclaves du mal. Mais lorsqu’il se manifeste, alors la Lumière parfaite se répand sur chacun et tous ceux qui se trouvent en elle recevront l’onction. Alors les esclaves seront libérés et les prisonniers seront délivrés.

    (125) Tout plant que mon Père qui est dans les cieux n’a pas planté sera déraciné.

    (126) Ceux qui étaient séparés seront unis et comblés.

    (127) Tous ceux qui entreront dans la chambre nuptiale feront briller la lumière car ils ne sont pas comme les mariages qui se font dans la nuit, dont le feu s’allume seulement dans la nuit puis s’éteint. Mais les mystères de ce mariage s’accomplissent dans le jour et la lumière, ce jour et cette lumière qui ne s’éteignent pas.

    (128 et 129) Si quelqu’un devient un fils de la chambre nuptiale, il recevra la lumière. Si quelqu’un ne la reçoit pas tant qu’il est dans ces lieux, il ne pourra la recevoir nulle part ailleurs. Celui qui recevra cette lumière-là ne sera ni vu ni compris, et personne ne pourra l’affliger alors même qu’il séjourne dans le monde. Et quand il quittera le monde, il aura déjà reçu la Vérité en images. Et le monde est devenu pour lui l’Eon, car l’Eon est pour lui la plénitude (plèrôma). Et il l’est de cette façon : il lui est manifesté à lui seul ; il n’est pas caché dans les ténèbres ni dans la nuit, mais il est caché dans un jour parfait et dans une lumière sainte.

      La date/heure actuelle est Ven 22 Nov 2024 - 1:02