LA PARAPHRASE DE SEM
raduit du copte par Michel Roberge Bibliothèque copte de Nag Hammadi,
La Paraphrase qui fut faite au sujet de l’Esprit inengendré : ce qu’à moi, Sem, a révélé Derdekeas>
L’APOCALYPSE
Introduction
Selon la volonté de la Grandeur, ma pensée, qui est dans mon corps, me ravit à ma race. Elle m’éleva au sommet de la création, près de la Lumière, qui brilla sur toute la région habitée. En ce lieu, je ne vis aucune figure terrestre, mais c’était de la lumière. Ma pensée, donc, se sépara du corps de l’Obscur, comme dans un sommeil.
RÉVÉLATION DE DERDEKEAS
Cosmogonie et anthropogonie
L’harmonie originelle
J’entendis une voix me disant : « Sem, puisque tu proviens d’une puissance sans mélange et que tu es le premier existant sur la terre, écoute et comprends ce que je vais te dire d’abord au sujet des grandes Puissances. Celles-ci existaient dans les origines avant que je ne me manifeste. Il y avait la Lumière et l’Obscur, et il y avait l’Esprit entre eux. Puisque ta racine — c’est-à-dire l’Esprit inengendré — est tombée dans l’oubli, je te révèle la nature précise des Puissances : la Lumière était Pensée, pleine d’Écoute et de Logos ; ils étaient rassemblés en une forme une. Et l’Obscur était un vent dans de l’eau ; il avait l’Intellect enveloppé d’un feu agité. Et l’Esprit qui était entre eux était une lumière paisible et humble. Telles sont les trois racines.
Elles s’autorégentaient et se trouvaient occultées mutuellement, chacune dans sa puissance. Or la Lumière, puisqu’elle avait une grande puissance, connaissait la bassesse de l’Obscur ainsi que son désordre, et savait que sa racine n’était pas homogène. La déviance de l’Obscur, au contraire, était incapable de perception, au point de dire qu’il n’y avait rien de supérieur à lui. Cependant, ayant pu contenir sa malice, il restait couvert d’eau.
La chute de l’Esprit
Or il se mit en mouvement, et au bruit l’Esprit s’effraya. Il se haussa jusqu’au haut de son lieu, puis il vit une grande eau obscure et fut pris de dégoût. Alors la Pensée de l’Esprit regarda en bas : elle vit la lumière infinie ; mais la racine mauvaise ne se souciait pas d’elle. Alors, par la volonté de la grande Lumière, l’eau obscure se divisa et l’Obscur monta, enveloppé de l’ignorance mauvaise. Mais afin que l’Intellect se séparât de l’Obscur — car celui-ci en tirait orgueil— et après que l’Obscur se fût mis en mouvement, la Lumière de l’Esprit se manifesta à lui. Quand l’Obscur la vit, il s’étonna : il ne savait pas qu’il y avait une autre puissance supérieure à lui. Aussi une fois qu’il eut vu que sa figure était obscure en regard de l’Esprit, il éprouva de la douleur, et dans sa douleur il hissa son Intellect vers le sommet — parmi les membres de l’Obscur l’Intellect était l’oeil de l’amertume de la malice. — Il fit que son Intellect se rendit semblable en partie aux membres de l’Esprit, à la pensée que — considérant sa malice — il pourrait s’égaler à l’Esprit, mais il en fut incapable. Il voulait, en effet, faire quelque chose d’impossible, et cela n’arriva pas. Toutefois, de peur que ne demeurât inopérant l’Intellect de l’Obscur — qui était l’oeil de l’amertume de la malice, — puisqu’il avait été établi dans une ressemblance partielle, il se haussa et brilla d’une lumière ignée sur l’Hadès tout entier, afin que fût révélée l’homogénéité de la Lumière qui est sans déficience. Car l’Esprit tira parti de chaque forme de l’Obscur, puisqu’il s’était manifesté dans sa grandeur.
La remontée de la lumière de l’Esprit et la séparation de l’Intellect grâce à l’intervention du Sauveur, Derdekeas.
Première intervention du Sauveur, sous l’aspect de l’Esprit. Engendrement d’un second Intellect, l’Intellect démiurgique
Alors se révéla la Lumière supérieure, infinie ; elle était en effet dans une grande joie. Elle voulut se révéler à l’Esprit. La figure de la Lumière supérieure se manifesta à l’Esprit inengendré. Moi, je me manifestai. C’est moi, le Fils de la Lumière immaculée, infinie. Je me manifestai sous l’aspect de l’Esprit. Je suis, en effet, le rayon de la Lumière universelle et sa manifestation. Cela arriva, afin que l’Intellect de l’Obscur ne demeurât pas dans l’Hadès. Car l’Obscur s’était assimilé à son Intellect dans une partie des membres.
Moi, ô Sem, lorsque 13 j’apparus sous l’aspect de l’Esprit, afin que l’Obscur n’obscurcît que lui seul, selon la volonté de la Grandeur, et pour que l’Obscur devînt inopérant à partir de toute forme de la Puissance — celle qui était sienne —, l’Intellect tira d’entre l’Obscur et l’Eau le Feu agité — celui-ci était recouvert d’eau. Puis, à partir de l’Obscur, l’Eau devint un nuage, et à partir du nuage la Matrice prit forme. Le Feu agité s’y rendit — celui-ci était errance. Or, lorsque que l’Obscur vit la Matrice, il devint impur. Et une fois qu’il eut agité l’Eau, il frotta la Matrice. Son Intellect s’écoula dans les profondeurs de la Nature ; il se mélangea à la Puissance de l’amertume de l’Obscur, et l’oeil de la Puissance creva dans la perversité, en sorte que celle-ci ne put plus engendrer l’Intellect — car lui, il était semence de la Nature, issu de la racine obscure. Quand donc la Nature eut reçu en elle l’Intellect issu de la puissance obscure, toutes les formes apparurent en son sein.
Cependant, une fois que l’Obscur eut engendré l’image de l’Intellect, ce dernier s’assimila à l’Esprit. De fait, la Nature entreprit de le pousser ; elle n’en put trouver le moyen, parce qu’elle n’avait pas de forme issue de l’Obscur. Elle le conçut donc dans le nuage. Alors le nuage s’illumina : un Intellect s’y manifesta à la manière d’un feu terrifiant, nuisible, et il s’entrechoqua avec l’Esprit inengendré, puisqu’il avait une similitude issue de lui. Afin que la Nature se trouvât vidée du feu agité, alors la Nature se divisa aussitôt en quatre parties ; elles devinrent des nuages d’aspects différents. On les appela : Hymen, Chorion, Puissance, Eau. Or l’Hymen et le Chorion ainsi que la Puissance étaient des feux agités, et c’est d’entre l’Obscur et l’Eau qu’ils tirent l’Intellect à l’extérieur — car l’Intellect était entre la Nature et la puissance obscure —, afin que les eaux nuisibles n’adhèrent pas à lui.
Pour cette raison la Nature fut divisée, selon ma volonté : que l’Intellect se tournât vers sa Puissance, celle que la racine obscure avait reçue de lui, qui avait été mélangée à lui et s’était manifestée dans la Matrice. Ainsi par la division de la Nature, celle-ci se sépara de la puissance obscure, étant donné qu’elle avait quelque chose provenant de l’Intellect. Ce dernier entra dans le centre de la Puissance — c’est-à-dire Milieu de la Nature.
Cependant, l’Esprit lumineux, une fois que l’Intellect l’eut alourdi, s’étonna. Alors la puissance de son Étonnement retourna le fardeau et celui-ci se tourna vers la chaleur de l’Étonnement, puis se revêtit de la lumière de l’Esprit. Et, après que la Nature eut été mise en mouvement par la puissance de la lumière de l’Esprit, le fardeau se retourna. L’Étonnement de l’Esprit lumineux retourna donc le fardeau et adhéra au nuage de l’Hymen. Alors tous les nuages de l’Obscur tonnèrent — eux qui s’étaient séparés de l’Hadès — au sujet de la puissance étrangère : c’était l’Esprit lumineux qui était venu en eux.
Deuxième intervention du Sauveur, comme une onde lumineuse et une bourrasque de l’Esprit
Alors, par la volonté de la Grandeur, l’Esprit leva les yeux vers la Lumière infinie afin qu’on eût pitié de sa lumière et qu’on emportât son image hors de l’Hadès. Et, une fois que l’Esprit eut regardé, je déferlai au dehors, moi, Fils de la Grandeur, comme des ondes lumineuses et comme une bourrasque de l’Esprit immortel et je soufflai dans le nuage de l’Hymen sur l’Étonnement de l’Esprit inengendré. Le nuage se fendit, et irradia les autres nuages. Ceux-ci se fendirent afin que l’Esprit pût s’en retourner. C’est pourquoi l’Intellect prit forme ; son repos cessa.
Car l’Hymen de la Nature était un nuage qu’on ne peut saisir, un grand feu. Pareillement le Chorion, de la Nature était le nuage du Silence : c’était un feu majestueux. De même, la Puissance qui est mélangée à l’Intellect, elle aussi était un nuage de la Nature, elle qui avait été mélangée à l’Obscur, lui qui avait troublé la Nature en vue de l’impureté. Mais l’Eau obscure était un nuage terrifiant, et la racine de la Nature qui était du côté inférieur était tordue, du fait de son poids et de sa nocivité. Sa racine était aveugle face à la lumière en faisceau, — car cette dernière est insaisissable, puisque c’est dans de nombreux visages qu’elle fut constituée.
Troisième intervention du Sauveur, revêtu de son vêtement lumineux universel, pour libérer la lumière de l’Esprit des profondeurs de l’Obscur. Formation de l’Homme primordial.
Or moi, j’eus pitié de la lumière de l’Esprit, celle que l’Intellect avait prise. Je retournai vers ma position pour implorer la Lumière supérieure, infinie, afin que la puissance de l’Esprit augmentât dans le Lieu et se remplît, non pas des souillures obscures, mais de la pureté. Je dis : « Tu es la racine de la Lumière. Ta forme cachée s’est manifestée, elle qui est supérieure, infinie. Que la puissance entière de l’Esprit s’égalise et se remplisse de sa lumière ! La Lumière infinie ne pourra s’unir à l’Esprit inengendré ; la puissance de l’Étonnement ne pourra pas non plus se mélanger à la Nature. »
Selon la volonté de la Grandeur, ma prière fut acceptée. Et on entendit la voix du Logos disant de par la Grandeur, à l’Esprit inengendré : « Voici que la Puissance a atteint sa plénitude. Celui qui a été révélé par moi, s’est manifesté dans l’Esprit. » — « De nouveau, je me manifesterai : je suis Derdekeas, le Fils de la Lumière immaculée, infinie. La lumière de l’Esprit infini est descendue dans une nature faible pour un peu de temps, jusqu’à ce que toute l’impureté de la Nature se trouvât évacuée. »
Mais pour que l’Obscur de la Nature fût confondu, je revêtis mon vêtement, lequel est le vêtement de la Lumière de la Grandeur, que je suis. Je fus sous l’aspect de l’Esprit, afin de me souvenir de toute la lumière : celle-ci était dans les profondeurs de l’Obscur. Selon la volonté de la Grandeur, afin que l’Esprit, par le Logos, se remplît de sa lumière sans la puissance de la Lumière infinie, et selon ma volonté, l’Esprit s’éleva par sa puissance. Sa Grandeur lui fut accordée, pour qu’il se remplît de toute sa lumière et qu’il sortît de toute la pesanteur de l’Obscur. Car ce qui était derrière, était un Feu obscur, soufflant et pesant sur l’Esprit. Et l’Esprit se réjouit parce qu’il avait été préservé de l’Eau terrifiante. Mais sa lumière n’était pas égale à la Grandeur. Cependant, ce qui lui fut accordé par la Lumière infinie, le fut afin que dans tous ses membres il manifestât une forme lumineuse une. Or, lorsque l’Esprit s’éleva au-dessus de l’Eau, la forme obscure de celle-ci se révéla. Puis l’Esprit rendit hommage à la Lumière supérieure : « En vérité, toi seule es infinie, parce que tu es au-dessus de tout inengendré et que tu m’as préservé de l’Obscur. Et quand tu l’ as voulu, je me suis élevé au-dessus de la puissance obscure. »
Et afin que rien ne te soit caché, Sem, la Pensée que l’Esprit avait conçue par la Grandeur vint à l’existence, puisque l’Obscur n’avait pas trouvé moyen de maîtriser sa malice. Mais une fois qu’il se fut manifesté, on reconnut les trois racines telles qu’elles étaient depuis l’origine. Si l’Obscur avait trouvé moyen de supporter sa malice, l’Intellect ne se serait pas séparé de lui, ni aucune autre puissance ne se serait manifestée.
Mais depuis qu’il s’est manifesté, on m’a donc vu, moi, le Fils de la Grandeur, afin que la lumière de l’Esprit ne devînt pas sourde et que la Nature ne dominât pas sur elle, puisqu’elle avait levé les yeux vers moi. Or, par la volonté de la Grandeur, mon homogénéité apparut, afin que se manifestât ce qui est de la Puissance : c’est toi la grande Puissance qui vins à l’existence. Et moi, je suis la Lumière parfaite, située au-dessus de l’Esprit et de l’Obscur. La honte de l’Obscur se trouve dans l’union du frottement impur. Car c’est par la division de la Nature que la Grandeur de l’Esprit désire se mettre à l’abri dans l’honneur au sommet de la Pensée de l’Esprit. Aussi
l’Esprit obtenait-il le repos dans sa puissance. En effet, l’image de la Lumière est indivisible de l’Esprit inengendré. Et ils ne l’ont pas nommée à partir de tous les nuages de la Nature, les Législateurs, aussi bien, n’est-il pas possible de la nommer. Car toute forme que la Nature a séparée, c’est du feu agité qu’elle est puissance — c’est-à-dire la semence de l’hylique ; (le feu), qui reçoit la puissance de l’Obscur, a enclos celle-ci à l’intérieur des membres de la Nature. Mais par la volonté de la Grandeur, afin que l’Intellect et toute la lumière de l’Esprit fussent préservés de tout fardeau et de toute peine de la Nature, une voix vint de l’Esprit sur le nuage de l’Hymen. Et la lumière de l’Étonnement entonna un chant de jubilation avec la voix qui lui avait été accordée. Et le grand Esprit lumineux se trouvait dans le nuage de l’Hymen.La lumière de l’Étonnement rendit hommage à la Lumière infinie ainsi qu’à la Figure universelle — c’est-à-dire moi — : « Fils de la Grandeur, que l’on appelle Levant-Couchant, c’est toi la Lumière infinie, celle qui a été donnée, par la volonté de la Grandeur, pour redresser toute lumière de l’Esprit sur le Lieu et pour séparer l’Intellect de l’Obscur. Car il ne convenait pas que la lumière de l’Esprit demeurât dans l’Hadès. Lorsque tu le voulus, en effet, l’Esprit s’éleva pour contempler ta Grandeur. »
Car ce que je t’ai dit, Sem, je te l’ai dit pour que tu comprennes que ma figure à moi, le Fils de la Grandeur, est issue de ma Pensée infinie, étant donné que je suis pour la Grandeur Figure universelle et qui ne ment pas, vu que je suis au-dessus 6 de toute vérité et origine de la Parole. Sa manifestation réside dans mon beau vêtement lumineux, qui est la Voix de la Pensée incommensurable. C’est nous la Lumière une qui vint à l’existence seule. Elle s’est manifestée dans une autre racine afin que la puissance de l’Esprit fût éveillée de la Nature faible.
Quatrième intervention du Sauveur qui descend dans l’Hymen et y revêt un vêtement trimorphe, c’est-à-dire le Logos de l’Esprit à triple forme. Seconde chute d’une entité lumineuse
Car, par la volonté de la 1 grande Lumière, je sortis de l’Esprit supérieur en descendant vers le nuage de l’Hymen sans mon vêtement universel. Puis le Logos me reçut de la part de l’Esprit dans le premier nuage de l’Hymen de la nature. Et je le revêtis celui-là dont la Grandeur, ainsi que l’Esprit inengendré, m’avaient rendu digne. Alors l’unité trine de mon vêtement apparut dans le nuage, par la volonté de la Grandeur, en une forme une et ma figure fut recouverte par la lumière de mon vêtement.
Or le nuage se troubla ; il ne put supporter ma figure. Il renversa la première Puissance, celle qu’il avait reçue de l’Esprit, celle qui l’avait irradié depuis le début, avant que je n’apparaisse dans le Logos de l’Esprit : le nuage ne pouvait supporter les deux. Alors, la Lumière qui sortit alors du nuage traversa le Silence jusqu’à ce qu’elle eût pénétré à l’intérieur du Milieu. Et, par la volonté de la Grandeur, se mélangea à elle la lumière de l’Esprit, qui est dans le Silence, celle qui avait été séparée de l’Esprit lumineux — elle avait été séparée de la Lumière par le nuage du Silence. Le nuage se troubla. C’était la lumière du Silence qui donnait le repos à la flamme de feu ; elle abaissa la Matrice obscure, de façon à ne pas lui révéler une autre race. Hors de l’Obscur, la lumière du Silence retint les germes dans le Milieu de la Nature à leur position —c’est-à-dire dans le nuage. Les germes troublèrent, ne sachant pas où ils étaient, eux qui, en effet, n’avaient pas pour l’heure la connaissance universelle de l’Esprit.
Cinquième intervention du Sauveur, dans l’Hymen. La Lumière de l’Esprit entreprend de se libérer de l’Eau et des nuages de feu. La Lumière de l’Hymen est rendue parfaite
Moi, cependant, ayant prié la Grandeur, vers la Lumière infinie, afin que la puissance troublée de l’Esprit pût aller et venir et que la Matrice obscure fût rendue inopérante, et afin que ma figure se révélât dans le nuage de l’Hymen, comme si j’étais enveloppé de la lumière de l’Esprit, laquelle m’avait précédé, alors, par la volonté de la Grandeur et grâce à la prière, je fus dans le nuage, afin que, par mon vêtement — celui-ci provenait de la puissance de l’Esprit —, afin donc que la plénitude du Logos apportât puissance aux membres — ceux-ci l’avaient dans l’Obscur. Ainsi, à cause d’eux, j’apparus dans ce lieu infime. C’est que je suis, en effet, un secours pour quiconque a reçu nom. Car lorsque j’apparus dans le nuage, la lumière de l’Esprit entreprit de se libérer de l’Eau redoutable et des nuages de feu — eux qui s’étaient séparés de la Nature obscure. Et j’accordai aux nuages un honneur éternel pour qu’ils ne se mélangent plus au frottement souillé.
Or la lumière qui était dans l’Hymen fut troublée par ma puissance et elle me traversa en plein milieu ; elle se remplit de la Pensée universelle et du Logos de la lumière de l’Esprit. Elle se tourna vers son repos et prit forme dans sa racine. Elle irradia, puisqu’elle était sans déficience. Cependant, la Lumière qui était sortie du Silence avec elle marcha hors du Milieu et s’en retourna vers son lieu. Alors le nuage irradia, et de lui jaillit un feu inextinguible. Quant à la partie qui s’était séparée de l’Étonnement, elle s’était revêtue de l’oubli ; elle avait été trompée par le feu obscur. Or le trouble de son agitation rejeta le fardeau du nuage. Le fardeau était mauvais, puisqu’il n’était pas pur. Mais le feu se mélangea à l’Eau en sorte qu’il rendit les eaux nuisibles. Puis la Nature qui avait été refoulée se redressa aussitôt hors des eaux inertes. En effet, son abaissement était une honte. La Nature reçut donc la puissance ignée ; elle devint forte à cause de la lumière de l’Esprit — celle qui était dans la Nature. Sa forme se manifesta dans l’Eau sous l’aspect d’une bête terrifiante, aux visages multiples, dont la partie inférieure était tordue.
Sixième intervention du Sauveur. Par la volonté du Sauveur et grâce au regard de l’Esprit, la Matrice reçoit la révélation des germes lumineux qui sont en elle, mais sa racine est rendue inopérante
Une lumière descendit dans le chaos, plein de brume et de poussière, afin de nuire à la Nature. Or la lumière de l’Étonnement — celle qui était dans le Milieu —, une fois qu’elle eut rejeté loin d’elle le fardeau de l’Obscur, s’avança vers elle. Elle se réjouit lorsque l’Esprit séleva. En effet, celui-ci jeta, à partir des nuages, un regard vers le fond des eaux obscures sur la lumière — celle qui se trouvait dans les profondeurs de la Nature. Voici pourquoi je me suis manifesté : afin de saisir une occasion de descendre au fond du Tartare, jusqu’à la lumière de l’Esprit, qui était alourdie, pour la préserver de la malice du fardeau. Grâce, donc, au regard de l’Esprit vers la position obscure, la Lumière de nouveau remonta, afin que la Matrice derechef remontât de l’eau. Elle remonta par ma volonté ; sournoisement, l’oeil s’ouvrit. Alors se reposa la Lumière qui s’était révélée dans le Milieu, — celle qui s’était séparée de l’Étonnement. Elle irradia la Matrice, et la Matrice vit ceux qu’elle n’avait pas vus. Aussi, se réjouit-elle, jubilant dans la Lumière — bien que ne fût pas à elle ce qui était apparu dans le Milieu, dans sa malice, lorsque la Lumière l’avait irradiée. La Matrice, donc, vit ceux qu’elle n’avait pas vus. Puis elle fut entraînée dans l’eau. Elle pensait qu’elle avait obtenu la puissance lumineuse. Mais elle ne savait pas que sa racine était inopérante par l’effet de l’image de la Lumière et qu’elle était celle vers qui a Lumière était accourue.
Septième intervention du Sauveur, afin de rendre parfaite la lumière dans le nuage du Silence,puis dans le nuage du Milieu
La lumière qui était dans le Milieu regarda celle-ci était commencement et fin. C’est pourquoi sa Pensée leva aussitôt les yeux vers la Lumière supérieure, puis elle s’écria et dit : « Seigneur, aie pitié de moi, car ma lumière et ma peine se sont égarées. En effet, si ta bonté ne me redresse, je ne sais vraiment pas où je suis. » Or, après que la Grandeur l’eut entendue, elle eut pitié d’elle et j’apparus, à partir du nuage de l’Hymen, dans le Silence, sans mon vêtement saint. Par ma volonté, je rendis hommage à mon vêtement trimorphe, issu du nuage de l’Hymen. Alors la Lumière qui se trouve dans le Silence, celle qui est émanée de la Puissance exultante, me reçut en elle. Je la revêtis et ses deux parties se révélèrent en une forme une : ses parties, elles aussi, ne s’étaient pas révélées à cause du feu. — Je m’étais trouvé dans l’incapacité de parler dans le nuage de l’Hymen, car son feu était terrible, s’élevant sans défaillir.
Mais afin que se révèlent ma Grandeur et le Logos, de même aussi je déposai mon vêtement dans le nuage du Silence. Je pénétrai dans le Milieu et je revêtis la Lumière qui s’y trouvait — elle qui était en oubli, qui était séparée de l’Esprit d’Étonnement — : en effet, elle avait rejeté le fardeau loin d’elle. Quand je le voulus, rien de mortel pour elle ne se manifesta, mais ce ne fut que des choses immortelles que l’Esprit lui accorda. Alors la Lumière du Milieu dit dans la Pensée de la Lumière : « AI, EIC, AI, OU, PHAR, DOU, IA, EI, OU » c’est-à-dire : « Je fus dans un grand repos », et ce, afin que l’Esprit donne le repos à ma Lumière dans sa racine et la retire de la Nature nuisible.
Huitième intervention du Sauveur, avec son vêtement de feu, pour séparer l’Intellect de la Matrice et ainsi délivrer toute la lumière de l’Esprit
Alors, moi, par la volonté de la Grandeur, je me dépouillai de mon vêtement lumineux. Je revêtis un autre vêtement, de feu et sans forme — issu de l’Intellect de la Puissance, qui avait été séparé et préparé pour moi, selon ma volonté, dans le Milieu. Car le Milieu l’enveloppait d’une puissance1 obscure. Pour aller le revêtir, je descendis dans le chaos, afin d’en délivrer toute la Lumière. C’est que, sans la Puissance obscure, je n’aurais pu combattre la Nature. Une fois que je fus entré dans la Nature, elle ne put supporter ma puissance. Mais je me reposai sur son oeil qui regardait fixement. C’était une lumière émanée de l’Esprit. En effet, elle avait été préparée pour moi comme vêtement et comme repos par l’Esprit. À cause de moi, elle ouvrit ses yeux en bas vers l’Hadès. Elle accorda à la Nature sa voix pour un temps. Or mon vêtement igné, selon la volonté de la Grandeur, descendit vers celui qui est puissant et vers la partie impure de la Nature, celle que la puissance obscure enveloppait. Puis mon vêtement frotta la Nature de son étoffe, et sa féminité impure devint puissante. Et la Matrice, ardente, monta. Elle fit que l’Intellect, à la manière d’une forme de poisson, devînt sec, ayant en lui une goutte ignée et une puissance ignée. Mais une fois que la Nature eut expulsé l’Intellect hors d’elle, elle se troubla et pleura. Quand elle fut dans la douleur et dans les larmes, elle expulsa hors d’elle la puissance de l’Esprit, puis elle se tint silencieuse, pareillement à moi. Je revêtis la lumière de l’Esprit, puis je me reposai avec mon vêtement à la vue du poisson.
Et, afin que fussent condamnées les oeuvres de la Nature, car elle est aveugle, de nombreuses formes de bêtes sortirent d’elle, conformément au nombre des vents en mouvement. Elles vinrent toutes à l’existence dans l’Hadès, cherchant la lumière de l’Intellect qui procure la forme. Elles furent incapables de se dresser contre elle. Je me réjouis de leur ignorance. Elles me trouvèrent, moi, Fils de la Grandeur, face à la Matrice polymorphe.
Neuvième intervention du Sauveur, qui revêt la Bête. Création du ciel et de la terre
Je revêtis la Bête et adressai à la Matrice une grande demande : qu’elle fît venir à l’existence un ciel et une terre, afin que s’élevât toute la lumière. Car la puissance de l’Esprit n’aurait pu d’une autre manière être délivrée du lien, si je ne m’étais manifesté à elle dans une figure de bête. C’est pourquoi elle me le)concéda, comme si, moi, j’étais son fils. À cause, donc, de ma demande, la Nature s’éleva, puisqu’elle avait quelque chose provenant de la puissance de l’Esprit, de l’Obscur et du feu. En effet, elle s’était dépouillée de ses formes. Une fois qu’elle se fut retournée, elle souffla sur l’eau : le ciel fut créé ; et, de l’écume du ciel, la terre vint à l’être. Et, quand je le voulus, elle produisit toutes choses comestibles, selon le nombre des bêtes. Elle produisit aussi de la rosée à partir des vents, pour vous et pour ceux qui seront engendrés une deuxième fois sur la terre. Car la terre avait une puissance de feu agité. C’est pourquoi elle produisit toute semence. Et après que furent créés le ciel et la terre, mon vêtement igné s’éleva au milieu du nuage de la Nature. Il brilla sur la création tout entière, jusqu’à ce que la Nature fût rendue vide. L’Obscur, qu’elle avait pour vêtement, fut jeté vers les eaux nuisibles : le Milieu fut purifié de l’Obscur. Mais la Matrice s’affligeait de ce qui était venu à l’existence. D’entre ses parties, elle contempla celle qui était eau à la manière d’un miroir. Après avoir contemplé, elle s’étonna, se demandant comment cela était venu à l’existence. Elle se retrouva donc veuve. Quant à l’Obscur il s’étonna : il n’était pas en elle.
Dixième intervention du Sauveur, grâce à son visage bienveillant. Engendrement d’un troisième Intellect qui doit être rendu parfait et régner sur la création
Or, les formes avaient encore une puissance de feu et de lumière. Celle-ci endura d’exister dans la Nature le temps que toutes les puissances fussent éloignées d’elle. En effet, de même que la lumière de l’Esprit a été rendue parfaite en trois nuages, il faut aussi que soit rendue parfaite la Puissance qui est dans l’Hadès, au temps fixé Car moi, à cause de la grâce de la Grandeur, je lui apparus dans l’eau pour la deuxième fois. C’était mon visage, en effet, qui était bien disposé envers elle ; son visage aussi était détendu. Et je lui dis : « Que viennent à l’existence, issues de toi, une semence et une puissance sur la terre ! » Elle obéit alors à la volonté de l’Esprit, afin qu’elle fût rendue inopérante. En effet, après que ses formes se furent enlacées, elles se léchèrent mutuellement la langue ; elles s’accouplèrent et produisirent des vents et des démons avec la puissance issue du Feu, de l’Obscur et de l’Esprit. Quant à la forme qui était demeurée seule, elle rejeta la Bête hors d’elle ; elle ne s’était pas accouplée, mais c’est toute seule qu’elle se frotta. Et elle produisit un vent ayant une puissance issue du Feu, de l’Obscur et de l’Esprit.
Mais, afin que les démons aussi deviennent inopérants sur la Puissance — celle qu’ils avaient en vertu de l’union impure —, une matrice vint à l’existence avec les vents sous une forme aqueuse, puis une verge impure vint à l’existence avec les démons d’après le modèle de l’Obscur et d’après la façon qu’il avait frotté la Matrice au commencement. Cependant, après que les formes de la Nature se furent unies, elles se détournèrent les unes des autres et expulsèrent la Puissance, s’étonnant d’avoir été leurrées. Elles s’attristèrent d’une tristesse éternelle et se recouvrirent de leur puissance. Et après que je leur eus fait honte, je m’élevai avec mon vêtement dans la Puissance — c’est-à-dire avec mon vêtement) qui est plus élevé que la Bête, puisqu’il est lumineux, — afin que je rende la Nature déserte.
L’Intellect qui apparut dans la Nature obscure — lui qui était oeil du coeur de l’Obscur, — lorsque je le voulus, régna sur les vents et les démons. Et je lui donnai une figure de feu, une Lumière et une Écoute, avec une partie de Logos sans malice. C’est pourquoi il lui fut donné quelque chose de la Grandeur, afin qu’il trouvât force dans sa puissance, sans la Puissance, sans la lumière de l’Esprit et sans union obscure, pour qu’au dernier moment, quand serait détruite la Nature, il se reposât dans le Lieu glorieux. En effet, il sera trouvé fidèle, ayant pris en dégoût l’impureté de la Nature et de l’Obscur. La forte puissance de l’Intellect est issue de l’Intellect ainsi que de l’Esprit inengendré.
raduit du copte par Michel Roberge Bibliothèque copte de Nag Hammadi,
La Paraphrase qui fut faite au sujet de l’Esprit inengendré : ce qu’à moi, Sem, a révélé Derdekeas>
L’APOCALYPSE
Introduction
Selon la volonté de la Grandeur, ma pensée, qui est dans mon corps, me ravit à ma race. Elle m’éleva au sommet de la création, près de la Lumière, qui brilla sur toute la région habitée. En ce lieu, je ne vis aucune figure terrestre, mais c’était de la lumière. Ma pensée, donc, se sépara du corps de l’Obscur, comme dans un sommeil.
RÉVÉLATION DE DERDEKEAS
Cosmogonie et anthropogonie
L’harmonie originelle
J’entendis une voix me disant : « Sem, puisque tu proviens d’une puissance sans mélange et que tu es le premier existant sur la terre, écoute et comprends ce que je vais te dire d’abord au sujet des grandes Puissances. Celles-ci existaient dans les origines avant que je ne me manifeste. Il y avait la Lumière et l’Obscur, et il y avait l’Esprit entre eux. Puisque ta racine — c’est-à-dire l’Esprit inengendré — est tombée dans l’oubli, je te révèle la nature précise des Puissances : la Lumière était Pensée, pleine d’Écoute et de Logos ; ils étaient rassemblés en une forme une. Et l’Obscur était un vent dans de l’eau ; il avait l’Intellect enveloppé d’un feu agité. Et l’Esprit qui était entre eux était une lumière paisible et humble. Telles sont les trois racines.
Elles s’autorégentaient et se trouvaient occultées mutuellement, chacune dans sa puissance. Or la Lumière, puisqu’elle avait une grande puissance, connaissait la bassesse de l’Obscur ainsi que son désordre, et savait que sa racine n’était pas homogène. La déviance de l’Obscur, au contraire, était incapable de perception, au point de dire qu’il n’y avait rien de supérieur à lui. Cependant, ayant pu contenir sa malice, il restait couvert d’eau.
La chute de l’Esprit
Or il se mit en mouvement, et au bruit l’Esprit s’effraya. Il se haussa jusqu’au haut de son lieu, puis il vit une grande eau obscure et fut pris de dégoût. Alors la Pensée de l’Esprit regarda en bas : elle vit la lumière infinie ; mais la racine mauvaise ne se souciait pas d’elle. Alors, par la volonté de la grande Lumière, l’eau obscure se divisa et l’Obscur monta, enveloppé de l’ignorance mauvaise. Mais afin que l’Intellect se séparât de l’Obscur — car celui-ci en tirait orgueil— et après que l’Obscur se fût mis en mouvement, la Lumière de l’Esprit se manifesta à lui. Quand l’Obscur la vit, il s’étonna : il ne savait pas qu’il y avait une autre puissance supérieure à lui. Aussi une fois qu’il eut vu que sa figure était obscure en regard de l’Esprit, il éprouva de la douleur, et dans sa douleur il hissa son Intellect vers le sommet — parmi les membres de l’Obscur l’Intellect était l’oeil de l’amertume de la malice. — Il fit que son Intellect se rendit semblable en partie aux membres de l’Esprit, à la pensée que — considérant sa malice — il pourrait s’égaler à l’Esprit, mais il en fut incapable. Il voulait, en effet, faire quelque chose d’impossible, et cela n’arriva pas. Toutefois, de peur que ne demeurât inopérant l’Intellect de l’Obscur — qui était l’oeil de l’amertume de la malice, — puisqu’il avait été établi dans une ressemblance partielle, il se haussa et brilla d’une lumière ignée sur l’Hadès tout entier, afin que fût révélée l’homogénéité de la Lumière qui est sans déficience. Car l’Esprit tira parti de chaque forme de l’Obscur, puisqu’il s’était manifesté dans sa grandeur.
La remontée de la lumière de l’Esprit et la séparation de l’Intellect grâce à l’intervention du Sauveur, Derdekeas.
Première intervention du Sauveur, sous l’aspect de l’Esprit. Engendrement d’un second Intellect, l’Intellect démiurgique
Alors se révéla la Lumière supérieure, infinie ; elle était en effet dans une grande joie. Elle voulut se révéler à l’Esprit. La figure de la Lumière supérieure se manifesta à l’Esprit inengendré. Moi, je me manifestai. C’est moi, le Fils de la Lumière immaculée, infinie. Je me manifestai sous l’aspect de l’Esprit. Je suis, en effet, le rayon de la Lumière universelle et sa manifestation. Cela arriva, afin que l’Intellect de l’Obscur ne demeurât pas dans l’Hadès. Car l’Obscur s’était assimilé à son Intellect dans une partie des membres.
Moi, ô Sem, lorsque 13 j’apparus sous l’aspect de l’Esprit, afin que l’Obscur n’obscurcît que lui seul, selon la volonté de la Grandeur, et pour que l’Obscur devînt inopérant à partir de toute forme de la Puissance — celle qui était sienne —, l’Intellect tira d’entre l’Obscur et l’Eau le Feu agité — celui-ci était recouvert d’eau. Puis, à partir de l’Obscur, l’Eau devint un nuage, et à partir du nuage la Matrice prit forme. Le Feu agité s’y rendit — celui-ci était errance. Or, lorsque que l’Obscur vit la Matrice, il devint impur. Et une fois qu’il eut agité l’Eau, il frotta la Matrice. Son Intellect s’écoula dans les profondeurs de la Nature ; il se mélangea à la Puissance de l’amertume de l’Obscur, et l’oeil de la Puissance creva dans la perversité, en sorte que celle-ci ne put plus engendrer l’Intellect — car lui, il était semence de la Nature, issu de la racine obscure. Quand donc la Nature eut reçu en elle l’Intellect issu de la puissance obscure, toutes les formes apparurent en son sein.
Cependant, une fois que l’Obscur eut engendré l’image de l’Intellect, ce dernier s’assimila à l’Esprit. De fait, la Nature entreprit de le pousser ; elle n’en put trouver le moyen, parce qu’elle n’avait pas de forme issue de l’Obscur. Elle le conçut donc dans le nuage. Alors le nuage s’illumina : un Intellect s’y manifesta à la manière d’un feu terrifiant, nuisible, et il s’entrechoqua avec l’Esprit inengendré, puisqu’il avait une similitude issue de lui. Afin que la Nature se trouvât vidée du feu agité, alors la Nature se divisa aussitôt en quatre parties ; elles devinrent des nuages d’aspects différents. On les appela : Hymen, Chorion, Puissance, Eau. Or l’Hymen et le Chorion ainsi que la Puissance étaient des feux agités, et c’est d’entre l’Obscur et l’Eau qu’ils tirent l’Intellect à l’extérieur — car l’Intellect était entre la Nature et la puissance obscure —, afin que les eaux nuisibles n’adhèrent pas à lui.
Pour cette raison la Nature fut divisée, selon ma volonté : que l’Intellect se tournât vers sa Puissance, celle que la racine obscure avait reçue de lui, qui avait été mélangée à lui et s’était manifestée dans la Matrice. Ainsi par la division de la Nature, celle-ci se sépara de la puissance obscure, étant donné qu’elle avait quelque chose provenant de l’Intellect. Ce dernier entra dans le centre de la Puissance — c’est-à-dire Milieu de la Nature.
Cependant, l’Esprit lumineux, une fois que l’Intellect l’eut alourdi, s’étonna. Alors la puissance de son Étonnement retourna le fardeau et celui-ci se tourna vers la chaleur de l’Étonnement, puis se revêtit de la lumière de l’Esprit. Et, après que la Nature eut été mise en mouvement par la puissance de la lumière de l’Esprit, le fardeau se retourna. L’Étonnement de l’Esprit lumineux retourna donc le fardeau et adhéra au nuage de l’Hymen. Alors tous les nuages de l’Obscur tonnèrent — eux qui s’étaient séparés de l’Hadès — au sujet de la puissance étrangère : c’était l’Esprit lumineux qui était venu en eux.
Deuxième intervention du Sauveur, comme une onde lumineuse et une bourrasque de l’Esprit
Alors, par la volonté de la Grandeur, l’Esprit leva les yeux vers la Lumière infinie afin qu’on eût pitié de sa lumière et qu’on emportât son image hors de l’Hadès. Et, une fois que l’Esprit eut regardé, je déferlai au dehors, moi, Fils de la Grandeur, comme des ondes lumineuses et comme une bourrasque de l’Esprit immortel et je soufflai dans le nuage de l’Hymen sur l’Étonnement de l’Esprit inengendré. Le nuage se fendit, et irradia les autres nuages. Ceux-ci se fendirent afin que l’Esprit pût s’en retourner. C’est pourquoi l’Intellect prit forme ; son repos cessa.
Car l’Hymen de la Nature était un nuage qu’on ne peut saisir, un grand feu. Pareillement le Chorion, de la Nature était le nuage du Silence : c’était un feu majestueux. De même, la Puissance qui est mélangée à l’Intellect, elle aussi était un nuage de la Nature, elle qui avait été mélangée à l’Obscur, lui qui avait troublé la Nature en vue de l’impureté. Mais l’Eau obscure était un nuage terrifiant, et la racine de la Nature qui était du côté inférieur était tordue, du fait de son poids et de sa nocivité. Sa racine était aveugle face à la lumière en faisceau, — car cette dernière est insaisissable, puisque c’est dans de nombreux visages qu’elle fut constituée.
Troisième intervention du Sauveur, revêtu de son vêtement lumineux universel, pour libérer la lumière de l’Esprit des profondeurs de l’Obscur. Formation de l’Homme primordial.
Or moi, j’eus pitié de la lumière de l’Esprit, celle que l’Intellect avait prise. Je retournai vers ma position pour implorer la Lumière supérieure, infinie, afin que la puissance de l’Esprit augmentât dans le Lieu et se remplît, non pas des souillures obscures, mais de la pureté. Je dis : « Tu es la racine de la Lumière. Ta forme cachée s’est manifestée, elle qui est supérieure, infinie. Que la puissance entière de l’Esprit s’égalise et se remplisse de sa lumière ! La Lumière infinie ne pourra s’unir à l’Esprit inengendré ; la puissance de l’Étonnement ne pourra pas non plus se mélanger à la Nature. »
Selon la volonté de la Grandeur, ma prière fut acceptée. Et on entendit la voix du Logos disant de par la Grandeur, à l’Esprit inengendré : « Voici que la Puissance a atteint sa plénitude. Celui qui a été révélé par moi, s’est manifesté dans l’Esprit. » — « De nouveau, je me manifesterai : je suis Derdekeas, le Fils de la Lumière immaculée, infinie. La lumière de l’Esprit infini est descendue dans une nature faible pour un peu de temps, jusqu’à ce que toute l’impureté de la Nature se trouvât évacuée. »
Mais pour que l’Obscur de la Nature fût confondu, je revêtis mon vêtement, lequel est le vêtement de la Lumière de la Grandeur, que je suis. Je fus sous l’aspect de l’Esprit, afin de me souvenir de toute la lumière : celle-ci était dans les profondeurs de l’Obscur. Selon la volonté de la Grandeur, afin que l’Esprit, par le Logos, se remplît de sa lumière sans la puissance de la Lumière infinie, et selon ma volonté, l’Esprit s’éleva par sa puissance. Sa Grandeur lui fut accordée, pour qu’il se remplît de toute sa lumière et qu’il sortît de toute la pesanteur de l’Obscur. Car ce qui était derrière, était un Feu obscur, soufflant et pesant sur l’Esprit. Et l’Esprit se réjouit parce qu’il avait été préservé de l’Eau terrifiante. Mais sa lumière n’était pas égale à la Grandeur. Cependant, ce qui lui fut accordé par la Lumière infinie, le fut afin que dans tous ses membres il manifestât une forme lumineuse une. Or, lorsque l’Esprit s’éleva au-dessus de l’Eau, la forme obscure de celle-ci se révéla. Puis l’Esprit rendit hommage à la Lumière supérieure : « En vérité, toi seule es infinie, parce que tu es au-dessus de tout inengendré et que tu m’as préservé de l’Obscur. Et quand tu l’ as voulu, je me suis élevé au-dessus de la puissance obscure. »
Et afin que rien ne te soit caché, Sem, la Pensée que l’Esprit avait conçue par la Grandeur vint à l’existence, puisque l’Obscur n’avait pas trouvé moyen de maîtriser sa malice. Mais une fois qu’il se fut manifesté, on reconnut les trois racines telles qu’elles étaient depuis l’origine. Si l’Obscur avait trouvé moyen de supporter sa malice, l’Intellect ne se serait pas séparé de lui, ni aucune autre puissance ne se serait manifestée.
Mais depuis qu’il s’est manifesté, on m’a donc vu, moi, le Fils de la Grandeur, afin que la lumière de l’Esprit ne devînt pas sourde et que la Nature ne dominât pas sur elle, puisqu’elle avait levé les yeux vers moi. Or, par la volonté de la Grandeur, mon homogénéité apparut, afin que se manifestât ce qui est de la Puissance : c’est toi la grande Puissance qui vins à l’existence. Et moi, je suis la Lumière parfaite, située au-dessus de l’Esprit et de l’Obscur. La honte de l’Obscur se trouve dans l’union du frottement impur. Car c’est par la division de la Nature que la Grandeur de l’Esprit désire se mettre à l’abri dans l’honneur au sommet de la Pensée de l’Esprit. Aussi
l’Esprit obtenait-il le repos dans sa puissance. En effet, l’image de la Lumière est indivisible de l’Esprit inengendré. Et ils ne l’ont pas nommée à partir de tous les nuages de la Nature, les Législateurs, aussi bien, n’est-il pas possible de la nommer. Car toute forme que la Nature a séparée, c’est du feu agité qu’elle est puissance — c’est-à-dire la semence de l’hylique ; (le feu), qui reçoit la puissance de l’Obscur, a enclos celle-ci à l’intérieur des membres de la Nature. Mais par la volonté de la Grandeur, afin que l’Intellect et toute la lumière de l’Esprit fussent préservés de tout fardeau et de toute peine de la Nature, une voix vint de l’Esprit sur le nuage de l’Hymen. Et la lumière de l’Étonnement entonna un chant de jubilation avec la voix qui lui avait été accordée. Et le grand Esprit lumineux se trouvait dans le nuage de l’Hymen.La lumière de l’Étonnement rendit hommage à la Lumière infinie ainsi qu’à la Figure universelle — c’est-à-dire moi — : « Fils de la Grandeur, que l’on appelle Levant-Couchant, c’est toi la Lumière infinie, celle qui a été donnée, par la volonté de la Grandeur, pour redresser toute lumière de l’Esprit sur le Lieu et pour séparer l’Intellect de l’Obscur. Car il ne convenait pas que la lumière de l’Esprit demeurât dans l’Hadès. Lorsque tu le voulus, en effet, l’Esprit s’éleva pour contempler ta Grandeur. »
Car ce que je t’ai dit, Sem, je te l’ai dit pour que tu comprennes que ma figure à moi, le Fils de la Grandeur, est issue de ma Pensée infinie, étant donné que je suis pour la Grandeur Figure universelle et qui ne ment pas, vu que je suis au-dessus 6 de toute vérité et origine de la Parole. Sa manifestation réside dans mon beau vêtement lumineux, qui est la Voix de la Pensée incommensurable. C’est nous la Lumière une qui vint à l’existence seule. Elle s’est manifestée dans une autre racine afin que la puissance de l’Esprit fût éveillée de la Nature faible.
Quatrième intervention du Sauveur qui descend dans l’Hymen et y revêt un vêtement trimorphe, c’est-à-dire le Logos de l’Esprit à triple forme. Seconde chute d’une entité lumineuse
Car, par la volonté de la 1 grande Lumière, je sortis de l’Esprit supérieur en descendant vers le nuage de l’Hymen sans mon vêtement universel. Puis le Logos me reçut de la part de l’Esprit dans le premier nuage de l’Hymen de la nature. Et je le revêtis celui-là dont la Grandeur, ainsi que l’Esprit inengendré, m’avaient rendu digne. Alors l’unité trine de mon vêtement apparut dans le nuage, par la volonté de la Grandeur, en une forme une et ma figure fut recouverte par la lumière de mon vêtement.
Or le nuage se troubla ; il ne put supporter ma figure. Il renversa la première Puissance, celle qu’il avait reçue de l’Esprit, celle qui l’avait irradié depuis le début, avant que je n’apparaisse dans le Logos de l’Esprit : le nuage ne pouvait supporter les deux. Alors, la Lumière qui sortit alors du nuage traversa le Silence jusqu’à ce qu’elle eût pénétré à l’intérieur du Milieu. Et, par la volonté de la Grandeur, se mélangea à elle la lumière de l’Esprit, qui est dans le Silence, celle qui avait été séparée de l’Esprit lumineux — elle avait été séparée de la Lumière par le nuage du Silence. Le nuage se troubla. C’était la lumière du Silence qui donnait le repos à la flamme de feu ; elle abaissa la Matrice obscure, de façon à ne pas lui révéler une autre race. Hors de l’Obscur, la lumière du Silence retint les germes dans le Milieu de la Nature à leur position —c’est-à-dire dans le nuage. Les germes troublèrent, ne sachant pas où ils étaient, eux qui, en effet, n’avaient pas pour l’heure la connaissance universelle de l’Esprit.
Cinquième intervention du Sauveur, dans l’Hymen. La Lumière de l’Esprit entreprend de se libérer de l’Eau et des nuages de feu. La Lumière de l’Hymen est rendue parfaite
Moi, cependant, ayant prié la Grandeur, vers la Lumière infinie, afin que la puissance troublée de l’Esprit pût aller et venir et que la Matrice obscure fût rendue inopérante, et afin que ma figure se révélât dans le nuage de l’Hymen, comme si j’étais enveloppé de la lumière de l’Esprit, laquelle m’avait précédé, alors, par la volonté de la Grandeur et grâce à la prière, je fus dans le nuage, afin que, par mon vêtement — celui-ci provenait de la puissance de l’Esprit —, afin donc que la plénitude du Logos apportât puissance aux membres — ceux-ci l’avaient dans l’Obscur. Ainsi, à cause d’eux, j’apparus dans ce lieu infime. C’est que je suis, en effet, un secours pour quiconque a reçu nom. Car lorsque j’apparus dans le nuage, la lumière de l’Esprit entreprit de se libérer de l’Eau redoutable et des nuages de feu — eux qui s’étaient séparés de la Nature obscure. Et j’accordai aux nuages un honneur éternel pour qu’ils ne se mélangent plus au frottement souillé.
Or la lumière qui était dans l’Hymen fut troublée par ma puissance et elle me traversa en plein milieu ; elle se remplit de la Pensée universelle et du Logos de la lumière de l’Esprit. Elle se tourna vers son repos et prit forme dans sa racine. Elle irradia, puisqu’elle était sans déficience. Cependant, la Lumière qui était sortie du Silence avec elle marcha hors du Milieu et s’en retourna vers son lieu. Alors le nuage irradia, et de lui jaillit un feu inextinguible. Quant à la partie qui s’était séparée de l’Étonnement, elle s’était revêtue de l’oubli ; elle avait été trompée par le feu obscur. Or le trouble de son agitation rejeta le fardeau du nuage. Le fardeau était mauvais, puisqu’il n’était pas pur. Mais le feu se mélangea à l’Eau en sorte qu’il rendit les eaux nuisibles. Puis la Nature qui avait été refoulée se redressa aussitôt hors des eaux inertes. En effet, son abaissement était une honte. La Nature reçut donc la puissance ignée ; elle devint forte à cause de la lumière de l’Esprit — celle qui était dans la Nature. Sa forme se manifesta dans l’Eau sous l’aspect d’une bête terrifiante, aux visages multiples, dont la partie inférieure était tordue.
Sixième intervention du Sauveur. Par la volonté du Sauveur et grâce au regard de l’Esprit, la Matrice reçoit la révélation des germes lumineux qui sont en elle, mais sa racine est rendue inopérante
Une lumière descendit dans le chaos, plein de brume et de poussière, afin de nuire à la Nature. Or la lumière de l’Étonnement — celle qui était dans le Milieu —, une fois qu’elle eut rejeté loin d’elle le fardeau de l’Obscur, s’avança vers elle. Elle se réjouit lorsque l’Esprit séleva. En effet, celui-ci jeta, à partir des nuages, un regard vers le fond des eaux obscures sur la lumière — celle qui se trouvait dans les profondeurs de la Nature. Voici pourquoi je me suis manifesté : afin de saisir une occasion de descendre au fond du Tartare, jusqu’à la lumière de l’Esprit, qui était alourdie, pour la préserver de la malice du fardeau. Grâce, donc, au regard de l’Esprit vers la position obscure, la Lumière de nouveau remonta, afin que la Matrice derechef remontât de l’eau. Elle remonta par ma volonté ; sournoisement, l’oeil s’ouvrit. Alors se reposa la Lumière qui s’était révélée dans le Milieu, — celle qui s’était séparée de l’Étonnement. Elle irradia la Matrice, et la Matrice vit ceux qu’elle n’avait pas vus. Aussi, se réjouit-elle, jubilant dans la Lumière — bien que ne fût pas à elle ce qui était apparu dans le Milieu, dans sa malice, lorsque la Lumière l’avait irradiée. La Matrice, donc, vit ceux qu’elle n’avait pas vus. Puis elle fut entraînée dans l’eau. Elle pensait qu’elle avait obtenu la puissance lumineuse. Mais elle ne savait pas que sa racine était inopérante par l’effet de l’image de la Lumière et qu’elle était celle vers qui a Lumière était accourue.
Septième intervention du Sauveur, afin de rendre parfaite la lumière dans le nuage du Silence,puis dans le nuage du Milieu
La lumière qui était dans le Milieu regarda celle-ci était commencement et fin. C’est pourquoi sa Pensée leva aussitôt les yeux vers la Lumière supérieure, puis elle s’écria et dit : « Seigneur, aie pitié de moi, car ma lumière et ma peine se sont égarées. En effet, si ta bonté ne me redresse, je ne sais vraiment pas où je suis. » Or, après que la Grandeur l’eut entendue, elle eut pitié d’elle et j’apparus, à partir du nuage de l’Hymen, dans le Silence, sans mon vêtement saint. Par ma volonté, je rendis hommage à mon vêtement trimorphe, issu du nuage de l’Hymen. Alors la Lumière qui se trouve dans le Silence, celle qui est émanée de la Puissance exultante, me reçut en elle. Je la revêtis et ses deux parties se révélèrent en une forme une : ses parties, elles aussi, ne s’étaient pas révélées à cause du feu. — Je m’étais trouvé dans l’incapacité de parler dans le nuage de l’Hymen, car son feu était terrible, s’élevant sans défaillir.
Mais afin que se révèlent ma Grandeur et le Logos, de même aussi je déposai mon vêtement dans le nuage du Silence. Je pénétrai dans le Milieu et je revêtis la Lumière qui s’y trouvait — elle qui était en oubli, qui était séparée de l’Esprit d’Étonnement — : en effet, elle avait rejeté le fardeau loin d’elle. Quand je le voulus, rien de mortel pour elle ne se manifesta, mais ce ne fut que des choses immortelles que l’Esprit lui accorda. Alors la Lumière du Milieu dit dans la Pensée de la Lumière : « AI, EIC, AI, OU, PHAR, DOU, IA, EI, OU » c’est-à-dire : « Je fus dans un grand repos », et ce, afin que l’Esprit donne le repos à ma Lumière dans sa racine et la retire de la Nature nuisible.
Huitième intervention du Sauveur, avec son vêtement de feu, pour séparer l’Intellect de la Matrice et ainsi délivrer toute la lumière de l’Esprit
Alors, moi, par la volonté de la Grandeur, je me dépouillai de mon vêtement lumineux. Je revêtis un autre vêtement, de feu et sans forme — issu de l’Intellect de la Puissance, qui avait été séparé et préparé pour moi, selon ma volonté, dans le Milieu. Car le Milieu l’enveloppait d’une puissance1 obscure. Pour aller le revêtir, je descendis dans le chaos, afin d’en délivrer toute la Lumière. C’est que, sans la Puissance obscure, je n’aurais pu combattre la Nature. Une fois que je fus entré dans la Nature, elle ne put supporter ma puissance. Mais je me reposai sur son oeil qui regardait fixement. C’était une lumière émanée de l’Esprit. En effet, elle avait été préparée pour moi comme vêtement et comme repos par l’Esprit. À cause de moi, elle ouvrit ses yeux en bas vers l’Hadès. Elle accorda à la Nature sa voix pour un temps. Or mon vêtement igné, selon la volonté de la Grandeur, descendit vers celui qui est puissant et vers la partie impure de la Nature, celle que la puissance obscure enveloppait. Puis mon vêtement frotta la Nature de son étoffe, et sa féminité impure devint puissante. Et la Matrice, ardente, monta. Elle fit que l’Intellect, à la manière d’une forme de poisson, devînt sec, ayant en lui une goutte ignée et une puissance ignée. Mais une fois que la Nature eut expulsé l’Intellect hors d’elle, elle se troubla et pleura. Quand elle fut dans la douleur et dans les larmes, elle expulsa hors d’elle la puissance de l’Esprit, puis elle se tint silencieuse, pareillement à moi. Je revêtis la lumière de l’Esprit, puis je me reposai avec mon vêtement à la vue du poisson.
Et, afin que fussent condamnées les oeuvres de la Nature, car elle est aveugle, de nombreuses formes de bêtes sortirent d’elle, conformément au nombre des vents en mouvement. Elles vinrent toutes à l’existence dans l’Hadès, cherchant la lumière de l’Intellect qui procure la forme. Elles furent incapables de se dresser contre elle. Je me réjouis de leur ignorance. Elles me trouvèrent, moi, Fils de la Grandeur, face à la Matrice polymorphe.
Neuvième intervention du Sauveur, qui revêt la Bête. Création du ciel et de la terre
Je revêtis la Bête et adressai à la Matrice une grande demande : qu’elle fît venir à l’existence un ciel et une terre, afin que s’élevât toute la lumière. Car la puissance de l’Esprit n’aurait pu d’une autre manière être délivrée du lien, si je ne m’étais manifesté à elle dans une figure de bête. C’est pourquoi elle me le)concéda, comme si, moi, j’étais son fils. À cause, donc, de ma demande, la Nature s’éleva, puisqu’elle avait quelque chose provenant de la puissance de l’Esprit, de l’Obscur et du feu. En effet, elle s’était dépouillée de ses formes. Une fois qu’elle se fut retournée, elle souffla sur l’eau : le ciel fut créé ; et, de l’écume du ciel, la terre vint à l’être. Et, quand je le voulus, elle produisit toutes choses comestibles, selon le nombre des bêtes. Elle produisit aussi de la rosée à partir des vents, pour vous et pour ceux qui seront engendrés une deuxième fois sur la terre. Car la terre avait une puissance de feu agité. C’est pourquoi elle produisit toute semence. Et après que furent créés le ciel et la terre, mon vêtement igné s’éleva au milieu du nuage de la Nature. Il brilla sur la création tout entière, jusqu’à ce que la Nature fût rendue vide. L’Obscur, qu’elle avait pour vêtement, fut jeté vers les eaux nuisibles : le Milieu fut purifié de l’Obscur. Mais la Matrice s’affligeait de ce qui était venu à l’existence. D’entre ses parties, elle contempla celle qui était eau à la manière d’un miroir. Après avoir contemplé, elle s’étonna, se demandant comment cela était venu à l’existence. Elle se retrouva donc veuve. Quant à l’Obscur il s’étonna : il n’était pas en elle.
Dixième intervention du Sauveur, grâce à son visage bienveillant. Engendrement d’un troisième Intellect qui doit être rendu parfait et régner sur la création
Or, les formes avaient encore une puissance de feu et de lumière. Celle-ci endura d’exister dans la Nature le temps que toutes les puissances fussent éloignées d’elle. En effet, de même que la lumière de l’Esprit a été rendue parfaite en trois nuages, il faut aussi que soit rendue parfaite la Puissance qui est dans l’Hadès, au temps fixé Car moi, à cause de la grâce de la Grandeur, je lui apparus dans l’eau pour la deuxième fois. C’était mon visage, en effet, qui était bien disposé envers elle ; son visage aussi était détendu. Et je lui dis : « Que viennent à l’existence, issues de toi, une semence et une puissance sur la terre ! » Elle obéit alors à la volonté de l’Esprit, afin qu’elle fût rendue inopérante. En effet, après que ses formes se furent enlacées, elles se léchèrent mutuellement la langue ; elles s’accouplèrent et produisirent des vents et des démons avec la puissance issue du Feu, de l’Obscur et de l’Esprit. Quant à la forme qui était demeurée seule, elle rejeta la Bête hors d’elle ; elle ne s’était pas accouplée, mais c’est toute seule qu’elle se frotta. Et elle produisit un vent ayant une puissance issue du Feu, de l’Obscur et de l’Esprit.
Mais, afin que les démons aussi deviennent inopérants sur la Puissance — celle qu’ils avaient en vertu de l’union impure —, une matrice vint à l’existence avec les vents sous une forme aqueuse, puis une verge impure vint à l’existence avec les démons d’après le modèle de l’Obscur et d’après la façon qu’il avait frotté la Matrice au commencement. Cependant, après que les formes de la Nature se furent unies, elles se détournèrent les unes des autres et expulsèrent la Puissance, s’étonnant d’avoir été leurrées. Elles s’attristèrent d’une tristesse éternelle et se recouvrirent de leur puissance. Et après que je leur eus fait honte, je m’élevai avec mon vêtement dans la Puissance — c’est-à-dire avec mon vêtement) qui est plus élevé que la Bête, puisqu’il est lumineux, — afin que je rende la Nature déserte.
L’Intellect qui apparut dans la Nature obscure — lui qui était oeil du coeur de l’Obscur, — lorsque je le voulus, régna sur les vents et les démons. Et je lui donnai une figure de feu, une Lumière et une Écoute, avec une partie de Logos sans malice. C’est pourquoi il lui fut donné quelque chose de la Grandeur, afin qu’il trouvât force dans sa puissance, sans la Puissance, sans la lumière de l’Esprit et sans union obscure, pour qu’au dernier moment, quand serait détruite la Nature, il se reposât dans le Lieu glorieux. En effet, il sera trouvé fidèle, ayant pris en dégoût l’impureté de la Nature et de l’Obscur. La forte puissance de l’Intellect est issue de l’Intellect ainsi que de l’Esprit inengendré.