Les Miracles de l'Évangile
SUPERIORITE DE LA NATURE DE JESUS
1.- Les faits rapportés dans l'Evangile, et qui ont été jusqu'ici considérés comme miraculeux, appartiennent, pour la plupart, à l'ordre des phénomènes psychiques, c'est-à-dire de ceux qui ont pour cause première les facultés et les attributs de l'âme. En les rapprochant de ceux qui sont décrits et expliqués dans le chapitre précédent, on reconnaît sans peine qu'il y a entre eux identité de cause et d'effet. L'histoire en montre d'analogues dans tous les temps et chez tous les peuples, par la raison que, depuis qu'il y a des âmes incarnées et désincarnées, les mêmes effets ont dû se produire. On peut, il est vrai, contester sur ce point la véracité de l'histoire ; mais aujourd'hui ils se produisent sous nos yeux, pour ainsi dire à volonté, et par des individus qui n'ont rien d'exceptionnel. Le fait seul de la reproduction d'un phénomène, dans des conditions identiques, suffit pour prouver qu'il est possible et soumis à une loi, et que dès lors il n'est pas miraculeux.
Le principe des phénomènes psychiques repose, comme on l'a vu, sur les propriétés du fluide périsprital qui constitue l'agent magnétique ; sur les manifestations de la vie spirituelle pendant la vie et après la mort ; enfin sur l'état constitutif des Esprits et leur rôle comme force active de la nature. Ces éléments connus et leurs effets constatés, ils ont pour conséquence de faire admettre la possibilité de certains faits que l'on rejetait alors qu'on leur attribuait une origine surnaturelle.
2.- Sans rien préjuger sur la nature du Christ, qu'il n'entre pas dans le cadre de cet ouvrage d'examiner, en ne le considérant, par hypothèse, que comme un Esprit supérieur, on ne peut s'empêcher de reconnaître en lui un de ceux de l'ordre le plus élevé, et qu'il est placé par ses vertus bien au-dessus de l'humanité terrestre. Par les immenses résultats qu'elle a produits, son incarnation en ce monde ne pouvait être qu'une de ces missions qui ne sont confiées qu'aux messagers directs de la Divinité pour l'accomplissement de ses desseins. En supposant qu'il ne fût pas Dieu lui-même, mais un envoyé de Dieu pour transmettre sa parole, il serait plus qu'un prophète, car il serait un Messie divin.
Comme homme, il avait l'organisation des êtres charnels ; mais comme Esprit pur, détaché de la matière, il devait vivre de la vie spirituelle plus que de la vie corporelle, dont il n'avait point les faiblesses. La supériorité de Jésus sur les hommes ne tenait point aux qualités particulières de son corps, mais à celles de son Esprit, qui dominait la matière d'une manière absolue, et à celle de son périsprit puisé dans la partie la plus quintessenciée des fluides terrestres.
[ltr](Chap. XIV, n° 9)[/ltr]
. Son âme ne devait tenir au corps que par les liens strictement indispensables ; constamment dégagée, elle devait lui donner une double vue non seulement permanente, mais d'une pénétration exceptionnelle et bien autrement supérieure à celle que l'on voit chez les hommes ordinaires. Il devait en être de même de tous les phénomènes qui dépendent des fluides périspritaux ou psychiques. La qualité de ces fluides lui donnait une immense puissance magnétique secondée par le désir incessant de faire le bien.
Dans les guérisons qu'il opérait, agissait-il comme médium ? Peut-on le considérer comme un puissant médium guérisseur ? Non ; car le médium est un intermédiaire, un instrument dont se servent les Esprits désincarnés. Or, le Christ n'avait pas besoin d'assistance, lui qui assistait les autres ; il agissait donc par lui-même, en vue de sa puissance personnelle, ainsi que peuvent le faire les incarnés dans certains cas et dans la mesure de leurs forces. Quel Esprit d'ailleurs eût osé lui insuffler ses propres pensées et le charger de les transmettre ? S'il recevait un influx étranger, ce ne pouvait être que de Dieu ; selon la définition donnée par un Esprit, il était médium de Dieu.
SONGES
3.- Joseph, dit l'Evangile, fut averti par un ange qui lui apparut en songe et lui dit de fuir en Egypte avec l'Enfant (Saint Matth., chap. II, v. de 19 à 23).
Les avertissements par songes jouent un grand rôle dans les livres sacrés de toutes les religions. Sans garantir l'exactitude de tous les faits rapportés et sans les discuter, le phénomène en lui-même n'a rien d'anormal quand on sait que le temps du sommeil est celui où l'Esprit, se dégageant des liens de la matière, rentre momentanément dans la vie spirituelle où il se retrouve avec ceux qu'il a connus. C'est souvent ce moment que choisissent les Esprits protecteurs pour se manifester à leurs protégés et leur donner des conseils plus directs. Les exemples authentiques d'avertissements par songes sont nombreux, mais il n'en faudrait pas inférer que tous les songes sont des avertissements, et encore moins que tout ce qu'on voit en rêve a sa signification. Il faut ranger parmi les croyances superstitieuses et absurdes, l'art d'interpréter les songes
[ltr](Chap. XIV, n° 27 et 28)[/ltr]
Les avertissements par songes jouent un grand rôle dans les livres sacrés de toutes les religions. Sans garantir l'exactitude de tous les faits rapportés et sans les discuter, le phénomène en lui-même n'a rien d'anormal quand on sait que le temps du sommeil est celui où l'Esprit, se dégageant des liens de la matière, rentre momentanément dans la vie spirituelle où il se retrouve avec ceux qu'il a connus. C'est souvent ce moment que choisissent les Esprits protecteurs pour se manifester à leurs protégés et leur donner des conseils plus directs. Les exemples authentiques d'avertissements par songes sont nombreux, mais il n'en faudrait pas inférer que tous les songes sont des avertissements, et encore moins que tout ce qu'on voit en rêve a sa signification. Il faut ranger parmi les croyances superstitieuses et absurdes, l'art d'interpréter les songes
[ltr](Chap. XIV, n° 27 et 28)[/ltr]
ETOILE DES MAGES
4.- Il est dit qu'une étoile apparut aux mages qui vinrent adorer Jésus, qu'elle marcha devant eux pour leur indiquer la route et s'arrêta quand ils furent arrivés (Saint Matth., chap. II, v. de 1 à 12).
La question n'est pas de savoir si le fait rapporté par saint Matthieu est réel, ou si ce n'est qu'une figure pour indiquer que les mages furent guidés d'une manière mystérieuse vers le lieu où était l'Enfant, attendu qu'il n'existe aucun moyen de contrôle, mais bien si un fait de cette nature est possible.
Une chose certaine, c'est que dans cette circonstance la lumière ne pouvait être une étoile. On pouvait le croire à l'époque où l'on pensait que les étoiles sont des points lumineux attachés au firmament et qui peuvent tomber sur la terre ; mais non aujourd'hui que l'on connaît leur nature.
Pour n'avoir pas la cause qu'on lui attribue, le fait de l'apparition d'une lumière ayant l'aspect d'une étoile n'en est pas moins une chose possible. Un Esprit peut apparaître sous une forme lumineuse, ou transformer une partie de son fluide périsprital en un point lumineux. Plusieurs faits de ce genre, récents et parfaitement authentiques, n'ont pas d'autre cause, et cette cause n'a rien de surnaturel
[ltr](Chap. XIV, n° 13 et suiv.)[/ltr]
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DOUBLE VUE
Entrée de Jésus à Jérusalem.
5.- Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem, et qu'ils furent arrivés à Bethphagé, près de la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples, et leur dit : Allez à ce village qui est devant vous, et vous y trouverez en arrivant une ânesse liée, et son ânon auprès d'elle ; déliez-la et me les amenez. - Si quelqu'un vous dit quelque chose, dites-lui que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il les laissera emmener. - Or, tout ceci s'est fait afin que cette parole du prophète fût accomplie : - Dites à la fille de Sion : Voici votre roi qui vient à vous, plein de douceur, monté sur une ânesse, et sur l'ânon de celle qui est sous le joug (Zacharie, IX, v. 9, 10).
5.- Lorsqu'ils approchèrent de Jérusalem, et qu'ils furent arrivés à Bethphagé, près de la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples, et leur dit : Allez à ce village qui est devant vous, et vous y trouverez en arrivant une ânesse liée, et son ânon auprès d'elle ; déliez-la et me les amenez. - Si quelqu'un vous dit quelque chose, dites-lui que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il les laissera emmener. - Or, tout ceci s'est fait afin que cette parole du prophète fût accomplie : - Dites à la fille de Sion : Voici votre roi qui vient à vous, plein de douceur, monté sur une ânesse, et sur l'ânon de celle qui est sous le joug (Zacharie, IX, v. 9, 10).
Les disciples s'en allèrent donc, et firent ce que Jésus leur avait commandé. - Et avant amené l'ânesse et l'ânon, ils les couvrirent de leurs vêtements, et le firent monter dessus (Saint Matth., ch. XXI, v. de 1 à 7).
b..... de Judas.
6.- Levez-vous, allons, celui qui doit me trahir est près d'ici. - Il n'avait pas encore achevé ces mots, que Judas, un des douze, arriva, et avec lui une troupe de gens armés d'épées et de bâtons, qui avaient été envoyés par les princes des prêtres et par les anciens du peuple. - Or, celui qui le trahissait leur avait donné un signal pour le reconnaître, en leur disant : Celui que je baiserai, c'est celui-là même que vous cherchez ; saisissez-vous de lui. - Aussitôt donc, il s'approcha de Jésus et lui dit : Maître, je vous salue ; et il le baisa. - Jésus lui répondit : Mon ami, qu'êtes-vous venu faire ici ? Et en même temps tous les autres, s'avançant, se jetèrent sur Jésus et se saisirent de lui (Saint Matth., ch. XXIV, v. de 46 à 50).
Pêche miraculeuse.
7.- Un jour que Jésus était sur le bord du lac de Génésareth, se trouvant accablé par la foule du peuple qui se pressait pour entendre la parole de Dieu, - il vit deux barques, arrêtées au bord du lac, dont les pêcheurs étaient descendus et lavaient leurs filets. - Il entra donc dans l'une de ces barques, qui était à Simon, et le pria de s'éloigner un peu de terre ; et s'étant assis il enseignait le peuple de dessus la barque.
Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avancez en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher. - Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre, mais néanmoins sur votre parole je jetterai le filet. - L'ayant donc jeté, ils prirent une si grande quantité de poissons que leur filet se rompit. - Et ils firent signe à leurs compagnons, qui étaient dans l'autre barque, de venir les aider. Ils y vinrent, et ils remplirent tellement leurs barques, qu'il s'en fallait peu qu'elles ne coulassent à fond (Saint Luc, ch. V, v. de 1 à 7).
Vocation de Pierre, André, Jacques, Jean et Matthieu.
8.- Or Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs ; - et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. - Aussitôt, ils quittèrent leurs filets et le suivirent.
De là, s'avançant, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, qui étaient dans une barque avec Zébédée, leur père, et qui raccommodaient leurs filets, et il les appela. - En même temps ils quittèrent leurs filets et leur père, et ils le suivirent (Saint Matth., ch. IV, v. de 18 à 22).
Jésus, sortant de là, vit en passant un homme assis au bureau des impôts, nommé Matthieu, auquel il dit : Suivez-moi ; et lui aussitôt se leva et le suivit (Saint Matthieu, ch. IV, v. 9).
9.- Ces faits n'ont rien de surprenant, quand on connaît le pouvoir de la double vue et la cause très naturelle de cette faculté. Jésus la possédait au suprême degré, et l'on peut dire qu'elle était son état normal, ce qu'attestent un grand nombre d'actes de sa vie et ce qu'expliquent aujourd'hui les phénomènes magnétiques et le Spiritisme.
La pêche qualifiée de miraculeuse s'explique également par la double vue. Jésus, n'a point produit spontanément des poissons là où il n'en existait pas ; il a vu, comme aurait pu le faire un lucide éveillé, par la vue de l'âme, l'endroit où ils se trouvaient, il a pu dire avec assurance aux pêcheurs d'y jeter leurs filets.
La pénétration de la pensée, et par suite certaines prévisions, sont la conséquence de la vue spirituelle. Lorsque Jésus appelle à lui Pierre, André, Jacques, Jean et Matthieu, il fallait qu'il connût leurs dispositions intimes pour savoir qu'ils le suivraient et qu'ils étaient capables de remplir la mission dont il devait les charger. Il fallait qu'eux-mêmes eussent l'intuition de cette mission pour s'abandonner à lui. Il en est de même lorsque, le jour de la Cène, il annonce que l'un des douze le trahira, et qu'il le désigne en disant que c'est celui qui met la main dans le plat, et lorqu'il dit que Pierre le renoncera.
En maints endroits de l'Evangile, il est dit : « Mais Jésus, connaissant leur pensée, leur dit... » Or comment pouvait-il connaître leur pensée, si ce n'est à la fois par le rayonnement fluidique qui lui apportait cette pensée, et la vue spirituelle qui lui permettait de lire dans le for intérieur des individus ?
Alors souvent qu'on croit une pensée profondément ensevelie dans les replis de l'âme, on ne se doute pas qu'on porte en soi un miroir qui la réfléchit, un révélateur dans son propre rayonnement fluidique qui en est imprégné. Si l'on voyait le mécanisme du monde invisible qui nous entoure, les ramifications de ces fils conducteurs de la pensée qui relient tous les êtres intelligents, corporels et incorporels, les effluves fluidiques chargés des empreintes du monde moral, et qui, comme des courants aériens, traversent l'espace, on serait moins surpris de certains effets que l'ignorance attribue au hasard (Chap. XIV, n° 15, 22 et suivants).
GUERISONS
Perte de sang.
10.- Alors une femme, malade d'une perte de sang depuis douze ans, - qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, et qui, ayant dépensé tout son bien, n'en avait reçu aucun soulagement, mais s'en était toujours trouvée plus mal, - ayant entendu parler de Jésus, vint dans la foule par-derrière, et toucha son vêtement ; car elle disait : Si je puis seulement toucher son vêtement, je serai guérie. - Au même instant la source du sang qu'elle perdait fut séchée, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de cette maladie.
10.- Alors une femme, malade d'une perte de sang depuis douze ans, - qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, et qui, ayant dépensé tout son bien, n'en avait reçu aucun soulagement, mais s'en était toujours trouvée plus mal, - ayant entendu parler de Jésus, vint dans la foule par-derrière, et toucha son vêtement ; car elle disait : Si je puis seulement toucher son vêtement, je serai guérie. - Au même instant la source du sang qu'elle perdait fut séchée, et elle sentit dans son corps qu'elle était guérie de cette maladie.
Aussitôt Jésus, connaissant en lui-même la vertu qui était sortie de lui, se retourna au milieu de la foule, et dit : Qui est-ce qui a touché mes vêtements ? - Ses disciples lui dirent : Vous voyez que la foule vous presse de tous côtés, et vous demandez qui vous a touché ? - Et il regardait tout autour de lui pour voir celle qui l'avait touché.
Mais cette femme, qui savait ce qui s'était passé en elle, étant saisie de crainte et de frayeur, vint se jeter à ses pieds, et lui déclara toute la vérité. - Et Jésus lui dit : Ma fille, votre foi vous a sauvée ; allez en paix, et soyez guérie de votre maladie (Saint Marc, ch. V, v. de 25 à 34).
11.- Ces paroles : « Connaissant en lui-même la vertu qui était sortie de lui », sont significatives ; elles expriment le mouvement fluidique qui s'opérait de Jésus à la femme malade ; tous les deux ont ressenti l'action qui venait de se produire. Il est remarquable que l'effet n'a été provoqué par aucun acte de la volonté de Jésus ; il n'y a eu ni magnétisation, ni imposition des mains. Le rayonnement fluidique normal a suffi pour opérer la guérison.
Mais pourquoi ce rayonnement s'est-il dirigé vers cette femme plutôt que vers d'autres, puisque Jésus ne pensait pas à elle, et qu'il était entouré par la foule ?
La raison en est bien simple. Le fluide, étant donné comme matière thérapeutique, doit atteindre le désordre organique pour le réparer ; il peut être dirigé sur le mal par la volonté du guérisseur, ou attiré par le désir ardent, la confiance, en un mot la foi du malade. Par rapport au courant fluidique, le premier fait l'effet d'une pompe foulante et le second d'une pompe aspirante. Quelquefois la simultanéité des deux effets est nécessaire, d'autres fois un seul suffit ; c'est le second qui a eu lieu en cette circonstance.
Jésus avait donc raison de dire : « Votre foi vous a sauvée. » On comprend qu'ici la foi n'est pas la vertu mystique telle que certaines personnes l'entendent, mais une véritable force attractive, tandis que celui qui ne l'a pas oppose au courant fluidique une force répulsive, ou tout au moins une force d'inertie qui paralyse l'action. D'après cela, on comprend que de deux malades atteints du même mal, étant en présence d'un guérisseur, l'un puisse être guéri, et l'autre non. C'est là un des principes les plus importants de la médiumnité guérissante et qui explique, par une cause très naturelle, certaines anomalies apparentes
[ltr](Chap. XIV, n° 31, 32, 33)[/ltr]
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Aveugle de Bethsaïde.
12.- Etant arrivé à Bethsaïde, on lui amena un aveugle qu'on le pria de toucher.
Et prenant l'aveugle par la main, il le mena hors du bourg ; il lui mit de la salive sur les yeux, et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s'il voyait quelque chose. - Cet homme, regardant, lui dit : Je vois marcher des hommes qui me paraissent comme des arbres. - Jésus lui mit encore une fois les mains sur les yeux, et il commença à mieux voir ; et enfin il fut tellement guéri, qu'il voyait distinctement toutes choses.
Il le renvoya ensuite dans sa maison, et lui dit : Allez-vous-en en votre maison ; et si vous entrez dans le bourg, n'y dites à personne ce qui vous est arrivé (Saint Marc, ch. VIII, v. de 22 à 26).
13.- Ici l'effet magnétique est évident ; la guérison n'a pas été instantanée, mais graduelle et par suite d'une action soutenue et réitérée, quoique plus rapide que dans la magnétisation ordinaire. La première sensation de cet homme est bien celle qu'éprouvent les aveugles en recouvrant la lumière ; par un effet d'optique les objets leur paraissent d'une grandeur démesurée.
Paralytique.
14.- Jésus, étant monté dans une barque, repassa le lac et vint dans sa ville (Capharnaüm). - Et comme on lui eut présenté un paralytique couché sur un lit, Jésus, voyant leur foi, dit à ce paralytique : Mon fils, ayez confiance, vos péchés vous sont remis.
Aussitôt quelques-uns des scribes dirent en eux-mêmes : Cet homme blasphème. - Mais Jésus, ayant connu ce qu'ils pensaient, leur dit : Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos coeurs ? - Car, lequel est le plus aisé, ou de dire : Vos péchés vous sont remis, ou de dire : Levez-vous et marchez ? - Or, afin que vous sachiez que le Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés : Levez-vous, dit-il alors au paralytique ; emportez votre lit, et allez-vous-en dans votre maison.
Le paralytique se leva aussitôt et s'en alla en sa maison. - Et le peuple, voyant ce miracle, fut rempli de crainte et rendit gloire à Dieu de ce qu'il avait donné une telle puissance aux hommes (Saint Matth., ch. IX, v. de 1 à 8).
15.- Que pouvaient signifier ces paroles : « Vos péchés vous sont remis, » et à quoi pouvaient-elles servir pour la guérison ? Le Spiritisme en donne la clef, comme d'une infinité d'autres paroles incomprises jusqu'à ce jour ; il nous apprend, par la loi de la pluralité des existences, que les maux et les afflictions de la vie sont souvent des expiations du passé, et que nous subissons dans la vie présente les conséquences des fautes que nous avons commises dans une existence antérieure : les différentes existences étant solidaires les unes des autres, jusqu'à ce qu'on ait payé la dette de ses imperfections.
Si donc la maladie de cet homme était une punition pour le mal qu'il avait pu commettre, en lui disant : « Vos péchés vous sont remis, » c'était lui dire : « Vous avez payé votre dette ; la cause de votre maladie est effacée par votre foi présente ; en conséquence, vous méritez d'être délivré de votre maladie. » C'est pour cela qu'il dit aux scribes : « Il est aussi facile de dire : Vos péchés vous sont remis, que : Levez-vous et marchez ; » la cause cessant, l'effet doit cesser. Le cas est le même que pour un prisonnier à qui l'on viendra dire : « Votre crime est expié et pardonné, » ce qui équivaudrait à lui dire : « Vous pouvez sortir de prison ».
Les dix lépreux.
16.- Un jour qu'il allait à Jérusalem, et passait par les confins de la Samarie et de la Galilée, - étant près d'entrer dans un village, dix lépreux vinrent au-devant de lui ; et se tenant éloignés, ils élevèrent leurs voix et lui dirent : Jésus, notre maître, ayez pitié de nous. - Lorsqu'il les eut aperçus, il leur dit : Allez vous montrer aux prêtres. Et comme ils y allaient, ils furent guéris.
L'un deux, voyant qu'il était guéri, retourna sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix ; - et vint se jeter aux pieds de Jésus, le visage contre terre, en lui rendant grâces ; et celui-là était Samaritain.
Alors Jésus dit : Tous les dix n'ont-ils pas été guéris ? Où sont donc les neuf autres ? - Il ne s'en est point trouvé qui soit revenu, et qui ait rendu gloire à Dieu, sinon cet étranger. - Et il lui dit : Levez-vous, allez ; votre foi vous a sauvé (Saint Luc, ch. XVII, v. de 11 à 19).
17.- Les Samaritains étaient des schismatiques, comme à peu près les protestants à l'égard des catholiques, et méprisés par les Juifs comme des hérétiques. Jésus, en guérissant indistinctement les Samaritains et les Juifs, donnait à la fois une leçon et un exemple de tolérance ; et, en faisant ressortir que le Samaritain seul était revenu rendre gloire à Dieu, il montrait qu'il y avait en lui plus de vraie foi et de reconnaissance que chez ceux qui se disaient orthodoxes. En ajoutant : « Votre foi vous a sauvé », il fait voir que Dieu regarde le fond du coeur et non la forme extérieure de l'adoration. Cependant les autres ont été guéris ; il le fallait pour la leçon qu'il voulait donner, et prouver leur ingratitude ; mais qui sait ce qu'il en sera résulté, et s'ils auront bénéficié de la faveur qui leur avait été accordée ? En disant au Samaritain : « Votre foi vous a sauvé », Jésus donne à entendre qu'il n'en sera pas de même des autres.
Main sèche.
18.- Jésus entra une autre fois dans la synagogue, où il trouva un homme qui avait une main sèche. - Et ils l'observaient pour voir s'il le guérirait un jour de sabbat afin d'en prendre sujet de l'accuser. - Alors, il dit à cet homme qui avait une main sèche : Levez-vous, tenez-vous là au milieu. - Puis il leur dit : Est-il permis au jour du sabbat de faire du bien ou du mal, de sauver la vie ou de l'ôter ? Et ils demeurèrent dans le silence. - Mais lui, les regardant avec colère, affligé qu'il était de l'aveuglement de leur coeur, dit à cet homme : Etendez votre main. Il l'étendit, et elle devint saine.
Aussitôt les pharisiens, étant sortis, tinrent conseil contre lui avec les hérodiens, sur le moyen de le perdre. - Mais Jésus se retira avec ses disciples vers la mer, où une grande multitude de peuple le suivit de Galilée et de Judée, - de Jérusalem, de l'Idumée, et d'au-delà le Jourdain ; et ceux des environs de Tyr et de Sidon, ayant entendu parler des choses qu'il faisait, vinrent en grand nombre le trouver (Saint Marc, ch. III, v. de 1 à 8).
La femme courbée.
19.- Jésus enseignait dans une synagogue tous les jours de sabbat. - Et un jour, il y vit une femme possédée d'un Esprit qui la rendait malade depuis dix-huit ans ; et elle était si courbée, qu'elle ne pouvait du tout regarder en haut. - Jésus la voyant, l'appela et lui dit : Femme, vous êtes délivrée de votre infirmité. - En même temps, il lui imposa les mains ; et étant aussitôt redressée, elle en rendit gloire à Dieu.
Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus l'avait guérie un jour de sabbat, dit au peuple : Il y a six jours destinés pour travailler ; venez ces jours-là pour être guéris et non aux jours du sabbat.
Le Seigneur, prenant la parole, lui dit : Hypocrite, y a-t-il quelqu'un de vous qui ne délie pas son boeuf ou son âne de la crèche le jour du sabbat, et ne le mène boire ? - Pourquoi donc ne fallait-il pas délivrer de ses liens, en un jour de sabbat, cette fille d'Abraham que Satan avait tenue ainsi liée durant dix-huit ans ?
A ces paroles, tous ses adversaires demeurèrent confus, et tout le peuple était ravi de lui voir faire tant d'actions glorieuses (Saint Luc, ch. XIII, v. de 10 à 17).
20.- Ce fait prouve qu'à cette époque la plupart des maladies étaient attribuées au démon, et que l'on confondait, comme aujourd'hui, les possédés avec les malades, mais en sens inverse ; c'est-à-dire qu'aujourd'hui, ceux qui ne croient pas aux mauvais Esprits confondent les obsessions avec les maladies pathologiques.
Paralytique de la piscine.
21.- Après cela, la fête des Juifs étant arrivée, Jésus s'en alla à Jérusalem. - Or, il y avait à Jérusalem la piscine des Brebis, qui s'appelle en hébreu : Bethsaïda, qui avait cinq galeries, - dans lesquelles étaient couchés un grand nombre de malades, d'aveugles, de boiteux, et de ceux qui avaient les membres desséchés, qui tous attendaient que l'eau fût remuée. - Car l'ange du Seigneur, en un certain temps, descendait dans cette piscine, et en remuait l'eau ; et celui qui entrait le premier, après que l'eau avait été ainsi remuée, était guéri, quelque maladie qu'il eût.
Or, il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. - Jésus l'ayant vu couché, et connaissant qu'il était malade depuis fort longtemps, lui dit : Voulez-vous être guéri ? - Le malade répondit : Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine après que l'eau a été remuée ; et, pendant le temps que je mets à y aller, un autre y descend avant moi. - Jésus lui dit : Levez-vous, emportez votre lit et marchez. - A l'instant cet homme fut guéri ; et prenant son lit, il commença à marcher. Or, ce jour-là était un jour de sabbat.
Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri : C'est aujourd'hui le sabbat ; il ne vous est pas permis d'emporter votre lit. - Il leur répondit : Celui qui m'a guéri m'a dit : Emportez votre lit et marchez. - Ils lui demandèrent : Qui donc est cet homme qui vous a dit : Emportez votre lit et marchez ? - Mais celui qui avait été guéri ne savait pas lui-même qui il était, car Jésus s'était retiré de la foule du peuple qui était là.
Depuis, Jésus trouva cet homme dans le Temple, et lui dit : Vous voyez que vous êtes guéri, ne péchez plus à l'avenir, de peur qu'il ne vous arrive quelque chose de pis.
Cet homme s'en alla trouver les Juifs, et leur dit que c'était Jésus qui l'avait guéri. - Et c'est pour cette raison que les Juifs persécutaient Jésus, parce qu'il faisait ces choses-là le jour du sabbat. - Alors Jésus leur dit : Mon Père ne cesse point d'agir jusqu'à présent, et j'agis aussi incessamment (Saint Jean, ch. V, v. de 1 à 17).
22.- Piscine (du mot latin piscis, poisson) se disait, chez les Romains, des réservoirs ou viviers où l'on nourrissait des poissons. Plus tard, l'acception de ce mot fut étendue aux bassins où l'on se baignait en commun.
La piscine de Bethsaïda, à Jérusalem, était une citerne, près du Temple, alimentée par une source naturelle, dont l'eau paraît avoir eu des propriétés curatives. C'était sans doute une source intermittente, qui, à certaines époques, jaillissait avec force et remuait l'eau. Selon la croyance vulgaire, ce moment était le plus favorable aux guérisons ; peut-être qu'en réalité, au moment de sa sortie, l'eau avait une propriété plus active, ou que l'agitation produite par l'eau jaillissante remuait la vase salutaire dans certaines maladies. Ces effets sont très naturels et parfaitement connus aujourd'hui ; mais alors les sciences étaient peu avancées, et l'on voyait une cause surnaturelle dans la plupart des phénomènes incompris. Les Juifs attribuaient donc l'agitation de cette eau à la présence d'un ange, et cette croyance leur semblait d'autant mieux fondée, qu'à ce moment l'eau était plus salutaire.
Après avoir guéri cet homme, Jésus lui dit : « A l'avenir ne péchez plus, de peur qu'il ne vous arrive quelque chose de pis. » Par ces paroles, il lui fait entendre que sa maladie était une punition, et que, s'il ne s'améliore pas, il pourra être de nouveau puni encore plus rigoureusement. Cette doctrine est entièrement conforme à celle qu'enseigne le Spiritisme.
23.- Jésus semblait prendre à tâche d'opérer ses guérisons le jour du sabbat, pour avoir occasion de protester contre le rigorisme des pharisiens touchant l'observation de ce jour. Il voulait leur montrer que la vraie piété ne consiste pas dans l'observance des pratiques extérieures et des choses de forme, mais qu'elle est dans les sentiments du coeur. Il se justifie en disant : « Mon Père ne cesse point d'agir jusqu'à présent, et j'agis aussi incessamment ; » c'est-à-dire Dieu ne suspend point ses oeuvres ni son action sur les choses de la nature le jour du sabbat ; il continue à faire produire ce qui est nécessaire à votre nourriture et à votre santé, et je suis son exemple.
Aveugle-né.
24.- Lorsque Jésus passait, il vit un homme qui était aveugle dès sa naissance ; - et ses disciples lui firent cette demande : Maître, est-ce le péché de cet homme, ou le péché de ceux qui l'ont mis au monde, qui est cause qu'il est né aveugle ?
Jésus leur répondit : Ce n'est point qu'il a péché, ni ceux qui l'ont mis au monde ; mais c'est afin que les oeuvres de la puissance de Dieu éclatent en lui. Il faut que je fasse les oeuvres de celui qui m'a envoyé pendant qu'il est jour ; la nuit vient, dans laquelle personne ne peut agir. - Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.
Après avoir dit cela, il cracha à terre, et ayant fait de la boue avec sa salive, il oignit de cette boue les yeux de l'aveugle, - et lui dit : Allez vous laver dans la piscine de Siloé qui signifieEnvoyé. Il y alla donc, il s'y lava, et en revint voyant clair.
Ses voisins et ceux qui l'avaient vu auparavant demander l'aumône, disaient : N'est-ce pas celui qui était assis, et qui demandait l'aumône ? Les uns répondaient : C'est lui ; - d'autres disaient : Non, c'est un qui lui ressemble. Mais il leur disait : C'est moi-même. - Ils lui dirent donc : Comment vos yeux se sont-ils ouverts ? - Il leur répondit : Cet homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue et en a oint mes yeux, et m'a dit : Allez à la piscine de Siloé et vous y lavez. J'y ai été, je m'y suis lavé, et je vois. - Ils lui dirent : Où est-il ? Il leur répondit : Je ne sais.
Alors ils amenèrent aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle. - Or, c'était le jour du sabbat que Jésus avait fait cette boue et lui avait ouvert les yeux.
Les pharisiens l'interrogèrent donc aussi eux-mêmes pour savoir comment il avait recouvré la vue. Et il leur dit : Il m'a mis de la boue sur les yeux ; je me suis lavé et je vois. - Sur quoi quelques-uns des pharisiens dirent : Cet homme n'est point envoyé de Dieu, puisqu'il ne garde point le sabbat. Mais d'autres disaient : Comment un méchant homme pourrait-il faire de tels prodiges ? Et il y avait sur cela de la division entre eux.
Ils dirent donc de nouveau à l'aveugle : Et toi, que dis-tu de cet homme qui t'a ouvert les yeux ? Il répondit : Je dis que c'est un prophète. - Mais les Juifs ne crurent point que cet homme eût été aveugle, et qu'il eût recouvré la vue, jusqu'à ce qu'ils eussent fait venir son père et sa mère, - qu'ils interrogèrent, en leur disant : Est-ce là votre fils que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ? Le père et la mère répondirent : - Nous savons que c'est là notre fils, et qu'il est né aveugle ; - mais nous ne savons comment il voit maintenant, et nous ne savons pas non plus qui lui a ouvert les yeux. Interrogez-le ; il a de l'âge, qu'il réponde pour lui-même.
Son père et sa mère parlaient de la sorte, parce qu'ils craignaient les Juifs ; car les Juifs avaient déjà résolu ensemble que quiconque reconnaîtrait Jésus pour être le Christ, serait chassé de la synagogue. - Ce fut ce qui obligea le père et la mère de répondre : Il a de l'âge, interrogez-le lui-même.
Ils appelèrent donc une seconde fois cet homme qui avait été aveugle, et lui dirent : Rends gloire à Dieu ; nous savons que cet homme est un pécheur. - Il leur répondit : Si c'est un pécheur, je n'en sais rien ; mais tout ce que je sais, c'est que j'étais aveugle, et je vois maintenant. - Ils lui dirent encore : Que t'a-t-il fait, et comment t'a-t-il ouvert les yeux ? - Il leur répondit : Je vous l'ai déjà dit, et vous l'avez entendu ; pourquoi voulez-vous l'entendre encore une fois ? Est-ce que vous voulez devenir ses disciples ? - Sur quoi, ils le chargèrent d'injures, et lui dirent : Sois toi-même son disciple ; pour nous, nous sommes les disciples de Moïse. - Nous savons que Dieu a parlé à Moïse, mais pour celui-ci nous ne savons d'où il sort.
Cet homme leur répondit : C'est ce qui est étonnant que vous ne sachiez pas d'où il est, et qu'il m'ait ouvert les yeux. - Or, nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs ; mais si quelqu'un l'honore et qu'il fasse sa volonté, c'est celui-là qu'il exauce. - Depuis que le monde est, on n'a jamais entendu dire que personne ait ouvert les yeux à un aveugle-né. - Si cet homme n'était point envoyé de Dieu, il ne pourrait rien faire de tout ce qu'il a fait.
Ils lui répondirent : Tu n'es que péché dès le ventre de ta mère, et tu veux nous enseigner ? Et ils le chassèrent (Saint Jean, ch. IX, v. de 1 à 34).
25.- Ce récit, si simple et si naïf, porte en soi un caractère évident de vérité. Rien de fantastique ni de merveilleux ; c'est une scène de la vie réelle prise sur le fait. Le langage de cet aveugle est bien celui de ces hommes simples chez lesquels le savoir est suppléé par le bon sens, et qui rétorquent les arguments de leurs adversaires avec bonhomie, et par des raisons qui ne manquent ni de justesse, ni d'à-propos. Le ton des pharisiens n'est-il pas celui de ces orgueilleux qui n'admettent rien au-dessus de leur intelligence, et s'indignent à la seule pensée qu'un homme du peuple puisse leur en remontrer ? Sauf la couleur locale des noms, on se croirait de notre temps.
Etre chassé de la synagogue équivalait à être mis hors de l'Eglise ; c'était une sorte d'excommunication. Les Spirites, dont la doctrine est celle du Christ interprétée selon le progrès des lumières actuelles, sont traités comme les Juifs qui reconnaissaient Jésus pour le Messie ; en les excommuniant, on les met hors de l'Eglise, comme firent les scribes et les pharisiens à l'égard des partisans de Jésus. Ainsi, voici un homme qui est chassé, parce qu'il ne peut croire que celui qui l'a guéri soit un possédé du démon, et parce qu'il glorifie Dieu de sa guérison ! N'est-ce pas ce que l'on fait à l'égard des Spirites ? Ce qu'ils obtiennent : sages conseils des Esprits, retour à Dieu et au bien, guérisons, tout est l'oeuvre du diable et on leur jette l'anathème. N'a-t-on pas vu des prêtres dire, du haut de la chaire, qu'il valait mieux rester incrédule que de revenir à la foi par le Spiritisme ? N'en a-t-on pas vu dire à des malades qu'ils ne devaient se faire guérir par les Spirites qui possèdent ce don, parce que c'est un don satanique ? D'autres prêchent que les malheureux ne devaient pas accepter le pain distribué par les Spirites, parce que c'était le pain du diable ? Que disaient et que faisaient de plus les prêtres juifs et les pharisiens ? Du reste, il est dit que tout doit se passer aujourd'hui comme au temps du Christ.
Cette demande des disciples : Est-ce le péché de cet homme qui est cause qu'il est né aveugle ? indique l'intuition d'une existence antérieure, autrement elle n'aurait pas de sens ; car le péché qui serait la cause d'une infirmité de naissance devrait avoir été commis après la naissance et, par conséquent, dans une existence antérieure. Si Jésus avait vu là une idée fausse, il leur aurait dit : « Comment cet homme aurait-il pu pécher avant d'être né ? » Au lieu de cela, il leur dit que cet homme est aveugle, ce n'est pas qu'il ait péché, mais afin que la puissance de Dieu éclate en lui, c'est-à-dire qu'il devait être l'instrument d'une manifestation de la puissance de Dieu. Si ce n'était pas une expiation du passé, c'était une épreuve qui devait servir à son avancement, car Dieu, qui est juste, ne pouvait lui imposer une souffrance sans compensation.
Quant au moyen employé pour le guérir, il est évident que l'espèce de boue faite avec de la salive et de la terre ne pouvait avoir de vertu que par l'action du fluide guérisseur dont elle était imprégnée ; c'est ainsi que les substances les plus insignifiantes : l'eau, par exemple, peuvent acquérir des qualités puissantes et effectives sous l'action du fluide spirituel ou magnétique auquel elles servent de véhicule, ou, si l'on veut, de réservoir.
Nombreuses guérisons de Jésus.
26.- Jésus allait par toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant l'Evangile du royaume, et guérissant toutes les langueurs et toutes les maladies parmi le peuple. - Et sa réputation s'étant répandue par toute la Syrie, ils lui présentaient tous ceux qui étaient malades, et diversement affligés de maux et de douleurs, les possédés, les lunatiques, les paralytiques, et il les guérissait ; - et une grande multitude de peuple le suivit de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d'au-delà du Jourdain. (Saint Matth., ch. IV, v. 23, 24, 25).
27.- De tous les faits qui témoignent de la puissance de Jésus, les plus nombreux sont, sans contredit, les guérisons ; il voulait prouver par là que la vraie puissance est celle qui fait le bien, que son but était de se rendre utile, et non de satisfaire la curiosité des indifférents par des choses extraordinaires.
En soulageant la souffrance, il s'attachait les gens par le coeur, et se faisait des prosélytes plus nombreux et plus sincères que s'ils n'eussent été frappés que par le spectacle des yeux. Par ce moyen il se faisait aimer, tandis que, s'il se fût borné à produire des effets matériels surprenants, comme en demandaient les pharisiens, la plupart n'auraient vu en lui qu'un sorcier et un habile jongleur que les désoeuvrés, eussent été voir pour se distraire.
Ainsi, quand Jean-Baptiste envoie à lui ses disciples pour lui demander s'il est le Christ, il ne dit pas : « Je le suis, » car tout imposteur aurait pu en dire autant ; il ne leur parle ni de prodiges, ni de choses merveilleuses, mais il leur répond simplement : « Allez dire à Jean : Les aveugles voient, les malades sont guéris, les sourds entendent, l'Evangile est annoncé aux pauvres. » C'était lui dire : « Reconnaissez-moi à mes oeuvres, jugez l'arbre à son fruit, » car là est le véritable caractère de sa mission divine.
28.- C'est aussi par le bien qu'il fait que le Spiritisme prouve sa mission providentielle. Il guérit les maux physiques, mais il guérit surtout les maladies morales, et ce sont là les plus grands prodiges par lesquels il s'affirme. Ses plus sincères adeptes ne sont pas ceux qui n'ont été frappés que par la vue des phénomènes extraordinaires, mais ceux qui ont été touchés au coeur par la consolation : ceux qui ont été délivrés des tortures du doute ; ceux dont le courage a été relevé dans les afflictions, qui ont puisé la force dans la certitude de l'avenir qu'il est venu leur apporter, dans la connaissance de leur être spirituel et de sa destinée. Voilà ceux dont la foi est inébranlable, parce qu'ils sentent et comprennent.
Ceux qui ne voient dans le Spiritisme que des effets matériels ne peuvent comprendre sa puissance morale ; aussi les incrédules, qui ne le connaissent que par des phénomènes dont ils n'admettent pas la cause première, ne voient dans les Spirites que des jongleurs et des charlatans. Ce n'est donc pas par des prodiges que le Spiritisme triomphera de l'incrédulité : c'est en multipliant ses bienfaits moraux, car si les incrédules n'admettent pas les prodiges, ils connaissent, comme tout le monde, la souffrance et les afflictions, et personne ne refuse les soulagements et les consolations.