La maison de Pierre à Capharnaüm
La petite ville de Capharnaüm, sur la rive nord du Lac de Tibériade, n’est mentionnée que dans le Nouveau Testament. L’apôtre Pierre y habite, ce qui pourrait expliquer pourquoi Jésus en fait le centre de son activité galiléenne. On se rappelle surtout que c’est dans la synagogue de cette ville qu’il prononça son long discours sur le pain de vie, lequel fut scandaleux pour plus d’un (Jn 6).
On comprendra sans peine qu’une des premières fouilles archéologiques de Palestine, à la fin du XIXe siècle, fut pratiquée sur le site probable de cette synagogue, par une équipe allemande. Sa découverte réjouit tellement le monde savant que des travaux de restauration furent exécutés sous la direction d’un archéologue franciscain, G. Orfali, en 1925; depuis cette date, des milliers de visiteurs se rendent chaque année sur le site de cet événement de la vie de Jésus.
En 1968, de nouvelles fouilles sont ouvertes, sous la direction de V. Corbo et S. Loffreda, franciscains, dans le but de révéler la ville de pêcheurs, et si possible, de retracer la maison de Pierre. Les résultats de ces recherches sont parus l’année suivante et méritent toute notre attention.
Un petit village de pêcheurs s’établit sur cette rive du lac au cours du Ier siècle avant J.-C.; il a pour plan général des rues se coupant à angle droit, délimitant ainsi des îlots de maisonnettes pauvres, ne mesurant en moyenne que 3,6 x 4,5 mètres. Les maisons sont faites de pierres cimentées par de la boue, au sol en terre battue et au toit de branchages fixés dans la glaise; ce genre de toit se crevasse vite et des trous peuvent être ouverts facilement (voir Mc 2,4). Le plan de cette ville, comme le style de maisons, ne changeront que peu jusqu’à la fin de l’histoire de Capharnaüm, au cours du VIIe siècle après J.-C.
Un de ces îlots, juste au sud de la synagogue, a connu une histoire mouvementée, à partir de la fin du Ier siècle ap. J.-C. La maison centrale de l’îlot, qui correspond au numéro 1 du plan, subit des modifications importantes. Sa pièce principale est agrandie (7 x 6,4 m) puis on aménage d’autres pièces au nord et au sud; un petit atrium s’étend sur la façade de ce nouveau complexe. Surtout, on prend bien soin d’isoler ce bâtiment du reste du village par un mur de basalte de 27,4 m de côté (numéro 2 du plan). Les sols des salles durent être refaits souvent, à la chaux, ce qui laisse deviner un usage fréquent des lieux. Les murs ont été recouverts de stucs peints polychromes, aux motifs floraux et géométriques; on a relevé plus de 120 graffiti (inscriptions) grattées dans le plâtre, la plupart en grec, et d’autres en latin, en syriaque et en araméen; ils consistent en invocations à Dieu et au Christ surtout et quelques-uns ont Pierre pour objet. Ces divers détails laissent clairement voir qu’il s’agit ici d’un lieu de rassemblement religieux où Pierre est présent d’une façon spéciale; il sera utilisé sans interruption ni changement jusqu’à la fin du IVe siècle ap. J.-C. d’après les monnaies et la céramique qui lui sont associées.
Au cours de la première moitié du Ve siècle, une église octogonale sera bâtie à l’intérieur de cette enceinte sacrée, en prenant bien soin de situer l’octogone central juste au-dessus de la grande salle de la période précédente (numéro 3 du plan). Un portique à cinq côtés sera bâti à l’ouest; un baptistère en forme d’abside sera ajouté à l’est. Les sols seront richement recouverts de belles mosaïques.
Il semble donc que les premières communautés chrétiennes ont très tôt attaché le souvenir de Pierre à cette maison, qu’ils aménagèrent en « domus ecclesiæ » (maison-église); au IIIe siècle, la pieuse Ethérie en fait mention dans son récit de pèlerinage; et enfin, au cours du Ve siècle, les byzantins consacrent la sainteté du lieu par l’érection de l’église.
Les archéologues ne nous ont pas seulement révélé le village du temps de Jésus, mais il est fort possible qu’ils aient aussi découvert la maison de Pierre.
Vue aérienne de Capharnaüm
(photo : BiblePlaces.com)
(photo : BiblePlaces.com)
La petite ville de Capharnaüm, sur la rive nord du Lac de Tibériade, n’est mentionnée que dans le Nouveau Testament. L’apôtre Pierre y habite, ce qui pourrait expliquer pourquoi Jésus en fait le centre de son activité galiléenne. On se rappelle surtout que c’est dans la synagogue de cette ville qu’il prononça son long discours sur le pain de vie, lequel fut scandaleux pour plus d’un (Jn 6).
On comprendra sans peine qu’une des premières fouilles archéologiques de Palestine, à la fin du XIXe siècle, fut pratiquée sur le site probable de cette synagogue, par une équipe allemande. Sa découverte réjouit tellement le monde savant que des travaux de restauration furent exécutés sous la direction d’un archéologue franciscain, G. Orfali, en 1925; depuis cette date, des milliers de visiteurs se rendent chaque année sur le site de cet événement de la vie de Jésus.
En 1968, de nouvelles fouilles sont ouvertes, sous la direction de V. Corbo et S. Loffreda, franciscains, dans le but de révéler la ville de pêcheurs, et si possible, de retracer la maison de Pierre. Les résultats de ces recherches sont parus l’année suivante et méritent toute notre attention.
Hameçons trouvés sur le plancher de la domus ecclesiæ.
(photo : Christus Rex)
(photo : Christus Rex)
Un petit village de pêcheurs s’établit sur cette rive du lac au cours du Ier siècle avant J.-C.; il a pour plan général des rues se coupant à angle droit, délimitant ainsi des îlots de maisonnettes pauvres, ne mesurant en moyenne que 3,6 x 4,5 mètres. Les maisons sont faites de pierres cimentées par de la boue, au sol en terre battue et au toit de branchages fixés dans la glaise; ce genre de toit se crevasse vite et des trous peuvent être ouverts facilement (voir Mc 2,4). Le plan de cette ville, comme le style de maisons, ne changeront que peu jusqu’à la fin de l’histoire de Capharnaüm, au cours du VIIe siècle après J.-C.
Plan de la maison de Pierre
Un de ces îlots, juste au sud de la synagogue, a connu une histoire mouvementée, à partir de la fin du Ier siècle ap. J.-C. La maison centrale de l’îlot, qui correspond au numéro 1 du plan, subit des modifications importantes. Sa pièce principale est agrandie (7 x 6,4 m) puis on aménage d’autres pièces au nord et au sud; un petit atrium s’étend sur la façade de ce nouveau complexe. Surtout, on prend bien soin d’isoler ce bâtiment du reste du village par un mur de basalte de 27,4 m de côté (numéro 2 du plan). Les sols des salles durent être refaits souvent, à la chaux, ce qui laisse deviner un usage fréquent des lieux. Les murs ont été recouverts de stucs peints polychromes, aux motifs floraux et géométriques; on a relevé plus de 120 graffiti (inscriptions) grattées dans le plâtre, la plupart en grec, et d’autres en latin, en syriaque et en araméen; ils consistent en invocations à Dieu et au Christ surtout et quelques-uns ont Pierre pour objet. Ces divers détails laissent clairement voir qu’il s’agit ici d’un lieu de rassemblement religieux où Pierre est présent d’une façon spéciale; il sera utilisé sans interruption ni changement jusqu’à la fin du IVe siècle ap. J.-C. d’après les monnaies et la céramique qui lui sont associées.
Graffiti trouvés dans la maison de l'apôtre Pierre,
sur des restes d'un ancien revêtement de murs.
L'inscription du bas (à gauche) est une invocation au Seigneur Jésus Christ.
(photo : Christus Rex)
sur des restes d'un ancien revêtement de murs.
L'inscription du bas (à gauche) est une invocation au Seigneur Jésus Christ.
(photo : Christus Rex)
Au cours de la première moitié du Ve siècle, une église octogonale sera bâtie à l’intérieur de cette enceinte sacrée, en prenant bien soin de situer l’octogone central juste au-dessus de la grande salle de la période précédente (numéro 3 du plan). Un portique à cinq côtés sera bâti à l’ouest; un baptistère en forme d’abside sera ajouté à l’est. Les sols seront richement recouverts de belles mosaïques.
Il semble donc que les premières communautés chrétiennes ont très tôt attaché le souvenir de Pierre à cette maison, qu’ils aménagèrent en « domus ecclesiæ » (maison-église); au IIIe siècle, la pieuse Ethérie en fait mention dans son récit de pèlerinage; et enfin, au cours du Ve siècle, les byzantins consacrent la sainteté du lieu par l’érection de l’église.
Les archéologues ne nous ont pas seulement révélé le village du temps de Jésus, mais il est fort possible qu’ils aient aussi découvert la maison de Pierre.