Une chaîne à réactions
Au moment de la première publication de cet article, l’ancienne ville de Lakish, au sud-ouest de Juda, faisait toujours l’objet de fouilles archéologiques depuis plus d’un demi-siècle; ville-forteresse importante pour la surveillance d’ennemis venant de l’est (Edom, Moab), et du sud-ouest (Égypte), elle a conservé des vestiges de fortifications complexes de même que des signes de sièges militaires dramatiques.
Dans le niveau de destruction de la ville que l’on doit attribuer au roi assyrien Sennachérib (2 R 18,17ss), la découverte d’un bout de chaîne de fer était quelque peu surprenant et même énigmatique. Mélangés à une épaisse couche de cendres, on découvrit entre autres choses beaucoup de noyaux d’olives — on abattit les oliviers d’alentour pour mettre le feu à la porte de la ville, ce qui nous permet de préciser que l’assaut eut lieu en août-septembre 701 av. J.-C. — des têtes de flèches assyriennes, des pierres de frondes, des plaquettes de fer recouvrant des cuirasses, des crêtes de casques assyriens, et ce bout de chaîne!
Le fragment consiste en quatre maillons longs chacun de 10 cm, et de forme allongée. À quoi avait bien pu servir un tel instrument dans la conduite d’un assaut contre les fortifications d’une ville? Sans doute que la réponse à cette interrogation peut être proposée à la lumière de bas-reliefs décorant les salles des palais assyriens et représentant, très souvent, des scènes militaires.
Un de ces bas-reliefs décorant une salle du palais d’Assurnazirpal II (883-859 av. J.-C.), à Ninive, et maintenant au British Museum, nous montre bien des corps d’archers et des sapeurs en pleine action; on peut aussi bien voir les défenseurs de la ville, dont on ignore le nom, qui répliquent par les mêmes armes. On reconnaît aussi très facilement, à droite, l’engin de guerre le plus terrifiant de l’époque : le bélier. Il consiste en un gros poteau de bois se terminant par une tête de bélier en bronze ou en fer, ou tout simplement par une grosse gaine de métal, comme ici. Ce poteau est fixé à une sorte de chariot que des soldats actionnent sur une rampe. En poussant fortement ce poteau contre le rempart, par des coups répétés, une brèche finit par être ouverte dans ce dernier. Pour empêcher donc que le poteau puisse frapper d’aplomb le rempart, on voit un défenseur qui a réussi à faire passer ce poteau dans l’ouverture d’une chaîne qu’il baissa en forme de U : juste avant l’impact du poteau contre le rempart, il tire sur les deux bouts de la chaîne, ce qui fait retrousser le poteau qui ne peut percuter que de façon oblique son objectif, diminuant ainsi la majeure partie de sa puissance de frappe. Afin de contrecarrer cette tactique de défense, on voit deux soldats assyriens qui tirent vers le bas, au moyen de crochets, ce poteau dévastateur en partie neutralisé!
Le bout de chaîne de Lakish ne serait-il pas un témoin éloquent de ce simple moyen de défense? Le contexte de sa découverte nous le laisse croire fortement, tout en illustrant pour la première fois, une scène déjà connue depuis longtemps sur un relief de Ninive!
Identifié premièrement comme étant Lakish par William F. Albright en 1929,
le tell fut excavé par James Leslie Starkey entre 1932 et 1938 puis
par l'Université de Tel Aviv entre 1973 et 1987.
(photo : BibléLieux.com)
le tell fut excavé par James Leslie Starkey entre 1932 et 1938 puis
par l'Université de Tel Aviv entre 1973 et 1987.
(photo : BibléLieux.com)
Au moment de la première publication de cet article, l’ancienne ville de Lakish, au sud-ouest de Juda, faisait toujours l’objet de fouilles archéologiques depuis plus d’un demi-siècle; ville-forteresse importante pour la surveillance d’ennemis venant de l’est (Edom, Moab), et du sud-ouest (Égypte), elle a conservé des vestiges de fortifications complexes de même que des signes de sièges militaires dramatiques.
Dans le niveau de destruction de la ville que l’on doit attribuer au roi assyrien Sennachérib (2 R 18,17ss), la découverte d’un bout de chaîne de fer était quelque peu surprenant et même énigmatique. Mélangés à une épaisse couche de cendres, on découvrit entre autres choses beaucoup de noyaux d’olives — on abattit les oliviers d’alentour pour mettre le feu à la porte de la ville, ce qui nous permet de préciser que l’assaut eut lieu en août-septembre 701 av. J.-C. — des têtes de flèches assyriennes, des pierres de frondes, des plaquettes de fer recouvrant des cuirasses, des crêtes de casques assyriens, et ce bout de chaîne!
Le fragment consiste en quatre maillons longs chacun de 10 cm, et de forme allongée. À quoi avait bien pu servir un tel instrument dans la conduite d’un assaut contre les fortifications d’une ville? Sans doute que la réponse à cette interrogation peut être proposée à la lumière de bas-reliefs décorant les salles des palais assyriens et représentant, très souvent, des scènes militaires.
Bas-relief assyrien du palais d'Assurnazirpal II, à Ninive,
représentant la conquête d’une ville.
représentant la conquête d’une ville.
Un de ces bas-reliefs décorant une salle du palais d’Assurnazirpal II (883-859 av. J.-C.), à Ninive, et maintenant au British Museum, nous montre bien des corps d’archers et des sapeurs en pleine action; on peut aussi bien voir les défenseurs de la ville, dont on ignore le nom, qui répliquent par les mêmes armes. On reconnaît aussi très facilement, à droite, l’engin de guerre le plus terrifiant de l’époque : le bélier. Il consiste en un gros poteau de bois se terminant par une tête de bélier en bronze ou en fer, ou tout simplement par une grosse gaine de métal, comme ici. Ce poteau est fixé à une sorte de chariot que des soldats actionnent sur une rampe. En poussant fortement ce poteau contre le rempart, par des coups répétés, une brèche finit par être ouverte dans ce dernier. Pour empêcher donc que le poteau puisse frapper d’aplomb le rempart, on voit un défenseur qui a réussi à faire passer ce poteau dans l’ouverture d’une chaîne qu’il baissa en forme de U : juste avant l’impact du poteau contre le rempart, il tire sur les deux bouts de la chaîne, ce qui fait retrousser le poteau qui ne peut percuter que de façon oblique son objectif, diminuant ainsi la majeure partie de sa puissance de frappe. Afin de contrecarrer cette tactique de défense, on voit deux soldats assyriens qui tirent vers le bas, au moyen de crochets, ce poteau dévastateur en partie neutralisé!
Détail de la scène où on voit bien la chaîne et le bélier.
Le bout de chaîne de Lakish ne serait-il pas un témoin éloquent de ce simple moyen de défense? Le contexte de sa découverte nous le laisse croire fortement, tout en illustrant pour la première fois, une scène déjà connue depuis longtemps sur un relief de Ninive!