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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Bar Kokhba, "proclamé Messie"

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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 19:24

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    Bar Kokhba, "proclamé Messie"

    BAR KOKHBA (IIe s.)

    Deux générations après la guerre des juifs contre les Romains et la destruction du Temple (66-70), les juifs se soulèvent sous la conduite de Bar Kokhba proclamé Messie, qui tient tête aux légions romaines de 132 à 135. Les origines, le déroulement et les péripéties de ce mouvement messianique – le plus long de l'histoire juive – restent problématiques. Des découvertes archéologiques, documentaires et numismatiques font reculer les zones d'ombre.

    Le peuple juif sur sa terre au début du IIe siècle
    La chute de Massada et des nids de résistance en 73 parachève la reprise en main du pays. L'empereur afferme à son profit les terres, impose aux juifs un tribut annuel de deux drachmes et bat des monnaies légendées Judaea capta ou Judaea devicta. Cependant, Rome reconnaît une autorité judiciaire et politique juive, le patriarcat, qui remplit les fonctions autrefois dévolues au sanhédrin. Au début du IIe siècle survient une restauration marquée par des rachats de terres et la reconstruction des villes et des bourgades. La soudaine explosion de 132 s'explique mal, alors que l'empereur Hadrien projette de rebâtir Jérusalem et séjourne dans la région de 128 à 132 : il frappe des monnaies à la devise Adventui Augusti Judaea et sa statue monumentale en bronze est érigée près de Beth-Shéan. On admettait que l'édification d'une ville païenne, Aelia Capitolina, en lieu et place de Jérusalem avait commencé après la défaite des insurgés. Or la mise au jour d'un trésor monétaire dans la région du mont Hébron livre des monnaies romaines portant la mention Aelia Capitolina sur lesquelles Bar Kokhba grava en surimpression ses propres devises. Les travaux, sous le gouverneur Tinéius Rufus auraient donc provoqué la guerre.
    Bar Kokhba, "proclamé Messie" Qnzd Bar Kokhba, "proclamé Messie" Nhz1

    La guerre de Bar Kokhba (132-135)
    On ne connaissait cette guerre que par de courtes sources grecques : Dion Cassius (Histoire romaine, LXIX, xiii, 2), Épiphane et Eusèbe (Histoire ecclésiastique, IV, 6). Le Talmud et les sources rabbiniques (Ta‘anit, 29 a et Lamentations Rabba, 2) campent un chef énergique, autoritaire, pourvu d'une force physique hors du commun. 

    Selon Dion Cassius, la guerre prit des proportions considérables : « Les juifs du monde entier se soulevèrent et les rejoignirent et créèrent beaucoup d'ennuis aux Romains, en secret et ouvertement, et même beaucoup de gentils vinrent à leur aide. » 

    Publius Marcellus, gouverneur de Syrie, fait appel à la XXIIe légion d'Égypte, bientôt anéantie par les insurgés. Le théâtre des opérations – les découvertes du Wadi Murabba‘at et du Naḥal Ḥéver entre 1951 et 1960 l'attestent – se situe essentiellement en Judée. On n'a pas pu établir si Bar Kokhba était parvenu à s'emparer de Jérusalem et à y rétablir le culte sacrificiel. Bar Kokhba, Nessi Israël (prince d'Israël) frappe des monnaies à l'effigie du Temple, à la devise « An I de la liberté de Jérusalem » et Rabbi Aqiba, le chef spirituel révéré, le proclame « Roi-Messie ». Selon les sources rabbiniques, Hadrien en personne prend le commandement des troupes et mène les opérations jusqu'à la chute de la cité forte de Bethar. 

    En fait, Julius Sévère, rappelé de Bretagne, combat l'insurrection avec la Xe légion appuyée par des troupes auxiliaires, soit l'équivalent de douze légions. Il réduit une à une les forteresses juives et vient à bout de Bethar où Bar Kokhba trouve la mort. Les pertes juives sont considérables : cinq cent quatre-vingt mille morts, cinquante places fortes et neuf cent quatre-vint cinq agglomérations juives détruites. Les pertes romaines sont telles – rapporte Dion Cassius – que, dans son rapport au Sénat, Hadrien omet la formule rituelle : « Si vous allez bien ainsi que vos enfants, c'est bien. Moi-même et nos légions allons [...]
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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 19:25

    Bar Kokhba,
    la correspondance

    Nouvelle découverte

    Bar Kokhba, "proclamé Messie" Knesset_Menorah_P5200010_Bar_Kochvah

    Printemps 1960, l’archéologue Yigael Yadin se rend à la maison privée du premier président de l’Israël moderne. Itzak ben Zvi mettait un point d’honneur à organiser régulièrement des réunions l’informant de l’avancée des découvertes archéologiques dans le pays.

    Quand le tour de Yadin arriva, il projeta à l’assistance la photographie d’un manuscrit ancien retrouvé récemment par ses équipes dans l’une des grottes de Judée. Il lut la première ligne du texte araméen : «Shimeon Bar Kosiba, Chef d’Israël». La découverte fit l’effet d’une bombe. La radio arrêta ses programmes du soir pour annoncer la nouvelle. Israël venait de retrouver des traces incontestées de son histoire remontant à plus de 1 800 ans.

    En quelques mots, le dernier président (nassi) d’Israël parlait au nouveau président de l’État juif tout juste reconstitué grâce au vote des nations à l’ONU le 29 novembre 1947. 

    Image ci-contre :  Yitzhak Ben-Zvi (1884-1963). Il fut le deuxième président de l’État d’Israël du 8 décembre 1952 au 23 avril 1963. Il joua un rôle décisif dans les domaines du travail, de la défense et de la garde du pays. Domaine public.


    IntroductionBar Kokhba, "proclamé Messie" 9139

    Les informations historiques sur le chef juif, que la tradition littéraire allait appeler Bar Kokhba, et de son combat contre Rome en 132-135 après J.-C. sont malheureusement lacunaires.
    Image ci-contre : monnaie sous Hadrien, Judée, 136 après J.-C.

    pour célébrer la nouvelle colonie remplaçant la ville de Jérusalem.

    Inscription : COL[ONIA] AEL[IA] CAPIT[OLINA] COND[ITA]. Fondation de la colonie d’Aelia Capitolina. © DR.

    Les historiens disposent d’un corpus documentaire fragmentaire réécrit à travers un prisme chrétien, quelques artefacts antiques et une tradition talmudique qui débattait de la nature messianique de Bar Kokhba. Transparaît toutefois l’image d’un chef qui a su s’opposer victorieusement aux légions romaines pendant au moins trois ans. À tel point que l’empereur Hadrien avait dû reconnaître dans une de ses déclarations au Sénat l’étendue des désastres (lire Dion Cassius, Histoire romaine, livre 69).

    Toutefois, avec la chute de la forteresse de Bethar, un 9 Av et la mort de Bar Kokhba, la Judée changea de nom par ordre impérial pour devenir Syria Palaestina. Hadrien ordonna également que la ville de Jérusalem, rebaptisée Aelia Capitolina, soit vidée de ses habitants juifs. L’exil commençait.


    Des lots d’archives
    Deux lots d’archives de la correspondance de guerre du chef juif ont été retrouvés dans les grottes du désert de Judée. Ils apportent un éclairage inédit sur le conflit. Un premier groupe de documents venant du wadi Murabba’at (à 11 kilomètres au nord d’Ein-Guedi) a été identifié au tout début des années 1950. Plusieurs manuscrits revendus chez le célèbre antiquaire Kando alertèrent les historiens. Ils décidèrent de remonter à l’origine des pillages en suivant plusieurs membres de la famille bédouine des Ta’amireh qui sillonnait alors la zone du no man’s land entre la Jordanie et Israël. Les grottes pillées dans le wadi Murabba’at ont laissé quelques documents que l’expédition conduite par le Père de Vaux a pu publier quelques années plus tard. Parmi les manuscrits, deux lettres sont signées de Bar Kokhba.

    Bar Kokhba, "proclamé Messie" Tn08 Le deuxième groupe provient du Nahal Hever (à 4,5 kilomètres au sud d’En-Gedi). Une expédition israélienne conduite par Yigael Yadin en 1960-1961 a découvert dans une grotte au nord du Nahal, une série de textes de la correspondance de Bar Kokhba. À cela s’ajoutent notamment les fameuses archives d’une femme juive, Babatha, ayant vécu dans l’ancien royaume nabatéen, devenu en 106 après J.-C. la province d’Arabia.

    Ci-contre : papyrus Bar Kokhba 46, 5/6 Hev 46.

    Sujet du rouleau : un acte notarié simple, signature de bail. Découvert au Nahal Hever, la «grotte des lettres», en 1961. Cette ancienne signature de bail est datée du «2 de Kislev, dans la troisième année de Simeon Bar Kosiba, (Bar- Kokhba), prince d’Israël», soit environ en novembre 134 de notre ère.

    © Collection Israel Antiquities Authority.

    Au total ce sont environ une quinzaine de lettres de Bar Kokhba qui ont été retrouvées et identifiées dans deux contextes différents. Elles sont écrites majoritairement en araméen, mais on en trouve cinq rédigées en hébreu et deux en grec. Elles ne sont pas datées. Il est donc difficile de savoir à quel moment du conflit elles font écho.

    Le lot du Wadi Murabba’at correspond à une partie de la correspondance adressée à un commandant de Bar Kokhba, Yeshua ben Galgoula. Il est en charge d’un “camp” c’est-à-dire d’une région militaire encore mal identifiée à ce jour. Un contrat de remariage en grec de sa propre sœur, Salome, faisant partie des archives permet cependant d’avoir une piste. Le document est daté d’avant le conflit, de l’année 7 du règne d’Hadrien, soit l’année 124 du comput actuel. L’acte notarié fut établi dans le district d’Hérodium à côté de Bethléem, et Yigael Yadin pense que la responsabilité territoriale de Yeshua devait probablement se situer dans cette région. Le wadi Murabba’at est un débouché naturel de la zone sur la mer Morte.

    Parmi les documents retrouvés, nous apprenons l’existence de deux administrateurs vraisemblablement civils à Beth Mashko dépendants de l’autorité militaire incarnée par le “chef du camp” Yeshua ben Galgoula. Ils s’adressent à lui pour l’achat d’une vache. Ce texte semble indiquer que le pouvoir local aurait été scindé entre les affaires militaires et les affaires civiles. Les deux autorités communiquent entre elles directement sans passer par l’autorité centrale. L’autre fait important concerne la situation militaire sur le terrain. Nous apprenons incidemment que les “Gentils” ici vraisemblablement les Romains sont très proches et empêchent la venue des administrateurs pour authentifier l’achat. La lettre n’est malheureusement pas datée, mais étonne par son contenu. En effet, le front n’est pas loin et malgré tout les autorités civiles sont soucieuses de plaider la cause d’un de ses habitants pour un achat.

    Image ci-contre : une nouvelle pièce de la révolte de Bar Kokhba mise au jour en mars 2020 près du mont de Temple à Jérusalem. © Autorité israélienne des Antiquités.

    Bar Kokhba, "proclamé Messie" BabathaScroll 

    Les deux lettres de Bar Kokhba adressées au chef de camp nous apprennent que la région contrôlée par Yeshua servait à alimenter le quartier général occupé par Bar Kokhba et son État-major. Plusieurs chercheurs ont avancé que le centre des opérations se trouvait probablement non loin, à Hérodium puis à Bethar. Les courriers dévoilent également des mouvements de population en provenance de Galilée, permettant de lever un peu le voile sur l’extension géographique du conflit, aspect encore très mal connu aujourd’hui.

    Le deuxième lot d’archives permet d’en savoir plus à ce sujet puisqu’il évoque la participation d’étrangers aux côtés des Juifs contre le pouvoir romain et notamment de Nabatéens (lettres de Soumaios, de Thyrsis et d’Ailianos), confirmant les indications données par Dion Cassius sur l’ampleur régionale de la guerre. La correspondance retrouvée au Nahal Hever concerne essentiellement l’activité de Jonathan fils de Bayan et de Masabbala fils de Simon, deux chefs militaires de la région d’Ein-Guedi. Les relations semblent avoir été difficiles entre le quartier général et les régions contrôlées par les commandants régionaux. Il n’est pas rare de voir des ordres assortis de menaces dans les propos de Bar Kokhba. Les relations semblent tellement difficiles avec les commandants militaires qu’on a trouvé un courrier adressé à un certain Yehuda bar Menashe lui demandant de servir d’intermédiaire pour faire venir les quatre espèces de plantes de la zone contrôlée par les commandants d’Ein-Guedi. Bar Kokhba semble ne plus avoir confiance en eux. L’exaspération est palpable dans plusieurs courriers de la correspondance.

    La région d’Ein Guedi
    La région d’Ein-Guedi se révèle être là aussi une source d’approvisionnement pour les troupes de Bar Kokhba. Nous avons le sentiment d’être en arrière du front. C’est une zone stratégique. Nous voyons les commandants de la région sollicités pour envoyer du blé, des ânes, du sel, diverses denrées agricoles. Mais ils sont avant tout les gardiens des plantes aromatiques de la région, connues dans tout le monde antique pour leur qualité. Un rappel sévère est fait en ce sens concernant le laudanum.

    Bar Kokhba, "proclamé Messie" O256 Enfin, ce qui frappe le lecteur moderne, c’est l’insistance dans plusieurs courriers à faire venir en quantité au quartier général de quoi célébrer la fête de Souccoth (les quatre espèces de plantes). Ces lettres dateraient donc des mois de septembre à octobre. Le respect du shabbat, même en plein conflit, et de la fête de Souccot donne une profondeur au conflit que nos autres textes ne rendent pas.

    Image ci-contre : une chute d’eau dans le parc naturel de Ein Guedi. © DR.

    Malgré la faiblesse du dossier de la correspondance militaire (15 lettres pour au moins trois ans de conflit) les lettres permettent toutefois de lever en partie le voile sur la logistique du conflit. Elle semble fonctionner malgré les lenteurs ou la mauvaise volonté des zones de l’arrière. Les courriers nous font deviner l’étendue du conflit faisant de cette guerre une lutte à l’échelle régionale contre la présence romaine. Enfin, si la majorité des documents retrouvés sont en araméen, une lettre rédigée en grec nous donne le nom exact du chef juif. Il est Shimon Kosiba. Le grec retranscrivant toutes les voyelles, nous sommes sûrs de la manière dont il se faisait appeler. Il a fallu attendre 19 siècles pour retrouver des documents manuscrits du chef de guerre. La tradition rabbinique évoque plusieurs noms pour mieux réfléchir à la nature du héros juif. Mais c’est celui de Bar Kokhba qui est resté à la postérité, faisant suite, sur le sujet, à la tradition chrétienne fascinée par la notion d’étoile. Bar Kokhba, fils de l’étoile, fait d’autre part référence à un débat célèbre entre Sages sur la nature messianique du chef juif.

    De nombreuses questions restent en suspens. Comment comprendre que ces archives pourtant défavorables aux commandants militaires aient été conservées? Quel était le rôle exact de ces circonscriptions militaires? Zones de repli vers le sud? Zones d’approvisionnement? Pourquoi Bar Kokhba ne se déplace-t-il pas dans ces zones?

    Comment comprendre que l’on retrouve dans ces deux grottes des fragments des 12 Petits prophètes? Qui sont les hommes qui ont été retrouvés dans les grottes du Nahal Hever non loin des archives? Enfin, il a fallu attendre près de deux millénaires pour retrouver le véritable nom de guerre du chef juif. Surtout, on constate que le récit de cette guerre a-t-il été occulté au profit du discours pacifique d’un âge d’or, celui de la pax romana du second siècle.

    https://www.archeobiblion.fr/la-revolte-de-bar-kokhba-132-135-de-notre-ere-2/
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    Message  Arlitto Dim 4 Avr 2021 - 19:26

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    Bible, Histoire, Archéologie


    Bar Kokhba,
    la révolte (132-135 après J.-C.)

    La guerre qui déchira la province de Judée et qui opposa l’Empire romain sous le règne d’Hadrien à Bar Kokhba a laissé semble-t-il peu de traces dans les consciences contemporaines. Il s’agit ici de comprendre la façon dont cette histoire a été contée et comment elle nous est parvenue.

    Le contexte historique
    Bar Kokhba, "proclamé Messie" I1HScJer8W0

    Une nouvelle guerre de Judée se déclencha quelques mois à peine après le passage remarqué d’Hadrien dans ses provinces orientales. Nous sommes dans la 16e année de son règne en l’an 132 après J.-C. L’ensemble de la région sort d’une période fort mouvementée.

    Il y a à peine 17 ans, Trajan, empereur fougueux, arrivait aux bords de l’Euphrate, prenait Ctésiphon et descendait le cours du fleuve jusqu’à son delta. L’Empire romain était fort, son empereur insolent de gloire. Or voilà que les nuages ne tardèrent pas arriver. Des émeutes juives se déclenchèrent un peu partout en Orient, jusqu’en Égypte et à Chypre, sapant le travail fulgurant entrepris par les légions romaines dans la nouvelle province de Mésopotamie. Trajan, attaqué sur ses arrières, ordonna de mater les révoltes, mais n’en vit pas de ses yeux le résultat, emporté par une maladie soudaine en 117. Dans la confusion, Rome perdit sa nouvelle conquête orientale. Hadrien, protégé de Trajan, et désigné du vivant du césar, reprit au pied levé la direction de l’empire. Il réussit à y réinstaurer l’ordre et la prospérité, ce dont le louèrent les écrivains de cour fort bien instruits de la façon d’en parler.

    Image ci-contre : trois militaires romains.

    De gauche à droite : un centurion revêtu d’une parure de torques et de phalerae,
    – un centurion primus pilus, primipile, le grade le plus élevé d’un centurion,
    – un légionnaire « classique » du milieu du Ier siècle de notre ère. © DR.

    Hadrien
    Hadrien fut un grand voyageur et avait le désir profond de connaître son empire pour mieux le diriger. Dans un climat de paix et de tranquillité retrouvées, il décida lors de sa visite en Orient de fonder une colonie à Jérusalem et d’y bâtir un temple magnifique à Jupiter sur l’emplacement- ô combien symbolique- du lieu du Temple, lui-même détruit par les armées de Titus en 70. Outre cela on entendit parler d’un décret impérial interdisant la circoncision.

    Les Juifs de Judée informés des nouvelles décisions impériales usèrent de ruse. Ils fabriquèrent des armes émoussées destinées originellement aux armées de Rome pour ainsi pouvoir les récupérer. Pour mettre à exécution leurs intentions, ils attendirent que la cohorte impériale s’éloigne de la région.

    Image ci-contre : statue en bronze d’Hadrien découverte dans la région militaire de la VIe légion à Tel Shalem. Musée d’Israël. © Carol FollowingHadrian.

    Les premiers combats dirigés contre la présence romaine dans la province de Judée furent éclatants de succès. Il subsistait pourtant de l’ancien arsenal de mesures vespasiennes le cantonnement de la légion X Fretensis à Jérusalem. De plus, depuis 70, par décision du gouvernement central, avait été installée une seconde légion en Galilée, région très peuplée au nord de la Judée. Pourtant, malgré les effectifs romains importants présents dans la province, l’armée romaine se trouva en grande difficulté. Une aide fut nécessaire pour que le gouverneur de la province, Tineus Rufus, puisse mener la contre-attaque. Le nombre de légions engagées dans ce si petit territoire étonne. On en recense au moins cinq. À cela s’ajouteraient toutes les unités auxiliaires et même une partie de la flotte impériale. L’effort de guerre fut si important que l’empereur dépêcha d’urgence un de ses meilleurs généraux de la province de Britania. L’effroi gagnait le cœur de l’Empire. Hadrien aurait même résolu de se déplacer sur le lieu du conflit, commandant aux meilleurs stratèges de lui construire des machines de siège adaptées à la stratégie mise en place.

    1. Denier d’Hadrien, avers : IMP CAESAR TRAIAN HADRIANVS AVG. Buste lauréat à droite.
    Revers : PM TR P COS III Salus assis à gauche, tenant la patère, nourrissant un serpent. © Collection particulière Marc Truschel.

    2. Pièce de monnaie probablement datée de la 3e année de la révolte de Bar Kokhba (135/5). Sur l’avers la façade du Temple de Jérusalem (l’arche de l’alliance est visible à l’intérieur).
    Sur le revers, le loulav (faisceau de brindilles) et l’etrog (un agrume), ainsi qu’une inscription en paléo-hébreu : « Pour la liberté de Jérusalem». © DR.

    Bar Kokhba
    Bar Kokhba, "proclamé Messie" Temple-1


     Le camp juif était dirigé par un certain Bar Kokhba. Il eut une grande influence sur son peuple, au point que plusieurs, et non des moindres, le reconnurent comme le messie annoncé dans les textes bibliques. Il fut même crédité de miracles et d’autres manifestations extraordinaires qui frappèrent d’autant le peuple acquis à sa cause. Le nouveau prince d’Israël qui suivait avec grande attention les efforts de ses généraux leur écrivait sans cesse sur tous les sujets. Il s’agissait de ne pas perdre la flamme de cette guerre de libération. Un des axes majeurs du nouvel État, que le nouveau chef juif aussi appelé Shimon, prince d’Israël recréait, portait sur l’instauration d’un système économique fiable capable de suppléer aux entraves de la guerre. Il s’agissait d’avoir les moyens nécessaires pour tenir contre le siège entrepris par Rome.

    Image ci-contre :

     Avers : une inscription hébraïque, feuille de vigne,
    “Pour la liberté de Jérusalem”

    Revers : un palmier avec 7 palmes et des fruits. “Shimon prince d’Israël”. Collection particulière © Marc Truschel.

    En effet, la stratégie de reconquête de l’Empire romain fut de mener une guerre systématique progressant de citadelle en citadelle où s’étaient réfugiés les combattants juifs. Finalement les Romains reprenaient le schéma déjà connu de la première guerre conduisant les légions jusqu’au cœur du système, la cité de Jérusalem. Or ici le dernier siège entrepris fut celui de la citadelle de Betar, où s’était réfugié le prince d’Israël. Le siège fut long, coûteux en hommes, mais la ville tomba et marqua la fin d’un conflit, d’un règne tyrannique, d’une persécution sanglante à l’égard des chrétiens restés fidèles au pouvoir central.


     Les combats avaient laissé un pays exsangue, 580 000 personnes réduites en esclavage, des milliers de morts et l’interdiction absolue pour les Juifs de séjourner à Jérusalem.
    Image ci-contre : un aureus d’Hadrien (117-138).
    Bar Kokhba, "proclamé Messie" Loua0qteop2a1


    Avers : IMP CAESAR TRAIAN HADRIANVS AVG. © D.R.

    Hadrien décida de fonder la nouvelle colonie Aelia Capitolina à l’emplacement de la ville sainte et d’y ériger un certain nombre de temples païens. Les armées romaines avaient particulièrement souffert de ces trois ans de guerre et pour la première fois, Hadrien ne s’adressait pas au Sénat avec la formule traditionnelle, “moi et les armées allons bien”. Le traumatisme était immense. C’est sur les ruines de cette province romaine que fut inventé un nouveau terme administratif pour la désigner. Elle s’appellerait désormais la province de Syrie-Palestine (Syria Palaestina).

    https://www.archeobiblion.fr/la-revolte-de-bar-kokhba-132-135-de-notre-ere/

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