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La Tour de Babel :: l'origine de l'empire mondial des religions

    Le nom de Dieu, une superstition juive ?

    Mikaël Malik
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    Message  Mikaël Malik Mar 16 Fév 2021 - 11:00

    Comme à son habitude, la société watch tower mêle le mensonge avec une partie de vérité, elle tente de faire croire que les juifs ne prononcent plus le nom de Dieu à cause d'une simple superstition, est-ce la vérité ou un mensonge ?

    Ce que dit la société ;

    Le troisième commandement
    Apparemment, au cours des Ier et IIe siècles, une superstition sur l’usage du nom divin s’est imposée parmi les Juifs. La Mishna (un recueil de commentaires rabbiniques qui a servi de base au Talmud) stipule que “ celui qui prononce le nom divin tel qu’il s’écrit ” n’a pas de part dans le paradis terrestre promis par Dieu.


    ( Je m'arrête ici, il s'agit déjà d'une supposition, "Apparemment", et d'une imprécision, "au cours des Ier et IIe siècles", avant ou après Jésus-Christ ?)


    D’où cette interdiction tirait-elle ses origines ? D’après certains, les Juifs jugeaient le nom de Dieu trop sacré pour être prononcé par des humains imparfaits. Ils en sont même arrivés à hésiter à l’écrire. Comme l’explique un ouvrage, cette crainte venait du fait qu’un document où figurait le nom de Dieu risquait de finir à la poubelle, ce qui profanerait le nom divin.


    (Encore des approximations, il n'y a rien de clair, "D’après certains", Qui ?, "les Juifs jugeaient le nom de Dieu trop sacré pour être prononcé par des humains imparfaits." lesquels ?, "Comme l’explique un ouvrage", lequel ?.


    Selon l’Encyclopaedia Judaica, “ le refus de prononcer le nom YHWH [...] provient d’une mauvaise compréhension du troisième commandement ”. Le troisième des Dix Commandements donnés par Dieu aux Israélites déclare : “ Tu ne dois pas prendre le nom de Jéhovah ton Dieu de manière indigne, car Jéhovah ne laissera pas impuni celui qui prendra son nom de manière indigne. ” (Exode 20:7). 


    (Cela est faux, l'usage fautif "Jéhova" n'existait pas avant les années 1200, c'est un moine catholique qui l'a inventé)


    Le décret de Dieu contre l’utilisation abusive de son nom a donc été tourné en superstition.


    (c'est encore un mensonge, la résolution de ne plus prononcer le nom n'avait rien à voir avec une superstition, le tribunal juif de l'époque s'était rendu compte que les païens le profanaient et se moquaient des juifs de leur dieu, c'est pour cette raison que la décision de ne plus le prononcer a été prise afin qu'il ne soit plus profané parmi les nations, ce qu'aucun prophète de l'époque n'a reproché ou remis en cause ou jugé indigne, même pas le Christ-Jésus)


    Il est évident qu’aujourd’hui personne ne prétend que Dieu ferait brûler au bûcher quiconque prononcerait son nom ! Toutefois, les superstitions juives à l’égard du nom divin subsistent encore. 


    (C'est encore un mensonge, les juifs ont le droit de prononcer le nom "Yahveh" dans deux cas précis)


    https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/102004042


    Depuis des siècles les juifs ne prononçaient pas le tétragramme et quand t-ils le lisaient, ils prononçaient Adonaï, Jésus l'a certainement lu de la même manière, la preuve en images

    Deutéronome 6 shema Israël lu lentement en hébreu




    Lecture mot à mot du psaume 91 en hébreu 
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    Message  Mikaël Malik Mar 16 Fév 2021 - 11:06

    Jésus a-t-il prononcé le nom divin, YHWH ?

    Il est d'usage en hébreu, de ne pas prononcer le nom divin, YHWH, par respect pour la divinité. Lorsqu'un hébraïsant rencontre le tétragramme (les quatre lettres : YHWH) dans la Bible, il le remplace automatiquement par le substantif Adonaï , qui signifie Seigneur . Cet usage est ancien et la prononciation courante (mais erronée) du nom divin Jéhovah (Yehovah) en est d'ailleurs issue. Les scribes du Moyen âge (fin Ve siècle Xe siècle) appelés Massorètes, qui ont ponctué le texte de la Bible hébraïque, ont simplement emprunté les voyelles d'Adonaï (a-o-a) pour compléter les consonnes du tétragramme, ce qui a donné YeHoVaH.

    Du temps de Jésus déjà, le tétragramme ne se prononce plus. Relatant la manifestation de Dieu à Moïse lors de l'épisode du buisson ardent, l'historien juif Flavius Josèphe, contemporain des apôtres, écrit (vers 94 apr. J.-C.) :
    Alors Dieu lui révèle son nom qui n'était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n'ai pas le droit de parler.
    Antiquités Judaïques, II, XII, 4, 276
    Flavius Josèphe, qui a connu le second Temple, était issu dune famille de prêtres. Il n'ignorait probablement pas la prononciation exacte du tétragramme qu'il se garde de révéler.

    De fait, plusieurs sources rabbiniques spécifient que même lors des bénédictions, il était interdit de prononcer le nom divin, du moins en Province, et que l'on devait utiliser une autre appellation, dont Adonaï , Seigneur , était la plus usitée (Mekhilta sur l'Exode, XX, 24 ; Sifré sur les Nombres, VI, 26). Lors de la Bénédiction sacerdotale, précise-t-on, on doit y prononcer le nom divin mais seulement dans le Temple, dans la maison des prêtres ; ailleurs on emploie une désignation (Sifré sur les Nombres, VI, 23). Même le grand prêtre, qui officiait dans le Temple et qui était pourtant autorisé à prononcer le Nom lors de certains sacrifices, ne le faisait alors plus qu'à voix basse de façon à ce qu'il soit inaudible :

    Jadis on le prononçait à voix haute, mais quand se multiplièrent les libertins, on le prononça à voix basse. Rabbi Tarphon disait : je me tenais parmi les prêtres, mes frères, à mon rang ; je tendais l'oreille vers le grand prêtre et je l'entendais avaler le nom au milieu des chants des prêtres.

    Jadis il était livré à tous, depuis que se multiplièrent les libertins, il ne fut livré qu'à ceux qui étaient dignes. Samuel, en passant, entendit un père maudire son fils par ce nom : il mourut et il dit : cet homme s'en est allé et quiconque a voulu entendre a entendu.

    Talmud de Jérusalem, Yoma, 40d[3].
    Daprès une autre tradition rabbinique, les prêtres du Temple cessèrent de le prononcer lors de la bénédiction sacerdotale à la mort de Simon le juste survenue vers 195 avant J.-C. (Talmud de Babylone, Yoma, 39b ; Tosephta, Sota, XIII, 8).

    Comment justifiait-on cet interdit ? On sappuyait sur plusieurs versets de la Torah dont la fameuse interdiction :

    Tu ne prononceras pas à tort (ou en vain ) le nom de Yahvé (Exode XX, 7).

    Mais aussi sur l'affirmation de Dieu figurant en Exode III, 15 où nous lisons dans nos traductions :
    C'est là mon nom à jamais , mais où les deux derniers mots pouvaient tout aussi bien vouloir dire : pour être caché .

    De plus, linterdiction de blasphémer, également consignée dans la Torah : Qui blasphème le nom de Yahvé devra mourir, toute la communauté le lapidera. Qu'il soit étranger ou citoyen, il mourra s'il blasphème le Nom (Lévitique XXIV, 16), faisait elle aussi l'objet de controverse. En effet, le verbe hébreu utilisé ici, NQB (nâqabh), blasphémer ou maudire , peut avoir le simple sens de désigner par le nom. On comprend dès lors comment des exégètes juifs scrupuleux ont pu considérer que le seul fait de prononcer le Nom divin pouvait être passible de mort.

    Ainsi donc, maudire ou insulter le Nom était passible de mort. Selon plusieurs rabbins, qui plus est, même celui qui, hormis au Temple de Jérusalem, ne faisait que le prononcer en ses lettres , c'est-à-dire complètement, ne devait pas être admis à ressusciter dans le royaume instauré par Dieu après le jugement dernier (Talmud de Babylone, Sanhédrin, 101b ; Talmud de Jérusalem, Pea, 16b). Mais au vu de la lecture possible de Lévitique XXIV, 16 que nous venons d'évoquer, une telle sévérité na pas de quoi surprendre. D'ailleurs, il ne faut pas oublier qu'il y a moins de 300 ans, dans le monde chrétien, les personnages de comédie n'étaient, eux non plus, pas autorisés à prononcer sur scène le mot Dieu et qu'on lui substituait alors celui de Ciel devenu synonyme.


       Quant au blasphème proprement dit, simple juron, on verra des personnes condamnées à la pendaison et être exécutées (Claude Poulain le 8 mars 1655, Pierre Bernier en août de la même année) pour avoir juré et blasphémé le Saint Nom de Dieu en jouant aux cartes .



    Dans le Nouveau Testament, le Tétragramme est absent. Chaque fois qu'on y rencontre une citation de l'Ancien Testament où il est présent, YHWH est systématiquement remplacé par Kurios, l'équivalent grec d'Adonaï, c'est-à-dire Seigneur .

    Aucun manuscrit (grec) du Nouveau Testament, même parmi les plus anciens (iie siècle) ne contient le Tétragramme. Le Nom divin, y compris dans les citations de l'Ancien Testament qu'on rencontre, est toujours rendu par Kurios.

    Dans la Septante, traduction, en grec, de la Bible hébraïque, effectuée par des Juifs d'Alexandrie à partir du milieu du iiie siècle avant notre ère, le tétragramme est également rendu par Kurios. Toutefois, sur certains fragments de la Septante remontant au ier siècle av. ou apr. J.-C. (papyrus Fouad 266), le tétragramme a été conservé tel quel lors de la traduction : il continue d'y figurer, dans le texte grec, en caractères hébreux archaïques. Il appert que, dans ce cas précis, les scribes-traducteurs ont préféré ne pas y toucher. Sans doute le considéraient-il comme trop sacré pour être retranscrit en grec (translittéré), traduit, ou pour lui substituer une autre appellation (Kurios).

    Une autre raison a pu motiver ce choix. Les rabbins de Palestine, très conservateurs, n'acceptaient alors la Torah qu'en hébreu et refusaient les traductions. La version grecque des Septante n'était donc guère appréciée en Israël, ainsi que nous le disent d'ailleurs diverses sources rabbiniques. Mais les rabbins éprouvaient du respect pour tout support de texte où figurait le Nom divin en lettres hébraïques. Conserver le tétragramme dans la traduction grecque de l'Ancien Testament pouvait ainsi être une façon efficace, sinon de faire admettre cette traduction aux Juifs réticents, du moins de permettre aux manuscrits ainsi marqués d'échapper à la destruction. On avait, de façon plus générale, tenté d'entourer cette traduction grecque de mystère. Les promoteurs de la Septante prétendaient en effet quelle était divinement inspirée : elle avait, disait-on, été réalisée en 70 jours par 70 (ou 72 selon les versions) scribes travaillant séparément et qui seraient arrivés à 70 traductions parfaitement identiques (d'où son nom de Septante )... Cette légende, qui allait toujours s'amplifiant, rencontra un franc succès dans les milieux chrétiens et l'on sait qu'une bonne partie des citations de l'Ancien Testament, présentes dans le Nouveau, ont été faites d'après cette traduction.

    Sur le papyrus Fouad 266 (fragments conservés au Caire), on notera que le tétragramme ne figure pas en hébreu carré mais, comme nous lavons dit, en hébreu archaïque. C'est également en caractères archaïques que le Nom était inscrit sur le pétalon, la lame d'or que le grand prêtre arborait sur le front. Ces caractères étaient appelés lettres saintes (Lettre d'Aristée, VII, 98) et considérés comme sacrés, contrairement à l'hébreu carré (emprunté à l'araméen) déjà utilisé du temps de Jésus et encore aujourd'hui en Israël. Dans un Commentaire sur les Psaumes, Origène nous apprend que de son temps (vers 240 apr. J.-C.), le texte hébreu de l'Ancien Testament (alors rédigé en hébreu carré, comme aujourd'hui) conservait l'écriture archaïque pour le tétragramme. Il va de soi que le Nom sacré en caractères archaïques, pas plus que le tétragramme plus récent en hébreu carré, n'était prononcé, si ce n'est par le grand prêtre lors des grandes solennités. On lui substituait toujours Adonaï et quelquefois ... (en particulier quand Adonaï était déjà présent dans le texte sacré, afin d'éviter une répétition), ou Kurios lorsque tout le texte était en grec. Cela ressort aussi bien de la littérature juive que des manuscrits grecs les plus anciens du Nouveau Testament ainsi que de tous les autres manuscrits de la Septante qui rendent systématiquement le tétragramme par Kurios, Seigneur .

    A la question initiale :
    Jésus a-t-il prononcé le nom divin ?
    la réponse ne laisse donc guère de place au doute, aucun élément ne permettant en effet de répondre par l'affirmative.
    Cette question revient, en fait, à se demander si Jésus aurait été capable de manquer de respect à la divinité, voire d'être grossier.

    Or, même si Jésus s'oppose souvent aux pharisiens, on remarque qu'il respecte la plupart des usages de son temps et qu'il n'y déroge jamais, dans les évangiles, sans une raison valable clairement formulée. Il porte, comme tous les Juifs pieux (Matthieu XXIII, 15), des franges à ses vêtements (Matthieu IX, 20 ; XIV, 36 ; Marc VI, 56 ; Luc VIII, 44), se lave les mains avant chaque repas (même s'il n'impose pas cet usage à ses disciples : Matthieu XV, 2 ; Marc VII, 2-5), se montre favorable aux coutumes traditionnelles d'accueil comme le lavage des pieds ou l'onction d'huile parfumée (Luc VII, 44, 46 ; Jean XIII, 5) et va même jusqu'à déclarer, au dire de Matthieu :

    Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les Pharisiens :

    faites donc et observez tout ce qu'ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font pas. (Matthieu XXIII, 2, 3).

    À côté de cela, et contrairement aux pharisiens, il ne jeûne pas et a sa propre interprétation de la Loi mosaïque. Mais prononcer le nom divin n'aurait alors pas seulement été inconvenant pour les pharisiens, mais pour tous ses compatriotes.

    Lorsque Jésus ou les auteurs sacrés citent des passages de l'Ancien Testament où figure le Tétragramme, le texte grec du Nouveau Testament porte systématiquement Kurios Seigneur , équivalent d'Adonaï : Matthieu IV, 7 ; 10 ; V, 33 ; XXI, 42 ; XXII, 37 ; etc. Il y a donc tout lieu de penser, comme nous lavons dit, que Jésus, à l'instar de ses contemporains, se conformait à l'usage et, aussi bien par respect du Nom que pour ne pas choquer inutilement ses auditeurs, qu'il ne prononçait pas le Tétragramme mais utilisait d'autres appellations (Adonaï le plus souvent).

    On observera d'ailleurs, aussi bien dans les évangiles que lors des polémiques ultérieures entre Juifs et chrétiens, que les adversaires du christianisme n'ont jamais reproché ni à Jésus, ni aux premiers chrétiens, d'avoir utilisé et prononcé le Nom divin. Le cas échéant, ils ne sen seraient certainement pas privés car les chrétiens étaient considérés comme des hérétiques.


    Or prononcer le Nom passait alors pour un manque total de respect envers Dieu. Ce genre d'accusation ne viendra que beaucoup plus tard mais à d'autres fins : on prétendra que Jésus ne faisait des miracles que par le pouvoir du nom divin dont il aurait été l'un des rares à connaître la prononciation exacte. Cela montre bien l'oubli total dans lequel celle-ci est assez rapidement tombée. En effet, la prononciation du Nom n'était déjà plus connue après 70 apr. J.-C. (destruction du Temple de Jérusalem) que de quelques privilégiés qui en gardaient jalousement le secret. Ce fait est illustré par plusieurs anecdotes rapportées dans le Talmud :

       Rabbi Inioné ben Soussié se rendit auprès de Rabbi Hanina à Cippori et lui dit :
       viens et je te livrerai le nom ineffable. Sur ce, le fils de Rabbi Hanina alla se cacher sous le lit de son père pour écouter ; mais en éternuant, il révéla sa présence.
       Quoi, sécria le premier, est-ce votre habitude dagir ainsi avec ruse ?
       Va donc, je ne te révèlerai rien, ni à toi, ni à dautres. Un médecin se trouvant à Cippori offrit de révéler le nom ineffable à Rabbi Pinhas ben Hama, qui refusa ; et pourquoi demanda le premier ?
       Cest que je mange de la dîme qui mest donnée de côté et dautre ; et si jétais initié à la connaissance du nom divin, je ne pourrais plus rien manger de ce qui provient des hommes.
       Talmud de Jérusalem, Yoma, III,


    Nous ne sommes pas sans savoir, aussi bien chez Matthieu (VI, 9) que chez Luc (XI, 2), que la prière instituée par Jésus s'ouvre sur une demande bien précise :
    Notre Père qui est au cieux, que ton Nom soit sanctifié .

    Cette sanctification du nom divin semblait donc être de première importance pour Jésus comme pour ses auditeurs. Mais qu'entendait-il par là ?

    Rien de plus que ce que pouvaient comprendre ses contemporains : que le nom de Dieu soit tenu pour saint et donc vénéré, respecté.

    On remarque justement que Jésus ne le prononce pas et qu'il est même carrément absent de sa prière.

    À la demande de ses disciples qui veulent savoir comment prier, Jésus répond donc très clairement :
    Le nom de Dieu est Saint, adressez-vous à lui en disant Notre Père . Notre Père est donc ce nouveau Nom par lequel il doit être invoqué.

    Cet enseignement trouvait déjà alors en partie son appui dans les Écritures, le prophète Isaïe s'étant exclamé :
    Pourtant tu es notre père. Si Abraham ne nous a pas reconnus, si Israël ne se souvient plus de nous, toi, Yahvé, tu es notre père, notre rédempteur, tel est ton nom depuis toujours. (Isaïe LXIII, 16). Nous y reviendrons.

    On retrouve par ailleurs dans le Notre Père, plusieurs formules ou expressions présentes dans le Qadish. Du temps de Jésus (et encore aujourdhui), le Qadish, encore appelé prière de la sanctification du Nom du Seigneur (une des principales du judaïsme) était récitée par tous les Juifs pieux :

       Que son grand Nom soit magnifié et sanctifié
       dans le monde quil a créé selon sa volonté !
       Et que règne son règne,
       Et que germe sa délivrance []
       Que son grand Nom soit béni pour toujours
       Et pour les siècles des siècles !
       Que soit béni, et que soit célébré,
       Et que soit glorifié, et que soit rehaussé,
       Et que soit élevé, et que soit honoré,
       Et que soit exalté, et que soit loué
       Le Nom du Saint, Béni soit-Il


    La formule célèbre Que ton Nom soit sanctifié présente dans le Qadish comme dans le Notre Père na jamais voulu dire qu'il devait être prononcé.

    Au contraire. On connaissait plusieurs façons de sanctifier le Nom divin comme de le profaner :
    Il ne frappa Pharaon et les Égyptiens des dix plaies que parce qu'ils ne sanctifiaient pas son Nom , lit-on dans un vieil écrit rabbinique (Sifré sur le Deutéronome, 132b).

    Sanctifier le Nom revenait à le considérer comme Saint, le respecter, l'honorer, le glorifier.
    Les Égyptiens, en effet, qui ne connaissaient ou ne reconnaissaient pas YHWH, ne sanctifiaient pas son Nom. A contrario, faire de bonnes actions était une façon de sanctifier le Nom (Talmud de Jérusalem, Baba Metsia, 8c). Il fallait être intègre afin que les païens en arrivent eux aussi, par le biais de ce témoignage, à la connaissance et au respect du vrai Dieu.

    Mourir pour le Nom, en allant jusqu'au martyre, restait la sanctification suprême (Sifra sur le Lévitique, XVIII, 86a ; XXII, 99d), et les trois amis de Daniel demeurés fidèles à Dieu et ayant survécu à la fournaise étaient alors donnés en exemple (Daniel III, 8-30).

    On profanait le Nom de Dieu en l'insultant ou en le maudissant, ou en commettant un acte d'idolâtrie, en se parjurant ou en violant la Loi d'une façon ou dune autre. Le prononcer revenait également à le profaner.
    C'était aussi courir le risque qu'il tombe dans des oreilles païennes ou irréligieuses et qu'il soit ensuite outragé. Mal prononcer le Nom, le déformer ou l'écorcher n'était en tout cas sûrement pas la meilleure façon de lui faire honneur.

    J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu as tirés du monde pour me les donner [] Je leur ai fait connaître ton nom et je leur ferai connaître encore, afin que l'amour dont tu mas aimé soit en eux.

    Jean XVII, 6, 26.
    Ces paroles de Jésus font partie intégrante dune prière que Jésus adresse à son Père (Jean XVII, 1-26).
    On remarque encore une fois que le nom divin ny figure pas une seule fois, ni même Kurios qui aurait accessoirement pu être mis à sa place.

    Dès lors, quel est donc ce nom manifesté par Jésus à ses disciples ?
    Il est formulé en toutes lettres à 6 reprises dans cette belle prière : il s'agit de Pater , c'est-à-dire Père (Jean XVII, 1, 5, 11, 21, 24 , 25).
    Jésus dit aussi : Père saint, garde-les en ton nom que tu mas donné, pour qu'ils soient un comme nous sommes un.
    Lorsque j'étais avec eux, je les gardais en ton nom que tu mas donné (Jean XVII, 11, 12).
    Et encore, à un autre moment : Père, glorifie ton nom (Jean XII, 28). Le nom de Dieu que Jésus a fait connaître c'est donc celui de Père , Abba en araméen (Marc XIV, 36), et non le tétragramme qui, lui, était connu depuis le temps de Moïse, et c'est bien également notamment au nom du Père (et non de Yahvé) que l'on doit procéder au baptême (Matthieu XXVIII, 15).


    Le vrai nom de Dieu est ainsi clairement révélé par Jésus qui l'emploie à de nombreuses reprises. Cependant, la formule : Je leur ai fait connaître ton nom a une signification plus profonde que le seul sens littéral. Il s'agit en fait d'un sémitisme (façon de parler propre aux langues sémites dont l'hébreu et l'araméen font partie) que l'on pourrait aussi bien rendre par : Je leur ai fait connaître qui tu es (ou étais) vraiment , c'est-à-dire Notre Père céleste , un Dieu d'Amour , etc.

    En hébreu en effet, l'expression mon nom , ton nom , son nom est fréquemment mise pour : moi , toi , lui (Deutéronome XIV, 23 ; II Samuel XXII, 50 ; I Rois VIII, 41, 44, 48 ; Isaïe LXIV, 1 ; Jérémie XXIII, 27 ; Malachie I, 6)[8].

    En fait, Dieu n'est appelé qu'une quinzaine de fois Père dans l'Ancien Testament et une seule fois dans les nombreux manuscrits retrouvés à Qumrân. Cette désignation est donc plutôt rare. Par surcroît, la paternité quelle suggère n'est jamais personnelle, individuelle. Elle a un sens collectif : elle concerne Israël en tant que peuple.

    Dans les Évangiles, au contraire, Jésus ne s'adresse jamais à Dieu autrement (hormis lorsqu'il est sur la croix) et le nom de Père est mis sur ses lèvres quelque 170 fois. Rien de semblable dans les prières juives de l'époque. Abba en hébreu, c'est tout simplement papa , mot familier et affectueux donc.

    En araméen, la langue usuelle de Jésus, Abba a un sens plus large : papa , père , mais aussi Père [par excellence] . En faisant connaître aux disciples ce nom si cher à ses yeux, Abba, Jésus les introduit dans un rapport d'intimité avec Dieu, qui est exactement celui d'un enfant avec son père, ainsi que l'apôtre Paul le soulignera (Romains, VIII, 15 ; Galates IV, 6).

    En Actes II, 21, Pierre qui s'adresse à la foule, achève son discours par ce verset du prophète Joël : Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (Joël III, 5). A la place du tétragramme présent chez Joël dans le texte hébreu et prononcé Adonaï, on a ici Kurios (traduit par Seigneur ) comme dans les Septante.

    Pierre ne prononce pas ici le nom du Seigneur , il n'articule pas le tétragramme, mais conformément à l'usage le remplace par Adonaï (Kurios). C'est pourquoi aucun des nombreux Juifs pieux (Actes II, 5) auxquels il s'adresse n'est choqué par son discours. Ce n'est pas le but. Tout au contraire, de nombreuses personnes sont alors touchées par ses paroles et se convertissent alors à la nouvelle religion.
    On peut d'ailleurs légitimement se demander quel est alors ce fameux nom du Seigneur qui doit être invoqué pour être sauvé ?
    Est-ce comme autrefois Yahvé ?
    Ou encore Adonaï ? Ou Kurios ?

    Pour le savoir, il suffit de lire la suite du Livre des Actes :
    - Sachez-le bien, vous tous, ainsi que tout le peuple d'Israël : c'est par le nom de Jésus-Christ le Nazôréen, celui que vous, vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité des morts, c'est par son nom et par nul autre que cet homme se présente guéri devant vous.
    C'est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d'angle.Car il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés.
    Actes IV, 10-12.

    Et il est ici avec pleins pouvoirs des grands prêtres pour enchaîner tous ceux qui invoquent ton nom (Jésus). Mais le Seigneur (Jésus) lui dit ( à propos de Paul) : "Va, car cet homme m'est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites [] Tous ceux qui l'entendaient étaient stupéfaits et disaient : "N'est-ce pas là celui qui, à Jérusalem, s'acharnait sur ceux qui invoquent ce nom, et n'est-il pas venu ici tout exprès pour les amener enchaînés aux grands prêtres ?"

    Actes IX, 14, 15, 21.
    C'est de lui (Jésus) que tous les prophètes rendent ce témoignage que quiconque croit en lui recevra, par son nom, la rémission de ses péchés.

    Actes X, 43.
    Pourquoi tarder encore ? Allons ! Reçois le baptême et purifie-toi de tes péchés en invoquant son nom (Jésus).

    Actes XXII, 16.
    De nombreux passages pourraient encore être invoqués en ce sens : Actes II, 36 ; XVI, 30, 31 ; Romains X, 9-13 ; Philippiens II, 9-11 ; Hébreux I, 4 ; I Corinthiens I, 2

    Voyons dailleurs dans quel contexte la même citation du prophète Joël est faite par lapôtre Paul dans lEpître aux Romains :
    En effet, si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car la foi du cur obtient la justice, et la confession des lèvres, le salut. L'Écriture ne dit-elle pas : Quiconque croit en lui ne sera pas confondu ?
    Aussi bien n'y a-t-il pas de distinction entre Juif et Grec : tous ont le même Seigneur riche envers tous ceux qui l'invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
    Romains X, 9-13.

    Voyons également cette ouverture de la Première Epître aux Corinthiens :
    A l'Église de Dieu établie à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus, appelés à être saints avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de Jésus Christ, notre Seigneur, le leur et le nôtre.
    I Corinthiens I, 2.

    Il ressort donc de cette étude que, tant par respect pour la divinité que pour leurs contemporains, les premiers chrétiens, pas plus que leur Maître, n'ont prononcé le nom divin, à savoir Yahvé, le Tétragramme.

    Conformément à l'usage du temps, ils lui ont tout naturellement et systématiquement substitué Adonaï en hébreu et Kurios en grec, deux noms qui signifient également Seigneur . Jésus, de son côté, a fait connaître à ses disciples le nouveau nom sous lequel Dieu devait être invoqué, à savoir Père , et a ainsi établi un rapport de filiation entre celui-ci et tous les croyants.

    Mais Jésus lui-même est appelé Seigneur (Kurios) dans tout le Nouveau Testament. Il est en effet reconnu, depuis sa résurrection, comme étant à la fois Christ (Christos) et Seigneur (Kurios).

    Plusieurs passages où il est question de Yahvé dans l'Ancien Testament et où les premiers chrétiens lisaient Adonaï ou Kurios, c'est-à-dire Seigneur , vont donc à présent être attribués à Jésus, le Fils de Dieu appelé Père , reconnu à son tour comme le seul Seigneur (I Corinthiens VIII, 6 ; Ephésiens IV, 5).

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