Standfasters
Les Standfasters, aussi appelés les Fermes Étudiants de la Bible (en anglais: Stand Fast Bible Students Association), constituent un groupe américain issu des Étudiants de la Bible et qui se désolidarisa de la Watch Tower en décembre 1918.
Ce schisme fut le résultat des compromis auxquels consentirent Joseph Rutherford et ses associés en matière de neutralité, ce qui avait choqué les fidèles qui fondèrent ce groupe.
La façon dont la littérature jéhoviste considèrent ces dissidents indique clairement que la Société Watch Tower tient un double langage et exige la fidélité envers elle-même, et non envers ce qu'elle appelle la "Vérité".
Compromis de la Watch Tower
À l'époque de Russell, la Société Watch Tower était opposée à la guerre, et les fidèles préféraient subir des persécutions et l'emprisonnement plutôt que de participer à l'effort de guerre. Durant l'été 1917, l'organisation lança, principalement au Royaume-Uni et en Amérique du Nord, une campagne de dénonciation de l'immixtion du clergé dans la guerre, notamment par la distribution du livre Le mystère accompli, http://www.tj-encyclopedie.org/Le_Myst%C3%A8re_Accompli qui fut interdit au Canada en janvier 1918.
Toutefois, durant l'été de la même année, les sept dirigeants de la Société Watch Tower furent emprisonnés et considérés comme des agents d'espionnage.
De ce fait, l'équipe dirigeante de la Watch Tower se montra beaucoup plus conciliante et publia en avance deux Tour de Garde — celles du 15 mai et du 1er juin 1918 — dans lesquels le point de vue de la Watch Tower sur l'immixtion politique des fidèles était totalement inédite:
- En effet, le numéro du 15 mai montrait que la Watch Tower serait prête à mettre le Tabernacle de Brooklyn à disposition pour un discours sur l'achat des bons liberté du gouvernement, pourvu que cette réunion n'ait pas lieu le dimanche, jour du culte. Il était dit ensuite que ce n'était pas grave d'acheter ces bons servant à financer la guerre, que certains l'avaient déjà fait et que ceux qui s'en étaient abstenus n'avaient pas pu les acheter car leur allocation mensuelle de 15 dollars ne le leur permettait pas; ainsi, le fait de croire que la Société refusait d'acheter des bons aurait été un malentendu. Les Étudiants de la Bible des États-Unis devaient soutenir leur pays en fournissant leur assistance volontairement.
- "Véritable hymne patriotique en l'honneur de l'État fédéral", le numéro du 1er juin, quant à lui, encourageait les Étudiants de la Bible à soutenir la Journée nationale de prière du 30 mai pour la victoire des alliés dans la guerre qui avait été promulguée par le Congrès américain.
- Dans le périodique, Dieu était alors montré comme ayant désiré la naissance des États-Unis et veillé à sa croissance. Il était précisé que, même si cela paraissait incohérent, un chrétien pouvait changer d'avis sur sur des questions de neutralité, car tous les principes ne sont pas capitaux.
- L'article présentait les choses ainsi: "Un chrétien, ne voulant pas tuer, a peut-être été consciencieusement incapable d'acheter des bons de l'État; plus tard, il considère les grandes bénédictions qu'il a reçues grâce à son gouvernement, et se rend compte que la nation est en difficulté et confrontée à des dangers pour sa liberté, et il se sent lui-même consciemment en mesure de prêter de l'argent pour le pays, tout comme il prêterait à un ami en détresse. Le chrétien le plus large d'esprit est celui qui est le mieux informé des Écritures".
Vers la même période, le New York Times du 29 avril 1918 et le Brooklyn Daily Eagle avaient relayé cette information.
L'historien Bernard Blandre explique les motivations ayant amené de tels compromis. À propos des deux Tour de Garde ayant poussé certains Étudiants de la Bible au schisme, il estime que leur contenu "était loin du discours habituel de Russell et Rutherford selon lesquels les pouvoirs sataniques était manipulés par Satan!". Il ajoute: "Il n'est pas contestable qu'en publiant ce texte, les responsables des Étudiants de la Bible en liberté essayaient de se donner un aspect modéré et patriotique en vue d'obtenir la libération des prisonniers". Pour lui, "les motivations des auteurs étaient probablement tactiques", bien qu'il n'exclut pas non plus l'idée que les rédacteurs de ces articles aient pu être "d'une nature moins intransigeante que l'équipe de provocateurs alors sous les verrous".