Le kharidjisme
Le kharidjisme ou kharidjisme est avec le sunnisme et le chiisme l'une des trois principales branches de l'islam. Il se divise à son tour en diverses communautés et tendances.
Cette branche est née du refus de l'arbitrage entre Ali et Mu`âwîya à l'issue de la bataille de Siffin qui les avaient opposés en 657. Cette bataille entre musulmans avait été meurtrière et Ali accepta l'idée d'un arbitrage pour arrêter le bain de sang. En principe partisans d'Ali, les kharidjites (arabe : خارجيّ [ḫārijīy], extérieur; étranger) se sont retirés et ont condamné les deux camps. Ils ont reproché à Ali de s'être soumis à un arbitrage car « L'arbitrage n'appartient qu'à Dieu ». Cette formule vaut un autre nom au kharidjisme celui de la muhakkima (arabe : محكّمة [muḥakkima]) ce qui désigne la communauté de ceux qui prononcent la formule « L'arbitrage n'appartient qu'à Dieu ». Selon eux, une fois accepté par Dieu, le calife n'avait pas le droit de se laisser remettre en question par des humains. Ils se basent sur ce verset du Coran :
Si deux partis de croyants se combattent
rétablissez la paix entre eux
Si l'un se rebelle encore contre l'autre,
Luttez contre celui qui se rebelle
Jusqu'à ce qu'il s'incline devant l'ordre de Dieu.
Le Coran (XLIX ; 8)
Le clan rebelle était, du point de vue kharidjite, celui de Mu`âwîya qui aurait dû s'incliner devant Ali.
Alors que son intention était de se diriger vers la Syrie pour combattre de nouveau Mu`âwîya, Ali dut combattre les kharidjites à Nahrawân (arabe : النهروان [an-nahrawān]) près de la ville de Bagdad actuelle en 658. Les kharidjites furent mis en déroute, et beaucoup furent tués, mais après cette victoire son armée refusa de repartir au combat contre Mu`âwîya. Ali retourna à Koufa.
Trois ans plus tard des kharidjites organisèrent le triple meurtre des protagonistes de cet arbitrage. Mu`âwîya à Damas, Ali à Koufa et l'arbitre du conflit `Amrû en Égypte devaient être assassinés le même jour. Ali est mort de ses blessures, Mu`âwîya fut blessé et survécut et `Amrû échappa complètement à l'attentat (661).
La doctrine
Le kharidjisme est une pratique puritaine de l’islam, à la morale rigoriste, condamnant tout luxe. La foi n’a de valeur que si elle est justifiée par les œuvres.
Les Califes doivent mener une vie exemplaire et doivent être choisis par voie élective parmi les meilleurs musulmans sans distinction de race et de tribu. Ils se divisent sur le problème de la foi et de l’attitude à adopter à l’égard des autres musulmans ; les azraqites sont des extrémistes pratiquant le terrorisme et n’admettent pas la dissimulation de la foi ; les najadat, moins durs à l’égard des attentistes, sont partisans de la prise du pouvoir par les armes ; les sufrites condamnent le meurtre politique et admettent la dissimulation de la foi par prudence ; les ibadites, intransigeants dans les domaines politique et moral, se montrent plus souples à l’égard des autres musulmans.
Pour le kharidjisme, tous les hommes sont égaux, et les privilèges de l'aristocratie quraychite, accentués sous le règne de la dynastie omeyyade, sont condamnés. Certains kharidjites font du djihâd un sixième pilier de l'islam.
La tendance la plus radicale, les Azraqites, considérait tous les autres musulmans comme des incroyants (مُشْرِك [mušrik], associateur; polythéiste) et fut développée en Perse vers 685 par Nâfi` ben al-Azraq (نافع بن الازرق [nāfi` ben al-azraq]). Les kharidjites azraqites préconisaient et appliquaient un véritable terrorisme fanatique. Ils utilisaient des pratiques particulières :
L'examen probatoire (امتحان [imtiḥān], examen; épreuve) consistait à exiger de tout néophyte kharidjite, comme gage de sa sincérité, d'égorger un adversaire prisonnier, se référant au fait que le prophète avait demandé à `Ali de couper la tête de prisonniers mecquois.
Le meurtre religieux (استعراض [isti`rāḍ], démonstration), qui autorisait la mise à mort des hommes mais aussi des femmes et des enfants, fussent-ils impubères, de ces derniers.
Ils considéraient le territoire occupé par les autres musulmans comme un territoire d'infidélité (دار الكفر [dār al-kufr], territoire de l'incroyance) où il était licite de s'attaquer aux personnes et aux biens, mais c'est un territoire dont on doit s'exiler comme le prophète Muhammad s'était exilé de La Mecque pour échapper aux infidèles. Accuser ainsi les autres musulmans d'être infidèles c'est pratiquer le takfîr.
Une tendance moins brutale, les Sufrites, vivant en milieu hostile au kharidjisme, fut développée par Ziyâd ben al-Asfar (زياد بن الأصفر [ziyād ben al-aṣfar]). Cette tendance condamne le meurtre politique, admet la dissimulation de la foi (taqîya) par prudence et rejette le massacre des enfants des infidèles. Ils considèrent que la sourate XII (Joseph) ne fait pas réellement partie du Coran.
Une troisième tendance, l’ibadisme s'est beaucoup plus développée que les deux précédentes et existe encore actuellement en plusieurs variantes régionales. Fondée par `Abd Allah ben Ibâd ( عبد الله بن إباض [`abd allah ben ibāḍ]), elle garde un caractère d'intransigeance politique et de rigorisme moral. Cependant les Ibadites se montrent beaucoup plus souples dans les relations avec les autres musulmans. Par exemple il leur est interdit de les attaquer par surprise sans les avoir invités à se rallier.
La branche fondée par Chabib ben Yazîd al-Harûrî ( شبيب بن يزيد الحروري[šabib ben yazīd al-ḥarūrī]) soutenait qu'il était légitime de confier l'imamat à une femme si cette dernière était capable de remplir les tâches reliées à ce rôle. Son épouse Ghazala al-Harûrîya (غزالة الحرورية [ġazāla al- ḥarūrīa]) ( ?-697) commanda des troupes à l'instar de Juwayrîya (جويرية بنت أبي سفيان [juwayrīya bint abī sufyān]), la fille d'Abû Sufyân, lors de la bataille de Yarmouk. Lors d'un combat, elle aurait mis en fuite le fameux général omeyyade al-Hajjâj ben Yûsuf (الحَجّاج بن يوسف الثَّقَفي& amp;#1617; [al-ḥajjāj ben yūsuf ath-thaqafī]) (660-714).
Dans certains ouvrages les Ibadites sont appelés « kharidjites blancs » tandis que les Sufrites sont appelés « kharidjites jaunes » et les Azraqites « kharidjites bleus ». Les noms de « blancs » ou « jaunes » et « bleus » viennent sans doute du rapprochement entre le nom du fondateur des Ibâdites, `Abd Allah ben Ibâd et l'adjectif blanc (ابيض [abyaḍ]), du nom du fondateur des Sufrites, Ziyâd ben al-Asfar et l'adjectif jaune (أصفر [aṣfar]) et du nom du fondateur des Azraqites Nâfi`ben al-Azraq et de l'adjectif bleu (أزرق [azraq]).
Histoire
En 685 une première révolte fut acceptée par les Azraqites qui, après s'être séparé des Ibâdites restés dans la région de Bassora, allèrent dans le Fars. Il furent poursuivis par les armées du calife omeyyade `Abd al-Malik sous les ordres de l'émir al-Hajjaj. Leur nouveau chef fut tué et les Azraqites disparurent (699).
En 686 Une communauté Ibadite s'installa dans le Sultanat d'Oman et au Yémen.
En 695 éclatait une autre révolte kharidjite. La tradition sunnite se plaît à souligner, comme un nouvel exemple de la fureur sanguinaire des kharidjites, la sauvagerie avec laquelle furent massacrés, dans la mosquée de Kûfa, les musulmans. Toutes ces agitations kharidjites eurent pour conséquence d'affaiblir le califat omeyyade et de préparer le succès de ses adversaires Abbassides.
Dès les débuts de la conquête musulmane du Maghreb, les kharidjites avaient des représentants qui essayaient de se rallier les populations berbères. Les berbères habitués à un système communautaire et supportant mal la domination arabe, trouvaient dans le kharidjisme un cadre idéologique à leur révolte. Au moment de la chute des omeyyades de Syrie (750), l'Ouest de l'empire échappa au pouvoir central. L'Espagne revint aux émirs omeyyades de Cordoue et le Maghreb éclata en plusieurs états indépendants (de 745 à 755).
Une tribu Sufrite du Sud tunisien occupa Kairouan au prix de massacres sauvages (755). Ce fut un Ibadite, du Djebel Nefousa (à frontière Libye Tunisie actuelle), qui outré des excès commis par la secte rivale repris Kairouan aux Sufrite qu'il extermina. Il étendit son pouvoir sur la Tripolitaine et toute l'Ifriqiya. `Abd ar-Rahman ibn Rustem d'origine persane fut nommé gouverneur de Kairouan (juin 758). La région fut reprise par les gouverneurs abbassides d'Égypte en 761. Ibn Rustem put s'enfuir et alla fonder le royaume de Tahert (aujourd'hui Tagdempt, près de Tiaret, en Algérie) où ses fidèles le nommèrent imam (776 ou 778). Cet état rustémide survécut jusqu'en 909.
A la même époque un royaume Sufrite se constitua dans la région de Tlemcen (Ouest algérien). Les berbères Sufrites de la tribu des Meknâsa fondaient la ville de Sijilmassa sur le versant est de l'Atlas marocain.
En 771, Abû Qurra de la tribu Sufrite des Ifren de Tlemcen parvint à reprendre aux arabes toute l'Ifriqiya. En 778, Ibn Rustem sollicita un traité de paix avec le gouverneur abbasside de Kairouan. La situation resta à stable jusqu'à l'arrivée des chiites Fatimides (909).
De nos jours
Aujourd'hui encore il existe des communautés kharidjites, la plus connue étant celle des Mozabites, qui habitent les oasis du Mzab en Algérie et ceux de l'île de Djerba en Tunisie. Les Kharidjites sont aussi présents à Oman (sous le nom d'ibadites, majoritaires dans ce sultanat ; l'ibadisme est par ailleurs la confession de la dynastie régnante) et à Zanzibar.
La pratique du takfîr par certains groupes actuels se réclamant du salafisme, les fait appeler de façon polémique « néo-kharidjites » : eux-mêmes ne se considèrent pas comme kharidjites . Le groupe terroriste égyptien « Takfir wa'l-Hijra » (التكفير والهجرة [al-takfīr wa'l-hijra], l'excommunication et l'exil) a tué un ouléma modéré en 1977 en se basant sur ce principe.
Le kharidjisme ou kharidjisme est avec le sunnisme et le chiisme l'une des trois principales branches de l'islam. Il se divise à son tour en diverses communautés et tendances.
Cette branche est née du refus de l'arbitrage entre Ali et Mu`âwîya à l'issue de la bataille de Siffin qui les avaient opposés en 657. Cette bataille entre musulmans avait été meurtrière et Ali accepta l'idée d'un arbitrage pour arrêter le bain de sang. En principe partisans d'Ali, les kharidjites (arabe : خارجيّ [ḫārijīy], extérieur; étranger) se sont retirés et ont condamné les deux camps. Ils ont reproché à Ali de s'être soumis à un arbitrage car « L'arbitrage n'appartient qu'à Dieu ». Cette formule vaut un autre nom au kharidjisme celui de la muhakkima (arabe : محكّمة [muḥakkima]) ce qui désigne la communauté de ceux qui prononcent la formule « L'arbitrage n'appartient qu'à Dieu ». Selon eux, une fois accepté par Dieu, le calife n'avait pas le droit de se laisser remettre en question par des humains. Ils se basent sur ce verset du Coran :
Si deux partis de croyants se combattent
rétablissez la paix entre eux
Si l'un se rebelle encore contre l'autre,
Luttez contre celui qui se rebelle
Jusqu'à ce qu'il s'incline devant l'ordre de Dieu.
Le Coran (XLIX ; 8)
Le clan rebelle était, du point de vue kharidjite, celui de Mu`âwîya qui aurait dû s'incliner devant Ali.
Alors que son intention était de se diriger vers la Syrie pour combattre de nouveau Mu`âwîya, Ali dut combattre les kharidjites à Nahrawân (arabe : النهروان [an-nahrawān]) près de la ville de Bagdad actuelle en 658. Les kharidjites furent mis en déroute, et beaucoup furent tués, mais après cette victoire son armée refusa de repartir au combat contre Mu`âwîya. Ali retourna à Koufa.
Trois ans plus tard des kharidjites organisèrent le triple meurtre des protagonistes de cet arbitrage. Mu`âwîya à Damas, Ali à Koufa et l'arbitre du conflit `Amrû en Égypte devaient être assassinés le même jour. Ali est mort de ses blessures, Mu`âwîya fut blessé et survécut et `Amrû échappa complètement à l'attentat (661).
La doctrine
Le kharidjisme est une pratique puritaine de l’islam, à la morale rigoriste, condamnant tout luxe. La foi n’a de valeur que si elle est justifiée par les œuvres.
Les Califes doivent mener une vie exemplaire et doivent être choisis par voie élective parmi les meilleurs musulmans sans distinction de race et de tribu. Ils se divisent sur le problème de la foi et de l’attitude à adopter à l’égard des autres musulmans ; les azraqites sont des extrémistes pratiquant le terrorisme et n’admettent pas la dissimulation de la foi ; les najadat, moins durs à l’égard des attentistes, sont partisans de la prise du pouvoir par les armes ; les sufrites condamnent le meurtre politique et admettent la dissimulation de la foi par prudence ; les ibadites, intransigeants dans les domaines politique et moral, se montrent plus souples à l’égard des autres musulmans.
Pour le kharidjisme, tous les hommes sont égaux, et les privilèges de l'aristocratie quraychite, accentués sous le règne de la dynastie omeyyade, sont condamnés. Certains kharidjites font du djihâd un sixième pilier de l'islam.
La tendance la plus radicale, les Azraqites, considérait tous les autres musulmans comme des incroyants (مُشْرِك [mušrik], associateur; polythéiste) et fut développée en Perse vers 685 par Nâfi` ben al-Azraq (نافع بن الازرق [nāfi` ben al-azraq]). Les kharidjites azraqites préconisaient et appliquaient un véritable terrorisme fanatique. Ils utilisaient des pratiques particulières :
L'examen probatoire (امتحان [imtiḥān], examen; épreuve) consistait à exiger de tout néophyte kharidjite, comme gage de sa sincérité, d'égorger un adversaire prisonnier, se référant au fait que le prophète avait demandé à `Ali de couper la tête de prisonniers mecquois.
Le meurtre religieux (استعراض [isti`rāḍ], démonstration), qui autorisait la mise à mort des hommes mais aussi des femmes et des enfants, fussent-ils impubères, de ces derniers.
Ils considéraient le territoire occupé par les autres musulmans comme un territoire d'infidélité (دار الكفر [dār al-kufr], territoire de l'incroyance) où il était licite de s'attaquer aux personnes et aux biens, mais c'est un territoire dont on doit s'exiler comme le prophète Muhammad s'était exilé de La Mecque pour échapper aux infidèles. Accuser ainsi les autres musulmans d'être infidèles c'est pratiquer le takfîr.
Une tendance moins brutale, les Sufrites, vivant en milieu hostile au kharidjisme, fut développée par Ziyâd ben al-Asfar (زياد بن الأصفر [ziyād ben al-aṣfar]). Cette tendance condamne le meurtre politique, admet la dissimulation de la foi (taqîya) par prudence et rejette le massacre des enfants des infidèles. Ils considèrent que la sourate XII (Joseph) ne fait pas réellement partie du Coran.
Une troisième tendance, l’ibadisme s'est beaucoup plus développée que les deux précédentes et existe encore actuellement en plusieurs variantes régionales. Fondée par `Abd Allah ben Ibâd ( عبد الله بن إباض [`abd allah ben ibāḍ]), elle garde un caractère d'intransigeance politique et de rigorisme moral. Cependant les Ibadites se montrent beaucoup plus souples dans les relations avec les autres musulmans. Par exemple il leur est interdit de les attaquer par surprise sans les avoir invités à se rallier.
La branche fondée par Chabib ben Yazîd al-Harûrî ( شبيب بن يزيد الحروري[šabib ben yazīd al-ḥarūrī]) soutenait qu'il était légitime de confier l'imamat à une femme si cette dernière était capable de remplir les tâches reliées à ce rôle. Son épouse Ghazala al-Harûrîya (غزالة الحرورية [ġazāla al- ḥarūrīa]) ( ?-697) commanda des troupes à l'instar de Juwayrîya (جويرية بنت أبي سفيان [juwayrīya bint abī sufyān]), la fille d'Abû Sufyân, lors de la bataille de Yarmouk. Lors d'un combat, elle aurait mis en fuite le fameux général omeyyade al-Hajjâj ben Yûsuf (الحَجّاج بن يوسف الثَّقَفي& amp;#1617; [al-ḥajjāj ben yūsuf ath-thaqafī]) (660-714).
Dans certains ouvrages les Ibadites sont appelés « kharidjites blancs » tandis que les Sufrites sont appelés « kharidjites jaunes » et les Azraqites « kharidjites bleus ». Les noms de « blancs » ou « jaunes » et « bleus » viennent sans doute du rapprochement entre le nom du fondateur des Ibâdites, `Abd Allah ben Ibâd et l'adjectif blanc (ابيض [abyaḍ]), du nom du fondateur des Sufrites, Ziyâd ben al-Asfar et l'adjectif jaune (أصفر [aṣfar]) et du nom du fondateur des Azraqites Nâfi`ben al-Azraq et de l'adjectif bleu (أزرق [azraq]).
Histoire
En 685 une première révolte fut acceptée par les Azraqites qui, après s'être séparé des Ibâdites restés dans la région de Bassora, allèrent dans le Fars. Il furent poursuivis par les armées du calife omeyyade `Abd al-Malik sous les ordres de l'émir al-Hajjaj. Leur nouveau chef fut tué et les Azraqites disparurent (699).
En 686 Une communauté Ibadite s'installa dans le Sultanat d'Oman et au Yémen.
En 695 éclatait une autre révolte kharidjite. La tradition sunnite se plaît à souligner, comme un nouvel exemple de la fureur sanguinaire des kharidjites, la sauvagerie avec laquelle furent massacrés, dans la mosquée de Kûfa, les musulmans. Toutes ces agitations kharidjites eurent pour conséquence d'affaiblir le califat omeyyade et de préparer le succès de ses adversaires Abbassides.
Dès les débuts de la conquête musulmane du Maghreb, les kharidjites avaient des représentants qui essayaient de se rallier les populations berbères. Les berbères habitués à un système communautaire et supportant mal la domination arabe, trouvaient dans le kharidjisme un cadre idéologique à leur révolte. Au moment de la chute des omeyyades de Syrie (750), l'Ouest de l'empire échappa au pouvoir central. L'Espagne revint aux émirs omeyyades de Cordoue et le Maghreb éclata en plusieurs états indépendants (de 745 à 755).
Une tribu Sufrite du Sud tunisien occupa Kairouan au prix de massacres sauvages (755). Ce fut un Ibadite, du Djebel Nefousa (à frontière Libye Tunisie actuelle), qui outré des excès commis par la secte rivale repris Kairouan aux Sufrite qu'il extermina. Il étendit son pouvoir sur la Tripolitaine et toute l'Ifriqiya. `Abd ar-Rahman ibn Rustem d'origine persane fut nommé gouverneur de Kairouan (juin 758). La région fut reprise par les gouverneurs abbassides d'Égypte en 761. Ibn Rustem put s'enfuir et alla fonder le royaume de Tahert (aujourd'hui Tagdempt, près de Tiaret, en Algérie) où ses fidèles le nommèrent imam (776 ou 778). Cet état rustémide survécut jusqu'en 909.
A la même époque un royaume Sufrite se constitua dans la région de Tlemcen (Ouest algérien). Les berbères Sufrites de la tribu des Meknâsa fondaient la ville de Sijilmassa sur le versant est de l'Atlas marocain.
En 771, Abû Qurra de la tribu Sufrite des Ifren de Tlemcen parvint à reprendre aux arabes toute l'Ifriqiya. En 778, Ibn Rustem sollicita un traité de paix avec le gouverneur abbasside de Kairouan. La situation resta à stable jusqu'à l'arrivée des chiites Fatimides (909).
De nos jours
Aujourd'hui encore il existe des communautés kharidjites, la plus connue étant celle des Mozabites, qui habitent les oasis du Mzab en Algérie et ceux de l'île de Djerba en Tunisie. Les Kharidjites sont aussi présents à Oman (sous le nom d'ibadites, majoritaires dans ce sultanat ; l'ibadisme est par ailleurs la confession de la dynastie régnante) et à Zanzibar.
La pratique du takfîr par certains groupes actuels se réclamant du salafisme, les fait appeler de façon polémique « néo-kharidjites » : eux-mêmes ne se considèrent pas comme kharidjites . Le groupe terroriste égyptien « Takfir wa'l-Hijra » (التكفير والهجرة [al-takfīr wa'l-hijra], l'excommunication et l'exil) a tué un ouléma modéré en 1977 en se basant sur ce principe.